Ordures Qui Donnent Le Sourire Urban Attitude

Francisco de Pajaro, des ordures qui donnent le sourire

Sacs poubelles, matelas, squelettes de vélos, meubles abandonnés… tous ces objets destinés à la décharge laissent tout le monde indifférent… enfin presque. Dès qu’il voit des déchets Francisco de Pajaro dégaine son pinceau et en fait des personnages rigolos ou des scènes de vie déjantées éphémères.

Des déchets animés

Tout commence en 2009, Francisco de Pajaro expose à Barcelone. C’est un échec total ! Aucune œuvre vendue, il a le moral à zéro. Pourtant c’est lors de cette exposition que le déclic lui vient. Un photographe souhaite faire une vidéo sur lui. Pas de chance, il n’a aucun support sur lequel peindre dans l’atelier. Pas de problème, le photographe lui propose de peindre sur un vieux meuble…. Mais quelle bonne idée que voilà ! Depuis ce jour le moindre déchet est pour lui une source d’inspiration et un support idéal.

Art is trash (l’art est un déchet)… and cash ?

Aujourd’hui, Francisco peint sur tout ce qu’il croise. C’est un peu le Lucky Luke du street art. Pour peindre les poubelles, il faut être rapide. Sinon, c’est direction le poste de police. Francisco en a fait plusieurs fois l’expérience à Barcelone, où toute forme d’expression libre est interdite dans la rue depuis le début de la crise.
Pour lui déchets et œuvres d’art sont du même acabit. Son slogan : « Art is Trash » (l’art est un déchet). Il est en effet convaincu qu’on ne devrait pas donner autant d’importance à l’art. Comme il le concède dans un entretien avec rue 89, « Trouver une solution pour nourrir les pauvres vaut bien un millier d’œuvres d’art ».
Ce qui l’intéresse c’est de peindre librement à bas coût, « la valeur économique de l’œuvre ne l’intéresse pas ». Enfin Francisco n’est tout de même pas naïf. Il est en fait très bon en street marketing. Il ne peint pas qu’au hasard des rues mais également au hasard des galeries. Bien qu’il se revendique street artiste, c’est en peignant devant les galeries d’art qu’il se fait connaitre. Résultat : aujourd’hui il expose à Londres, à West Bank London Art, et son œuvre est maintenant commercialement reconnue.

L’art à la rescousse de la planète

Francisco de Pajaro n’est pas le premier à utiliser les déchets comme thème artistique.
En 2010, le très beau documentaire « Waste Land » suit le photographe Vik Muniz dans la plus grande décharge à ciel ouvert du monde, Jardim Gramacho à Rio de Janeiro. Le film s’intéresse aux « catadores », des milliers de travailleurs qui se jettent sur la cargaison de chaque camion poubelle pour y récupérer tout ce qui est recyclable. Vik Muniz réalise des portraits géants de ces travailleurs, faits de … déchets. Il les photographie et les vends aux enchères. L’argent est ensuite réinvesti pour les catadores.
Autre exemple, « Ta mer en tong, quand les océans débordent de nos déchets ». Exposition organisée par l’association Clean Art Planet , utilisant des déchets retrouvés dans les océans pour en faire des œuvres d’art belles mais troublantes.
Francisco de Pajaro et tous ces projets ont un point commun. Ils nous interpellent sur les excès de notre société de consommation et l’impact que nous avons sur la planète. Car les déchets de Francisco, une fois leur vie d’œuvre d’art éphémère passée, terminent parfois là : (voir photo)

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En tout cas, dans cette période parfois morose, Francisco nous montre qu’avec de la créativité, un regard décalé, de l’humour et du bagou, on peut semer des petites graines de bonheur avec un sujet pas toujours drôle et vivre de ce qu’on aime faire.
Pourvu que d’autres suivent ses pas et que l’art et la créativité incitent les populations et les instances politiques à agir vite et de manière humble pour redonner un peu d’éclat à notre jolie petite planète !