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Les villes sont-elles dangereuses pour les femmes ?

Plus d’un être humain sur deux vit en ville. Cette proportion devrait atteindre 68% en 2050 selon le PNUD, le programme des Nations unies pour le développement. Pourtant, toujours selon le PNUD, les grandes villes de la planète ne seraient pas adaptées aux femmes et aux filles. Pire, elles seraient un facteur d’aggravation des inégalités.

En ville, les femmes se sentent en insécurité

En ville plus qu’à la campagne, les déplacements sont nombreux et exposent les femmes à des risques de harcèlement ou d’agression. La marche ou les transports en commun, fréquemment utilisés dans les grandes métropoles, sont plus susceptibles d’exposer les femmes à la violence que le véhicule individuel qui a une place plus importante en milieu rural et dans les petites agglomérations.

La pauvreté et les inégalités accentuent bien souvent la criminalité et l’insécurité. Les dix grandes villes les plus dangereuses pour les femmes se situent toutes dans les pays du Sud, selon l’ONG Plan international qui a élaboré un classement à cet effet. Parmi les premières villes sur le « podium », on retrouve Bogota, Johannesburg, Delhi ou encore Lima.

Mais selon le rapport du PNUD, ce sentiment d’insécurité touche tout autant les femmes des pays développés que des pays les plus pauvres. Selon le rapport par exemple, 50,8 % des femmes et des filles Hawassa, en Éthiopie, ont subi des violences dans les transports publics, un chiffre qui monte jusqu’à 71 % au Royaume-Uni.

Un habitat qui précarise les femmes

Un autre facteur d’insécurité pour les femmes citadines selon le rapport du PNUD : l’habitat. 

Selon un rapport de l’OIT (Organisation internationale du travail) de 2018, dans le monde, moins d’une femme sur deux travaille. C’est 26 % de moins que les hommes. Même si dans nos sociétés occidentales une grande partie des femmes ont accès au marché du travail et à l’émancipation qui l’accompagne, nombreuses sont les femmes dans le monde qui sont encore assignées aux tâches domestiques et à l’éducation des enfants. 

La vie dans les grandes villes est souvent mieux adaptée aux actifs qui vivent en dehors de leur habitation. Les logements exigus, l’éloignement de la famille et l’individualisme ambiant tendent à isoler un peu plus ces femmes assignées à résidence, qui paradoxalement recevraient plus de soutien (notamment familial) et d’interaction en milieu rural.

Pire encore, cette configuration d’isolement et d’habitat précaire aggraverait selon le PNUD le risque de violences intra familiales dont les femmes sont les premières victimes.

La ville, une opportunité pour l’émancipation des femmes

Mais pas question de voir le verre à moitié vide. La vie en ville peut également être vue comme un levier de lutte contre les inégalités.

Vivre en ville, c’est également souvent la possibilité de s’instruire, d’étudier, de travailler et donc de s’émanciper. En 2021, un rapport du Sénat français pointait même à l’inverse le fait qu’en France les inégalités hommes femmes seraient plus importantes en milieu rural qu’en milieu urbain. En cause : l’accès plus difficile à la campagne aux transports, à l’emploi, aux soins, et même à la justice et à la police en cas de violences conjugales. Selon ce rapport, 13 départements français seraient même dépourvus de gynécologues. L’accès aux maternités est également une problématique exacerbée en milieu rural, et notamment dans les pays dans lesquels les infrastructures de transports manquent à l’appel.

La ville du quart d’heure : une solution ?

L’exode rural qui a accompagné les bouleversements économiques de tous les pays du monde a provoqué de grands changements dans notre rapport à l’habitat, au travail, au transport, à la famille, et aux relations hommes – femmes.

L’expansion des villes a eu tendance à se faire dans un premier temps de manière anarchique, donnant lieu à d’immenses mégalopoles comme New York, Mexico ou Manille. La densification et la centralisation de ces villes ne fait qu’accroître les inégalités sociales et de genre et notre impact écologique. 

Les urbanistes réfléchissent désormais à des modèles pour repenser nos villes et les rendre plus humaines et plus propres. Parmi ces modèles, celui de la ville du quart d’heure. Son principe est simple, une ville dans laquelle les habitations, services publics, bassins d’emploi,  commerces, écoles… seraient tous accessibles en moins de quinze minutes en vélo ou à pied. Un modèle qui pourrait limiter nos déplacements, faire du bien à la planète, mais aussi rendre les villes plus sûres, plus humaines et surtout rendre accessible à toutes et tous les nombreuses opportunités qu’offre la vie citadine.

Photos : vosgesmatin.fr et Versionfemina.fr