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Yes We Camp: dix ans d’urbanisme transitoire

Les Grands Voisins, Bercy Beaucoup, ou encore Chez Albert sont quelques-uns des lieux d’urbanisme transitoire investis par l’association Yes We Camp dans Paris et la région parisienne. Le principe est simple… et ingénieux. Il consiste à utiliser des terrains ou bâtiments inoccupés pour en faire un lieu de vie locale. Ces projets ont une durée de vie limitée, le temps que l’usage du site soit déterminé, ou qu’un projet immobilier ou urbain se concrétise.

Si ces projets ont le vent en poupe, c’est qu’ils apportent une réponse aux enjeux actuels en termes d’urbanisme, d’environnement et d’économie. « Notre objectif est de créer des lieux inventifs et généreux, c’est-à-dire des endroits où pourront se rencontrer des personnes qui ne se rencontreraient pas ailleurs. » explique Nicolas Détrie, son directeur et cofondateur dans enlargeyourparis.fr.

Les propriétaires y trouvent leur compte en économisant les frais de gardiennage et d’entretien du site vacant. Yes We Camp crée des « tiers-lieux » qui sont un espace social et solidaire, moins cher, plus libre, et géré collectivement. On peut y développer des projets, ou simplement boire un verre. « L’important, c’est que les gens se rencontrent. »

Un diplôme universitaire

L’aventure Yes We Camp commence à Marseille en 2013. Il s’agissait alors uniquement de « vivre un moment intense et créatif, mêlant panache et hospitalité » à l’occasion de « Marseille, capitale européenne de la culture », explique Nicolas. L’association fabrique une mini-ville qu’elle habite pendant huit mois. Il n’y a aucun salarié. « Nous dépendions uniquement d’une certaine magie quotidienne, sans que rien n’ait été écrit. »

Depuis Yes We Camp multiplie les projets en France, mais aussi ailleurs, comme à l’île de la Réunion avec son projet Ecocité. L’association fait un peu office de laboratoire, voire d’école. Pour autant, elle doit s’autofinancer complètement.

La démarche Yes We Camp est de faire changer les consciences en aidant chacun à dépasser la posture de client-consommateur pour devenir un coproducteur local. Tous ses projets s’appuient donc sur des structures de terrain, afin que ceux qui s’y investissent, au fait des enjeux locaux, soient motivés par le changement.

Pour pousser plus loin encore sa démarche, Yes We Camp a lancé un diplôme universitaire intitulé « Espaces communs : conception, mise en œuvre et gestion ». Il s’agit d’une formation de 140 heures, réalisable sur 18 mois. « L’idée, c’est de montrer que chacun peut être acteur de son environnement » explique Marion Tissot, architecte en charge de la coordination des chantiers et de l’aménagement d’espaces communs chez Yes We Camp.

Cette formation inclut des sessions immersives de trois jours « au contact de lieux généreux, coopératifs et inventifs » explique Nicolas. Car chaque projet étant différent, il n’existe pas de manuel unique. Ce dispositif favorise également les rencontres avec d’autres collectifs et renforce le réseau.

Pour l’avenir, Yes We Camp souhaite s’engager sur des lieux avec des occupations plus longues, comme les 50 ans obtenus sur le site des Amarres à Paris. Elle aimerait aussi développer des habitats partagés. Les projets ne manquent pas. « Nous pourrions par exemple monter une coopérative foncière citoyenne pour posséder les lieux sur le long terme » envisage Nicolas Détrie. Yes We Camp n’en a pas fini de créer et d’évoluer.

Photos : demainlaville.com – yeswecamp.org