Reconversion Parking

Les parkings souterrains, une mine d’or urbanistique

Face à la baisse du trafic automobile en ville, les parkings souterrains désormais sous-exploités constituent un réservoir de mètres carrés construits utilisables de multiples façons.

La sortie du “tout voiture”

Ces deux dernières décennies ont vu en France, comme dans de nombreux pays, se mettre en place des politiques urbaines de réduction de la présence de voitures. Pour des raisons environnementales, de qualité de vie ou encore de coûts d’infrastructures, l’usage de l’automobile a été découragé, tandis que l’utilisation de modes de transports doux se développait de façon inversement proportionnelle. 

Ces politiques portent peu à peu leurs fruits, puisque le trafic routier a baissé de près de 40 % depuis 2002 dans la capitale. La fréquentation des parkings souterrains privés a suivi une courbe comparable, diminuant de 2 à 7 % par an sur la même période au niveau national et atteignant même un pic de -30 % annuels à Paris, et ce avant le commencement de la pandémie. 

Leur taux d’occupation actuel s’en trouve donc réduit à 50 % seulement. Il s’agit là d’un réservoir de mètres carrés considérable. Des mètres carrés situés au sein de l’espace urbain, équipés en eau, en électricité, accessibles à pied, en vélo comme en voiture, encore largement sous-exploités aujourd’hui. Si leur situation particulière en sous-sol limite les possibilités, il existe pourtant une multitude de façons de leur rendre une utilité.

De nombreuses utilisations possibles

La fonction originelle des parkings peut tout d’abord évoluer partiellement vers les modes de transports durables qui ont progressivement pris la place de la voiture traditionnelle en ville : les places réservées aux vélos ou aux voitures électriques, avec des bornes de chargement, se multiplient dans toutes les villes. On constate également que les parkings souterrains sont particulièrement adaptés pour recevoir des plateformes logistiques locales permettant de desservir des zones urbaines à forte densité. C’est ainsi le cas de la dalle Beaugrenelle dans le 15e arrondissement de Paris, où sont triés quotidiennement 10.000 colis destinés au sud-ouest parisien. 

Outre ces utilisations encore très orientées vers la fonction d’accueil de moyens de transport, des activités moins évidentes au premier abord peuvent parfaitement trouver leur place en sous-sol. La banque Goldman Sachs, par exemple, a créé sur trois niveaux souterrains de l’immeuble 83 Marceau un jardin, un auditorium de 200 places et une cafétéria.

Des start-up comme Cycloponics ou Wesh Grow réutilisent quant à elles des parkings désaffectés pour faire pousser des shiitakes, des endives ou des micro-pousses. Des projets d’installation de cinémas, de paintball, de data centers ou encore de galeries d’art ont également éclos ou le feront incessamment.

Des parkings vecteurs de modularité urbaine

Outre l’accompagnement de la baisse du trafic routier, la reconversion de ces parkings urbains issus de l’ère du « tout voiture » s’inscrit plus largement dans la mutation en profondeur des fonctionnalités urbaines à venir. La protection de l’environnement, la réduction des émissions de gaz à effet de serre, la préservation des espaces naturels, les précautions sanitaires collectives post covid, exigent une transition des espaces urbains actuels extrêmement polarisés vers des villes assemblées en quartiers multifonctionnels et modulables, à même de répondre un maximum de besoins – lieu de travail, résidence, commerce, loisirs – à proximité. 

Ces parkings désormais surdimensionnés sont souvent situés dans des zones à très forte densité, où le mètre carré se fait denrée rare. Dans ces situations ou la modulabilité est rendue très complexe, ces espaces disponibles sont primordiaux : ils peuvent accueillir des chambres froides, comme c’est le cas pour celles de Monmarche.fr qui stocke ses marchandises dans un parking de l’île de la cité, mais également les réserves, les invendus ou les équipements saisonniers des commerçants locaux, des espaces de coworking, ou encore tout l’équipement urbain éphémère qui permet de plus en plus à une rue ou un quartier d’adopter pour un temps donné une fonctionnalité particulière : zone piétonne, espace d’exposition, piste cyclable, scène de spectacle etc. 

Cette modularité des espaces urbains est l’un des facteurs clé des mutations urbaines en cours, et les parkings souterrains constituent un outil idéal dans cette optique.

Sources des photos: chroniques-architecture.com