mathieu lehanneur

Mathieu Lehanneur, designer au service de l’homme

Les créations du designer Mathieu Lehanneur sont particulièrement marquées par leur confrontation à la réalité, un engagement au service des utilisateurs et une vision la plupart du temps humanitaire ou thérapeutique.

Le design qui soigne

Né le 29 août 1974 à Rochefort, Mathieu Lehanneur est diplômé de l’École nationale supérieure de création industrielle (ENSCI), école exclusivement consacrée à la création industrielle et au design. Il finance ses études en étant cobaye humain pour l’industrie pharmaceutique et c’est de cette expérience que naîtra l’idée de son mémoire de fin d’étude centrée sur le design du médicament.

Deux comprimés matin et soir, nom donné par Mathieu Lehanneur à son projet, cherche à faire du patient un véritable allié de sa propre guérison. Parmi les dix propositions du designer, on trouve notamment un feutre thérapeutique à appliquer sur la peau des plus petits et dont l’encre, qui disparaît après quelques minutes, contient un analgésique. Ou encore, un antibiotique par strates qui s’effeuille comme un oignon et dont on consomme une couche par jour jusqu’à arriver à la dernière gélule, celle de la guérison.

Même si Mathieu Lehanneur ne parvient pas à convaincre les laboratoires pharmaceutiques avec ses propositions originales, il obtient néanmoins la bourse ANVAR (Agence nationale de valorisation de la recherche) en 2001 pour son projet de fin d’étude.

Mathieu Lehanneur : un talent singulier reconnu

À sa sortie de l’école en 2002, le jeune diplômé collabore avec les architectes François Roche et Stéphanie Lavaux, fondateurs de l’agence R&Sie(n), avec lesquels il conçoit les meubles et luminaires du musée d’art contemporain de Bangkok. La même année, il fonde sa propre agence spécialisée en design produit et en scénographie d’exposition où il accumule les projets professionnels les plus divers et compte parmi ses clients : Nike, Nespresso, Christofle, Cartier, EDF, Hennessy, Yohji Yamamoto…

Biotherm, Cartier, La Poste, Paco Rabanne, Sony, Veuve Clicquot…

Seulement trois ans après l’obtention de son diplôme, Mathieu Lehanneur est nommé directeur du Post-Diplôme « Design et Recherche » de l’École supérieure art et design (ESAD) de Saint-Étienne, fonction qu’il occupera de 2004 à 2008.

En 2005, il obtient la très convoitée Carte Blanche du VIA (Valorisation de l’innovation dans l’ameublement), bourse de recherche attribuée pour développer un projet personnel. De ce travail, naît le projet Éléments, composé de cinq objets (K, O, dB, C°, et Q) qui ont pour fonction de réguler ou d’émettre des éléments vitaux (oxygène, lumière, chaleur, son, sels minéraux) afin d’assurer le bien-être physique global des occupants d’une habitation. Parmi ces objets, on peut citer « O » un générateur d’oxygène produit par micro-organisme et activé par un oxygènomètre. Ou bien « dB », un système mobile qui agit sur les nuisances sonores domestiques en émettant un bandeau sonore protecteur.

Contre toute attente, les musées constituent les principaux acheteurs des œuvres du designer Mathieu Lehanneur. En 2005, le MoMA, musée d’art moderne et contemporain de New York, fait l’acquisition de dix objets thérapeutiques pour sa collection permanente. Les créations du designer sont également présentées au centre Pompidou, au musée des arts décoratifs de Paris, au SFMOMA de San Francisco ou encore au MUDAM à Luxembourg.

L’alchimiste du design

Après avoir reçu le Grand prix de la ville de Paris en 2006, sa carrière prend une nouvelle tournure par une collaboration avec Paco Rabanne Parfums pour lequel il assure pendant trois ans la direction artistique et design.

mathieu lehanneur escale numériqueEn 2008, il reçoit le Best Invention Award (USA) pour Andréa, un système de dépollution de l’air par les plantes imaginé lorsqu’il avait sa « carte blanche » et dont la technologie est issue d’observations de la NASA. En 2009, le designer signe le concept de l’ensemble des vitrines des boutiques Cartier aux États-Unis qui le révèle au grand public. La même année, il co-fonde avec un partenaire américain, Everything But The Molecules, une société spécialisée en solutions de design pharmaceutique dans la droite ligne de son projet de fin d’étude.

2011 sera également une année prolixe pour le talentueux Mathieu Lehanneur. Il crée Cellbag, un moyen pour améliorer les conditions sanitaires du transport de l’eau dans les pays pauvres inspiré du fonctionnement des cellules pour véhiculer l’eau et les nutriments au sein de l’organisme. Lehanneur conçoit également Demain est un autre jour, sorte de hublot ouvert sur le ciel de demain, commandé par une unité de soins palliatifs afin d’accompagner les patients en fin de vie et conçu pour permette à « chacun d’avoir un jour d’avance sur le Temps lui-même ».

L’engagement de Mathieu Lehanneur pour le mieux vivre fait de lui un designer unique et écouté. Travaillant avec des technologies de pointes associées à des éléments naturels, il parvient à rendre accessible pour l’utilisateur la complexité de mécanismes scientifiques.