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Le péage urbain à New York, une bonne idée?

Les élus de l’état de New York et son gouverneur ont signé un nouveau budget qui prévoit notamment l’application d’un péage pour les véhicules souhaitant pénétrer dans la partie sud de Manhattan. 

Payer plus pour consommer moins

L’idée n’est pas vraiment nouvelle. Déjà en 2008, Michael Bloomberg alors maire de New York, avait soumis la même idée. L’assemblée de l’État lui avait opposé un refus catégorique.

Désormais, et sous l’impulsion du gouverneur Andrew Cuomo, les mentalités ont changé. Un péage urbain pour limiter le trafic et donc les émissions de gaz polluants dans la ville la plus peuplée des États-Unis. De plus, il a été décidé que 80 % des recettes récoltées seront allouées à la rénovation des transports en communs. Si le métro est encore relativement fréquenté par la population new yorkaise, ses infrastructures sont clairement vieillissantes. Quant aux bus, ils sont de moins en moins utilisés chaque année.

Plusieurs questions subsistent néanmoins. Le simple prix du péage n’a pas encore été défini. De même, on ignore de quelles exemptions pourraient profiter certains automobilistes (camions de livraison, taxis…). Mais surtout : comment s’articulera le paiement avec les péages déjà existants? 

Et oui, si ce nouveau péage est le premier péage urbain des États-Unis, il ne faut pas oublier que certains ponts et tunnels qui séparent les différents arrondissements de la ville de New York sont déjà payants.

En fait, tout ce dont on est certain, c’est que la zone payante se situera au sud de la 60e rue et que des systèmes de surveillance électronique y seront déployés. C’est maigre ! Et malgré toutes ces zones d’ombre, les experts américains s’accordent à dire que les recettes engendrées par un tel projet s’élèveraient à environ 15 milliards de dollars sur les cinq premières années. Cependant, sans connaître ne serait-ce que le prix appliqué, on se demande sur quelles données ces experts se sont appuyés.

Une taxe de plus en plus répandue dans le monde

Depuis le premier péage urbain à Singapour, en 1975, l’idée se multiplie, notamment en Europe. D’abord en Norvège, dans ses trois plus grandes villes dès 1986. Londres s’est également doté d’un système similaire en février 2003. En 2006, Stockholm a testé le péage urbain pendant six mois. S’en est suivi un référendum qui a démontré que 53 % des habitants de la capitale suédoise étaient favorables au prolongement du projet.

En revanche, un autre référendum fut organisé à Edimbourg sur le sujet, que la population concernée avait rejeté. En effet, si le péage urbain peut paraître efficace pour réduire les émissions carbones, désengorger les zones de haut trafic ou tout simplement encourager les citoyens à favoriser les transports en commun, le système n’est pas exempt de défauts.

Les automobilistes du monde entier ont souvent fait part des mêmes réserves. Tout d’abord, plutôt que de fluidifier une partie du trafic, les péages urbains vont en fait le reporter aux zones entourant le péage. De plus, ils ne vont pas diminuer l’usage des véhicules utilitaires (par exemple les camions) puisqu’il n’y a pas d’alternative pour effectuer des livraisons ou des déménagements. En revanche, le prix de ces services augmente s’ils doivent payer une taxe supplémentaire afin de faire leur travail efficacement.

Chaque ville son système

Finalement, il convient de préciser qu’à chaque ville son système, avec ses bénéfices et ses défaillances. À Londres, les résidents disposent d’une réduction de 90 % par exemple. Alors qu’à Milan, la période payante du péage se termine plus tôt certains jours pour permettre aux automobilistes de pénétrer les zones commerciales gratuitement. À la ville de New York et de ses instances gouvernantes de mettre en place le meilleur système possible. Système qui devrait être mis en place dès le 1er janvier 2021.