En bordure de périphérique, porte de Vanves, se dresse un singulier bâtiment de couleur bleu-ciel, mise en valeur par la teinte cuivrée des huisseries. C’est la résidence Julia-Bartet, une réalisation de l’architecte Charles-Henri Tachon, qui lui a valu en novembre dernier l’Equerre d’argent. 

L’ouvrage a été qualifié de « précieux, élégant, saisissant de beauté » par le jury, qui a par ailleurs souligné le côté humaniste du programme. Charles-Henri Tachon a trouvé «extrêmement réjouissant que l’Equerre soit attribuée à un bâtiment de logement social». L’ensemble abrite notamment les Restos du Cœur, sur les lieux mêmes de son siège historique, ainsi qu’une résidence sociale de 86 logements destinés à des apprentis et des espaces pédagogiques. 

Tout l’art de Charles-Henri Tachon a été de tirer profit d’une parcelle trapézoïdale fortement contrainte par la proximité de voies ferrées et des infrastructures environnantes. La couleur bleu pâle du béton teinté dans la masse contribue à l’originalité du bâtiment. « Elle singularise l’opération, tout en apportant un peu de lumière et de gaieté dans un site difficile », explique-t-il.

Des immeubles en interaction avec l’environnement

A quarante-sept ans, l’architecte a déjà été distingué à plusieurs reprises. En 2003, il est lauréat des Nouveaux albums des jeunes architectes pour son travail sur le territoire de la campagne. En 2012, il reçoit la mention spéciale du prix AMO pour un immeuble de logement social à Paris 18^e. Enfin en 2016, il est finaliste du Prix national de la construction bois et remporte le prix du public au palmarès Archicontemporaine pour le projet de restructuration et d’extension du collège François Pompon à Saulieu (21).

Pour Charles-Henri, l’architecture répond d’abord à une situation. Par exemple la forme en ogive du collège François-Pompon dérive directement de celle de la parcelle. Ou encore le rouge carmin choisi pour les logements de l’ancienne caserne de Reuilly rappelait celui des trames de pilastres des bâtiments que l’on retrouve dans la rue en face de l’hôpital Saint-Antoine. Selon lui, « chaque immeuble se dessine en étroite interaction avec la ville et son environnement proche et doit interagir avec elle ! »

Né à Dijon le 22 décembre 1972, Charles-Henri Tachon grandit à Mercurey, un village de Bourgogne en Saône-et-Loire. Le jeune homme quitte sa campagne natale pour aller étudier l’architecture à Tolbiac en 1989. L’apprentissage de l’espace est pour lui une découverte marquante. Déjà, gamin, il aime être dans la nature et est sensible aux ambiances : « Je crois que j’ai toujours apprécié l’atmosphère d’un espace et que j’ai voulu savoir comment pouvoir la créer. »

400 réalisations architecturales

Il suit ensuite l’enseignement de Patrick Berger ou Luigi Snozzi à l’EPF de Lausanne (Suisse). Et en 1999, Charles-Henri ouvre son agence et démarre son activité à Paris, tout en gardant un pied dans sa Bourgogne natale où il tient à conserver une partie de son activité.

L’agence Charles-Henri Tachon revendique aujourd’hui plus de 400 logements réalisés ou en cours pour des particuliers ou des maîtres d’ouvrage publics, et également des projets d’équipement publics comme le musée des Sources de la Loire au Mont-Gerbier-de-Jonc.

Quand il ne construit pas, l’architecte a d’autres passions… et d’autres talents. Il dit lui-même ne pas être « à l’aise avec l’oisiveté ». Cycliste chevronné, il n’hésite pas à sortir des sentiers battus. C’est ainsi qu’il a traversé l’Albanie à vélo avec un ami. Il aime aussi cuisiner, « et il le fait très bien » souligne Jérôme Lefort, un de ses amis qui est aussi critique gastronomique. « Charles-Henri fait une cuisine à son image, il part des racines, d’une recette existante qu’il respecte. Mais avec son sens du détail, il sait ensuite la rendre gourmande et jolie à l’œil. »

Dans sa cuisine comme devant sa planche de dessin, il s’agit toujours pour Charles-Henri Tachon de créer et d’embellir.

Photos : ciments-calcia.fr/ 3fetvous.fr/