La Poste cherche à valoriser son patrimoine et, parmi les 10.600 immeubles constituant son parc immobilier, le 52 de la rue du Louvre est certainement un des plus en vue. L’ancien centre de distribution de courrier fait actuellement l’objet d’une rénovation. Le futur ensemble, qui doit notamment accueillir un bureau de poste, des commerces et un hôtel de luxe, devait être inauguré fin 2018. Toutefois, des retards sont venus affaiblir le partenariat entre les acteurs du projet.

Œuvre de l’architecte Julien Guadet, la Poste du Louvre a été inaugurée en 1888. Avec ses 32.000 mètres carrés, elle a été conçue pour abriter les services postaux de la IIIe république. Le lieu était aussi connu pour être le bureau de poste qui « ne ferme jamais » avec un service 24 heures sur 24 et sept jours sur sept. Devenu obsolète, le site a été fermé en 2015 pour laisser place à un projet ambitieux à l’image de l’imposant édifice.

Une architecture moderne fondée sur l’héritage

Poste Immo, prestataire de services immobiliers et promoteur-développeur du groupe La Poste, a confié sa modernisation à Dominique Perrault, à qui on doit la Bibliothèque nationale de France. Conscient du potentiel du bâtiment, l’architecte a cherché à respecter l’atmosphère particulière et du lieu. « Nous avons tenu à révéler le patrimoine, les charpentes, les chapiteaux, les grands portiques métalliques, les voûtains… C’est une architecture contemporaine fondée sur l’héritage ».

Les principales transformations se trouvent du côté du toit, remplacé par une verrière, offrant ainsi une vue à 360 degrés sur Paris, et au niveau du premier étage, abattu pour redonner sa hauteur d’origine au rez-de chaussée. Selon Anne Hidalgo, le projet de Dominique Perrault était celui qui respectait le plus le bâtiment d’origine. En plus de ses services courriers, la Poste du Louvre sera doté d’un commissariat, de logements sociaux, d’une crèche, d’un hôtel, de bureaux et de commerces.

Des retards et des surcoûts

Toutefois, une telle transformation coûte chère (200 millions d’euros) et les retards et les surcoûts se sont accumulés. Selon Rémi Feredj, Directeur Général de Poste Immo, la Poste du Louvre ne rouvrira pas aux dates attendues. « Nous avons pris entre six et neuf mois de retard, à cause de la découverte de pollution et de changements de programme. La livraison est maintenant prévue pour le 1er ou le 2e trimestre 2020 ».

Naturellement, ces retards et ces surcoûts ont fragilisé le partenariat mis en place pour rénover la Poste du Louvre. D’une part, Poste Immo et Bouygues Bâtiment se renvoient la balle concernant l’imputation des coûts de retard. Pour le groupe de BTP, ils sont liés à un ensemble de non-décisions de la part de la filiale du groupe Postal. De son côté, Elegancia Hotels, en charge du volet hôtelier du projet, a préféré jeter l’éponge.

6,4 millions de mètres carrés de foncier à valoriser

Le groupe hôtelier, pourtant impliqué dans la rénovation de la Poste du Louvre depuis 2014, a cédé ses titres de participation dans la Poste du Louvre à GLT et Novaxia pour se concentrer sur d’autres projets. Elegancia Hotels doit lancer à la fin de l’été les travaux d’un établissement de 60 chambres à proximité de l’opéra Garnier. Son ouverture est prévue pour 2019, quelques mois avant l’inauguration de la Poste de du Louvre.

Malgré ces écueils, La Poste n’entend pas ralentir le projet qui pourrait être un modèle pour d’autres à venir. « Nous allons lancer d’autres appels à projets sur 2, 3 ou 4 immeubles emblématiques du groupe courant juin » affirme Rémi Feredj. Il faut dire qu’avec 6,4 millions de mètres carrés de foncier, le groupe possède un joli trésor de guerre. Si certains édifices pourraient être cédés, ceux mieux implantés pourraient connaître un développement semblable à celui de la Poste du Louvre.