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Le Pavillon de Sciences Po : un patrimoine revisité

L’agence d’architecture Moreau Kusunoki a livré en novembre 2021 le Pavillon central du campus urbain de Science Po, qui fait partie du projet « Cœur 2022 ». Ce projet vise à réunir en plein centre de Paris les différents campus de Sciences Po.

A cet effet, l’Institut d’études politiques de Paris a acquis en 2016 l’Hôtel de l’Artillerie, ancien bâtiment de l’armée situé au 1 place Saint Thomas d’Aquin, Paris 7ème. Ce nouveau site est désormais relié par un passage au site de Sciences Po situé rue de l’Université.

Les parties contemporaines de ce nouveau campus, à savoir le Pavillon et la cour principale, ont été confiées au cabinet Moreau Kusunoki. L’ensemble du projet a été pensé avec Wilmotte & Associés et Pierre Bortolussi, architecte du patrimoine, les travaux de restructuration représentant un budget total de 42.000 millions d’euros.

Le campus est organisé autour de trois cours (Gribeauval, Sébastopol, et Treuille de Beaulieu), qui ont chacune une identité architecturale et paysagère spécifique. Le pavillon vitré, appelé « émergence », et positionné dans la plus grande cour, est le symbole du nouveau campus : transparent et ouvert sur le monde. Sa façade s’ouvre grâce à de larges baies sur pivot.

Ouverture et transparence

Ces principes d’ouverture et de transparence sont au cœur de la conception architecturale du Pavillon, ainsi que l’effacement de la frontière entre intérieur et extérieur. Ils reflètent « les valeurs de diversité et d’échange propres à l’université » expliquent Nicolas Moreau et Hiroko Kusunoki.  

La réalisation de ce projet incluait également la création d’espaces en sous-sol et notamment la nouvelle bibliothèque. Là aussi des verrières, ainsi que le sol sculpté des cours, apportent la lumière dans ce sous-sol. Le pavillon contient des espaces de travail pour les étudiants aux étages supérieurs, et une cafétéria située au rez-de-chaussée et en sous-sol. Les deux niveaux inférieurs sont reliés par des gradins, la cour étant creusée en amphithéâtre. Ainsi le rez-de-chaussée s’ouvre-t-il sur une terrasse, tandis que le sous-sol se prolonge sur un jardin. Enfin l’espace extérieur situé sur le côté des gradins abrite à l’est des espaces de recherche, et à l’ouest un espace d’exposition temporaire. 

La cour en gradins propose des espaces extérieurs aménagés pour le quotidien des usagers, étudiants comme personnel. Elle est l’espace privilégié pour l’accueil du public pour des événements particuliers : le Pavillon sert alors de scène. Le verre permet, par les jeux de lumière et de miroir, des effets visuels évoluant avec le ciel de Paris, « une esthétique intemporelle ». Par ailleurs selon ses architectes, cette architecture fait ressortir « la beauté honnête et brute des dalles, des colonnes et des volumes, en harmonie avec l’architecture stricte et élégante des bâtiments historiques ».

Ce site fût en effet à l’origine un couvent édifié par les Dominicains en 1682 sur les terres de l’abbaye royale de Saint-Germain-des-Prés. Il fut ensuite remis à l’autorité militaire pour la fabrication d’armes suite à la Révolution française, et dès 1795, le cloître devint un musée. Grâce au duo Moreau Kusunoki, ce bâtiment ouvre désormais un nouveau chapître de son histoire.

Sources des photos : ArchiDaily.com