Bagages Exode Urbain Urban Attitude

2021, l’année de l’exode urbain ?

Quitter la grande ville pour la province est presque devenu un fantasme pour beaucoup. Une sorte d’aventure romanesque à laquelle sont associés les écrits de Maupassant ou l’accent de Pagnol. Et si l’exode des métropolitains vers la province initié lors du confinement n’était finalement que le début de mouvements massifs et durables de la part des français lassés des grandes villes ?

Un rêve que beaucoup de Français semblent partager puisque d’après une enquête menée par l’ObSoCo. Alors que les trois quarts de la population vit en ville, 56 % d’entre eux affirment vouloir « vivre ailleurs ». Dans le cas des habitants de l’agglomération parisienne, ce chiffre monte jusqu’à 78 % !

Enfermés dehors

Pendant le premier confinement, entre mars et avril 2020, près de 450.000 Parisiens intra-muros ont fui la capitale, soit environ 20 % de sa population. Forcément, être confiné à cinq dans un appartement de 50 mètres carrés, ça ne fait rêver personne… Depuis, les bénéfices d’une vie en dehors des grandes villes ont beaucoup été vantés, et l’éventualité d’un déménagement en zone rurale commence à faire son chemin dans l’esprit des citadins.

L’idée est également soutenue par l’une des conséquences directes de la crise sanitaire : le travail à domicile. Alors que l’accès restreint à l’emploi peut être un frein considérable au moment de quitter les grandes villes, le télétravail a finalement fait ses preuves quand il fut expérimenté à grande échelle pendant le confinement. S’ajoutent à cela les grèves à répétition (notamment des transports) qu’ont connu les grandes villes ces dernières années, de nombreux employeurs se réjouissent désormais de la possibilité du travail à domicile. Aujourd’hui, il n’est pas rare qu’un salarié télétravaille en province, et ne revienne à Paris que quelques jours par mois. Une souplesse qui permet aux citoyens d’envisager des nouveaux dans les villes moyennes situées près des métropoles. 

Marginane, Choisy-le-Roi, Givors… The place to be ?

« Les villes moyennes seront les nouvelles centralités, car c’est là où veulent vivre les Français » affirme Jean-Christophe Fromantin, maire de Neuilly-sur-Seinne. Mais si la covid-19 a accéléré la tendance, elle n’est pas nouvelle pour autant. En réalité, le modèle de la métropole perd de son attrait depuis plusieurs années. En effet, les grandes villes sont des lieux où se concentrent la pollution, de violents épisodes caniculaires, les conflits sociaux… Le tout associé à une hausse constante des prix de l’immobilier !

Un cadre de vie moins stressant, un environnement plus vert, un patrimoine rénové (ou en cours de l’être) devraient attirer de plus en plus de métropolitains épuisés par la mondialisation dérégulée que représentent les grandes villes et mise en exergue par la pandémie. Malheureusement, il semble que le confinement ait eu l’effet inverse. Les cœurs de ville en particulier, ont été fortement touchés. Les experts estiment en effet que 60 % des villes ont connu une fermeture d’au moins 70% de leurs commerces. Une austérité économique qui a entraîné une brusque désertification des centres-villes. 

Pour sortir de cette passe difficile, les villes moyennes disposent néanmoins d’un fort potentiel de développement, notamment dans les activités « péri-productives ». En clair, les services aux entreprises externes au système de production (tels que la gestion, la comptabilité, la maintenance informatique, etc…), qui représentent deux fois plus d’emplois que les secteurs de production proprement dits. Jusqu’à présent, ces postes étaient surtout présents dans les métropoles, au sein des sièges sociaux des grandes entreprises. Aujourd’hui, les progrès technologiques permettent de facilement décentraliser ces métiers. 

Une néoruralité timide

Pour le moment, l’exode urbain que certains annonçaient n’est pas (encore ?) arrivé. La bonne côte des villes moyennes semble bien réelle, mais le passage à l’acte des citadins reste conditionné par l’évolution du télétravail et du pouvoir d’achat.

Ce qui n’est pas forcément une mauvaise nouvelle. Économistes et urbanistes s’accordent à dire qu’un rééquilibrage de la population et des services sur l’ensemble des territoires serait largement préférable à un exode urbain massif.

Sources photos : actu.fr / courrierdesmaires.fr /