Des fermes dans des gratte-ciel : une solution écologique
L’un des enjeux majeurs de la diminution de nos gaz à effet de serre réside dans la réduction de nos transports, qu’ils soient liés à nos propres déplacements ou à l’acheminement de nos produits de consommation, de notre énergie, et de notre alimentation. Architectes et urbanistes s’échinent à imaginer la ville de demain, une ville pensée pour minimiser ces impacts.
En France comme dans beaucoup d’autres pays, l’exode rural a été massif ces dernières décennies, et la majeure partie de la population vit maintenant en ville, contrairement à il y a un siècle à peine. Il est donc essentiel que l’agriculture s’adapte à nos nouveaux modes de vie, mais aussi à l’augmentation constante de la population mondiale. Une idée commence à faire son chemin : produire en ville ce qui est consommé en ville.
Faire de l’agriculture en ville: une tendance qui monte
Produire en ville, au plus près des consommateurs, c’est moins de transport et moins de gaz à effets de serre. Mais c’est également une plus faible contrainte de stockage et de conservation des denrées.
Depuis quelques années, le nombre de jardins potagers et même de ruches installés sur les toits de nos immeubles a explosé. Manger une tomate cultivée à 3 étages de son appartement en plein cœur de Paris, voilà qui permet d’allier alimentation saine et respect de l’environnement. Malheureusement, ces projets sont limités à de petites productions, dérisoires en comparaison avec les besoins quotidiens des grandes villes.
D’autres projets ont été plus ambitieux et ont tenté d’optimiser au maximum la production agricole en ville. C’est le cas par exemple d’Agricool, qui se vante de « construire le système alimentaire de demain ». Cette start-up française fait pousser fraises, herbes et légumes dans des containers, en ville, en utilisant peu d’eau et zéro pesticides.
Les fermes gratte-ciel: une solution miracle ?
Mais comment aller plus loin et répondre complètement à la demande d’une mégalopole comme New York ou Shanghai uniquement avec des productions locales ?
L’enjeu est de réduire l’emprise au sol. Les Farmscrapers seraient peut-être la solution. On en parle déjà depuis le début des années 2000, mais c’est seulement maintenant que le concept commence à voir le jour dans de grandes métropoles telles que Singapour, New-York ou encore Tokyo. Des villes très densément peuplées, dont la demande alimentaire est énorme, et dans lesquelles les surfaces disponibles sont rares et chères. Singapour par exemple compte seulement 1 % de terres agricoles pour près de 6 millions d’habitants.
Une agriculture où tout est contrôlé
L’autre avantage de projets tels que les fermes gratte-ciel ou la culture en conteneurs est la possibilité de contrôler tous les paramètres permettant de garantir une meilleure production. La température, le niveau d’humidité, la lumière sont optimisés. Les cultures en ville résistent donc aux aléas climatiques, malheureusement de plus en plus nombreux.
Ce contrôle des paramètres permet également de cultiver des espèces en dehors de leur milieu naturel. Ainsi, produire des bananes à Paris ou des fraises en hiver devient techniquement possible.
Les limites de l’agriculture urbaine
Une nourriture uniformisée, produite en laboratoire, qui a le mérite d’éviter de faire venir fruits et légumes de l’autre bout du monde, mais qui ne sera pas forcément du goût de tous. L’agriculture façonne le paysage. Il n’est pas sûr que les consommateurs français, aussi citadins qu’ils soient, soient prêts à délaisser les produits de terroirs qui font partie de leur culture.
Par ailleurs, tout ne peut pas être cultivé dans un immeuble. Le blé, le riz, le maïs notamment, qui constituent une très grande partie de nos aliments de base, semblent encore difficiles à exploiter hors sol. Il en va de même pour l’élevage, pour des raisons écologiques (il produit énormément de déchets), mais également pour le bien-être animal.
Enfin, même en verticalisant la production, l’espace en ville se fait rare et de plus en plus cher. Un frein aux investissements pour ces nouveaux types de cultures.
Les fermes gratte-ciel seront certainement une partie de la solution des problèmes alimentaires et écologiques que nous rencontrons, mais elle ne réglera pas tout comme par enchantement. Le développement de villes moyennes, à taille humaine et proches des territoires ruraux, la diminution de notre consommation de viande ou le développement de moyens de transport moins polluants seront aussi indispensables.
Photos : demainlaville.com – tomsguide.fr