Urban Farming

De l’engrais dans nos villes

L’agriculture urbaine ou Urban Farming, connait un engouement sans précédent en France et dans le reste des pays développés. Réponse pratique à un besoin matériel, celle-ci se veut aujourd’hui tendance et doit être prise au sérieux. Creusons un peu pour mieux comprendre ce phénomène !

Une problématique agricole se pose aujourd’hui dans l’ensemble des pays industrialisés : comment nourrir une population grandissante et vieillissante ? Une population de plus en plus urbaine, soucieuse de la qualité de ses produits, tant au niveau de la provenance, de la qualité gustative que de l’impact environnemental du produit finis.

Ce problème est renforcé par la baisse du nombre de terre agricole, des contraintes foncières plus importantes et d’un nombre d’agriculteurs qui ne cesse de chuter. Les différents concepts naissant autour de l’agriculture urbaine proposent tous leur originalité mais sont tous nés de cette quête d’une solution à ces difficultés.

Un retour, plus qu’une découverte

La désignation d’agriculture urbaine est nouvelle, mais l’agriculture dans la ville existe depuis la création des premières métropoles. La dernière vache parisienne a disparu en 1971 ! Dans l’hexagone, la séparation entre ville et agriculture s’est faite au début du XXe siècle, et essentiellement au cours des trente glorieuses, du fait de l’expansion urbaine et de l’industrialisation des filières agricoles.

Vers la fin du XXe siècle, on recommence à évoquer l’idée d’une agriculture en ville. Pour répondre à ce besoin de production agricole qui connait ses limites dans le milieu rural pour les raisons évoquées, l’entretien des petits jardins particuliers laisse peu à peu sa place à une véritable agriculture qui s’insère au milieu de gratte ciel et autres tours d’immeubles.

Quand le pratique devient tendance et la tendance pratique !

En parallèle du développement des consciences environnementales, l’agriculture urbaine, aussi connue sous le nom d’urban farming fédère vers le début du XXIe siècle de plus en plus les personnes soucieuses de leur environnement. Le développement de l’écologie dans le monde et de tout ce qui a trait au développement durable offre à l’agriculture urbaine une cible suffisamment mûre pour être conquise.

urban-farming-peopleOn retrouve alors un partie des citadins fervent adorateurs du développement durable et autres tendances écolos s’atteler à ce nouveau cheval de bataille et tenter de convertir leurs voisins peut être moins écolos mais sensibles au caractère pratique et économique !

S’ajoutent ainsi à ces soucieux de l’environnement, ceux qui sont véritablement dans le besoin de production personnel de denrée alimentaire. La boucle est définitivement bouclée ! Les foyers les moins aisés s’intéressent alors à cette pratique sous forme d’association d’exploitation d’un espace agricole au sein d’un même immeuble.

On trouve là, l’une des rares activités qui sait fédérer les foyers les plus aisés à ceux les plus en difficultés.

Cultiver en ville, mais où ?

Trouver des emplacements en ville s’avère assez difficile, toutefois une logique de rentabilité des espaces non utilisé est apparue. Ainsi une agriculture urbaine à vocation commerciale sur toiture a pu voir le jour dans des régions proposant une architecture dense.

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Les fermes verticales, qui consistent à cultiver des quantités significatives dans des tours ou des structures verticales avec une faible emprise au sol, sont plus couteuses, ont un bilan énergétique discutable et sont plus difficiles à maintenir en état. Ces structures plus difficilement implantables trouvent toutefois une utilité dans les villes de taille moyenne où l’optimisation de l’espace est moindre.

Paris a fait une estimation de ses toits potentiellement productifs. Il existe dans la capitale près de 300 hectares de toits aménageables, dont 80 seraient en l’état actuel cultivables. Il est estimé entre 5 et 8 kilos de légumes par m2 sur un toit productif en plein air ou dans des jardins associatifs urbains. Cette production reste très éloignée de l’autosuffisance maraîchère en ville mais le potentiel de production urbaine n’est pas pour autant négligeable, notamment en ce qui concerne les populations les plus vulnérables.

La ferme urbaine

L’agriculture urbaine prend les formes les plus variées, que ce soit par son emplacement, par la finalité principale des exploitations ou de leurs filières (autoconsommation ou vente). Le caractère multifonctionnel de l’agriculture urbaine rend très difficile l’établissement de profils types. Chaque ferme peut avancer une idée, un concept (le miel, vin et confiture parisienne contre le café new-yorkais). Les formes non professionnelles d’agriculture présentent elles aussi un intérêt économique : dans un jardin familial de 150 m2, on a potentiellement une production alimentaire importante, suffisante à alimenter une famille entière.

Ce qui caractérise aujourd’hui les projets d’agriculture urbaine, ce sont leurs formes innovantes, puisque tout est encore en construction. Ces innovations viennent par ailleurs rarement du monde de l’agriculture. En effet, les systèmes techniques mis en œuvre par l’agriculture urbaine diffèrent très largement des modes de production propre au monde rural, et propose leurs propres techniques et fonctionnement.

Un succès planétaire !

Populaire dans les pays très développé comme les Etats-Unis, le Canada, l’Allemagne ou la France, l’agriculture urbaine gagne du terrain dans des pays qui en dispose pourtant encore beaucoup.

Ainsi en République Démocratique du Congo, des milliers de citadins vivent de l’urban farming : la culture à titre personnel permet de réduire un taux de malnutrition élevé à l’échelle nationale. La demande en fruits et légumes et les prix élevés de ces denrées dans les villes congolaises ont incité de nombreux chômeurs à se lancer dans l’agriculture à petite échelle pour leurs propres besoins ou pour la revente en cas de surplus.

Que ce soit pour répondre à un besoin nutritif, à la nécessité d’entretenir une activité professionnel ou encore par soucis du respect de l’environnement, l’agriculture urbaine trouve sa place auprès de nombreux foyers toutes catégories confondues dans le monde entier. Encore en plein essor, il est à parier que ce mouvement s’industrialise prochainement pour devenir un mode de production à part entière. Il ne sera bientôt plus nécessaire de quitter sa ville pour faire un tour à la campagne !

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