Smog de Pékin : moins de 30 ans pour le faire disparaitre
Le dernier rapport de Greenpeace publié en juin 2013 sur l’impact des émissions des 196 centrales électriques à charbon installées autour de Pékin est accablant. Il prouve notamment que l’atmosphère polluée de la capitale chinoise est une résultante d’un développement économique rapide, gourmand en énergie. Une énergie fournie par ces centrales à la technologie très polluante. Les autorités ont décidé d’agir !
Depuis le début de l’année de cette année 2014, la population de Pékin suffocant sous une épaisse pollution de l’air, fait face à un véritable « Airpocalypse ». A tel point que les principaux distributeurs de masques respiratoires étaient en rupture de stock fin février. Ce smog, est composé de particules fines mesurées en microns. On mesure principalement les particules PM (Particule Matter) 10 et 2,5 qui peuvent facilement pénétrer les voies respiratoires. Présentes naturellement dans l’air, ces particules en suspension sont multipliées par les activités humaines. L’OMS recommande une concentration maximum de 25 microgrammes/m3 pour les PM 2,5. Les autorités chinoises, elles, estiment qu’au-dessus de 300, il est dangereux de rester dehors. L’hiver dernier à Pékin, à certains endroits la pollution a dépassé les 900 microgrammes !
Une technologie archaïque en cause
A Pékin, les centrales électriques au charbon, la concentration d’industries, l’intense circulation automobile avec des véhicules consommant un carburant mal raffinés sont les principales sources de pollution. La capitale chinoise compte 22 millions d’habitants. Conséquence de la croissance économique et de l’enrichissement des ménages, le nombre de véhicules en circulation a explosé ces dernières années. A l’ensemble de ces causes, il faut ajouter un phénomène climatique : l’anticyclone hivernal et ses hautes pressions atmosphériques qui s’installe chaque année sur le nord-est de la Chine et bloque la pollution. La mégalopole se retrouve ainsi chaque hiver sous une cloche remplie d’air pollué.
Des conséquences dramatiques
Le Health Effect Institute, organisme américain a publié en avril 2013 une vaste étude indiquant que la pollution de l’air chinois était responsable en 2010 de la mort prématurée d’1,2 million de personnes, soit 40% du total mondial des morts dues à la pollution et des maladies qui lui sont imputables: asthme, bronchite, cancer, infarctus…
Moins de 30 ans pour en finir avec le smog
D’après le Beijing Times il faudra moins de 30 ans à la Chine pour régler son problème de smog. Cela grâce à la mise en place de technologie de pointe et la restructuration industrielle. C’est ce que prédit notamment Ma Yanhe du ministère de la Science et de la Technologie. Cette vision est validée par un expert allemand, Ernst Ulrich von Weizsacker, co-président du Panel international des ressources. Ce dernier rappelle que dans les années 1960, l’Allemagne qui connaissait alors un boum industriel, a connu les mêmes problèmes de forte croissance de la pollution. Les autorités allemandes avaient adopté une série de mesures contraignant les centrales à charbon, les producteurs d’acier et d’autres industries à réduire leurs émissions polluantes. Il leur fallut 20 ans pour remplacer un modèle caractérisé par une trop grande dépendance au charbon. A noter d’ailleurs qu’un retour à l’utilisation du charbon, y est d’actualité. Mais un retour mesuré et mieux maitrisé.
Les autorités chinoisent prennent les choses en main
Le 13 mars 2014, le premier ministre chinois, Li Keqiang, a qualifié la pollution de l’air « d’alerte rouge adressée par la nature face à un modèle de développement inefficace et aveugle ». Le gouvernement a décidé de faire la guerre à la pollution. « Dans le combat contre la pollution, nous avons besoin à la fois de mesures sévères et de règlements stricts ». Un fonds pour l’assainissement de l’air a ainsi été créé, doté de 10 milliards de yuans (1,65 milliards de dollars) et le gouvernement chinois a promis de consacrer un budget total de 3 000 milliards de yuans (494,85 milliards de dollars) à la lutte contre la pollution.
C’est une réelle prise de conscience des autorités chinoise. Déjà les prérogatives de leur ministère de l’Environnement vont être étendues, afin de faire respecter les standards anti-pollution. Autour de Pékin, 300 entreprises polluantes devraient fermées cette année et une série de projets industriels abandonnée ou suspendue. A suivre…à travers le brouillard !