La permanence de l’art éphémère, ou Quand le Street Art s’invite chez vous
Connaissez-vous le Street Art? Cette forme d’Art Ephémère aussi appelé Art Urbain, née dans les années 60 et popularisé dans les années 80 et 90 par des artistes pionniers tels que Blek le rat, Speedy Graphito, le groupe Banlieue-Banlieue en France, Shepard Fairey, Above aux Etats-Unis, Blu en Italie… et bien sur l’incontournable Banksy, artiste légendaire originaire de Bristol en Angleterre (d’après le mythe…) et dont les œuvres poétiques et cinglantes, alliant un humour acéré a de limpides messages de dénonciation, sont sans doute celles qui ont le plus marquées les esprits dans l’univers du Street Art…
L’Art Urbain comme son nom l’indique nait de la rencontre d’un artiste avec la ville. Il s’épanouit sur les briques d’un mur, les pavés d’une place, la façade d’un immeuble, le béton des berges d’un cours d’eau… ou la barrière de séparation israélienne. Ephémère par définition, soumis aux aléas des politiques urbaines et à la bonne volonté des propriétaires des bâtiments où il s’étale, bien souvent illégalement, le Street Art a un statut juridique complexe.
A qui appartient-il ? A l’artiste qui crée ses œuvres dans l’illégalité ? Au propriétaire du bâtiment contractuellement mis a disposition ? Ou, peut-être, à tout le monde, aux infinis spectateurs de l’œuvre offerte à la contemplation de tous. Autrement dit : à personne, ce qui expliquerait le tollé provoqué par la vente de certaines œuvres de Street Art, comme celles de Banksy à Londres en 2013 par un groupe de luxe, qui avait extrait certaines œuvres de leur mur et en avait acquis plusieurs centaines de milliers d’euros.
A cette controverse, Banksy donne une réponse, aussi énigmatique que le personnage qu’il s’est créé, dans son film Faites le mur ! : « Ces célèbres maisons d’enchères se sont soudainement mises à vendre du street art, tout devenait un peu fou, d’un seul coup, tout tournait autour de l’argent alors que ça n’a jamais été une histoire de gros sous ».
Le Street Art pose beaucoup de questions et apporte peu de réponses…
C’est en plein cœur de ces polémiques que s’est développé Print Them All, une galerie en ligne dédiée à l’Art Urbain, qui imprime des œuvres de street art, grâce à des techniques sophistiquées qui garantissent des reproductions aussi précises que possible, et les commercialise en partenariat avec les artistes.
Fondée par deux passionnés, eux-mêmes issus de l’univers du street art, Print Them All veut faire honneur à l’Art Urbain sans en trahir l’essence. Nicolas Couturieux, l’un des deux associés du projet, a lui-même pris ses marques dans la rue, la bombe à la main. A propos du street art, il déclare : « Aujourd’hui l’art contemporain urbain est en plein essor mais il est victime de son succès et il menace de perdre sa véritable identité. Au départ, il est dédié à être vu par tout le monde. Aujourd’hui pourtant les œuvres de qualité deviennent péniblement accessibles et identifiables. En tant qu’acteur historique de ce mouvement et conscient que ce mouvement artistique, qui me passionne, mérite de conserver son âme sans négliger sa qualité d’exposition, il m’a semblé essentiel de donner au public la possibilité d’acquérir et d’admirer chez lui des œuvres d’art urbain de qualité ».
Et c’est bien de qualité dont il s’agit. Chaque œuvre est lithographiée sur du papier fait main de qualité supérieure, dans l’atelier qui imprimait dans le passé des lithographies d’artistes de renom tels que Matisse ou Picasso ! Chaque pièce est numérotée et signée de la main de l’artiste, en assurant ainsi le caractère unique, et se vend entre 200 et 500 euros, en édition limitée. Cinq artistes internationaux (France, Italie et Chili) sont aujourd’hui présents sur la plateforme en ligne de Print Them All.
Le respect des œuvres par la collaboration avec les artistes : voila ce qui me semble être la clé du projet de Print Them All. S’il est en effet difficile de déterminer à qui revient de droit le Street Art, ouvrant ainsi la porte à tous types d’abus, honorer le désir de l’artiste de rendre impérissable une œuvre à l’origine éphémère l’est beaucoup moins. Le Street Art, sans toit ni loi, ne s’affranchit pas de tous les principes éthiques.