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Clet Abraham choisit les panneaux de signalisation comme espace d’expression artistique

Graffiti, mosaïque, dessin, sticker, l’art urbain peut prendre toutes les formes. L’essentiel pour un artiste de cet art dit éphémère est en réalité de trouver son moyen de communication, sa source d’inspiration. Et cette source, Clet Abraham l’a trouvée dans les panneaux de signalisation. Cet artiste, installé en Italie et originaire de Bretagne, s’est fait remarquer en détournant des panneaux dans de nombreuses villes d’Europe. Portrait d’un “street artiste” armé d’un vélo, de stickers et de beaucoup d’imagination.

Détourner ou dérouter ?

Un Christ en croix dans un panneau signalant une impasse, une femme dénudée allongée dans la barre blanche d’un sens interdit ou encore un cœur transpercé par la flèche d’un panneau directionnel… Voici quelques exemples des idées d’intervention de Clet Abraham sur le mobilier urbain. A l’aide d’autocollants, il apporte un nouveau regard, son regard, et une nouvelle lecture aux panneaux de signalisation. Comment fait-il ? Il parcourt les villes à vélo, s’arrête, se hisse au sommet des panneaux et installe son sticker exactement à la bonne place, là où il peut révéler sa nouvelle histoire. L’objectif de l’artiste n’est pas de dérouter les automobilistes mais bien de détourner les signes en leur donnant une nouvelle lecture, emplie d’amour et d’humour.

De la Bretagne à l’Italie et vers le monde entier

Après une enfance sur une petite île bretonne à la fin des années 60, Clet Abraham étudie à l’école des beaux-arts de Rennes puis part s’installer en Italie. Dans son nouveau pays d’adoption, il devient restaurateur de meubles mais continue la peinture. La vie d’artiste n’est pas un choix facile surtout lorsqu’il est question de reconnaissance. Installé à Florence, Clet Abraham a 44 ans, en 2010, lorsqu’il décide de se lancer dans l’art urbain. Il commence ainsi à détourner des panneaux dans cette cité médiévale où cette signalisation urbaine est pour lui comme une tâche, un contenu à combler et surtout la marque d’une bureaucratie omniprésente. Le succès est au rendez-vous et cela le pousse vers d’autres horizons et d’autres villes en Europe, comme Paris, Bruxelles ou Berlin et même plus loin avec des interventions à New York et au Japon. Son art est également sorti de la rue et a été exposé dans des galeries, à Paris notamment. Preuve de sa réussite !

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Liberté, illégalité, fraternité

Evidemment comme toute pratique d’art urbain, le simple fait de détériorer l’espace, les murs d’immeubles, les panneaux de signalisation est illégal. Mais c’est justement cette frontière entre liberté et interdit qui est à la source du travail de Clet Abraham. Il se dit à la recherche de l’harmonie entre ces extrêmes, entre la règle et la liberté. Selon lui l’artiste est par nature non conventionnel et doit se jouer de l’autorité, afin de donner à réfléchir au public. Puisque c’est bien de cela qu’il s’agit : s’adresser à un public le plus large possible. Et l’art urbain à cette faculté de s’adresser et de toucher le très grand nombre. Avec souvent un double objectif : faire réfléchir et faire sourire. Alors lorsqu’un signe est métamorphosé, humanisé par Clet Abraham, le message est clair. L’artiste nous demande de reprendre le pouvoir sur nos villes et cela commence par jeter un œil aux panneaux de signalisation.