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Montpellier, c’est déjà demain

Avec Montpellier 2040, projet d’urbanisme confié aux architectes Paola Vigano et Bernardo Secchi, la métropole du Sud prend son avenir en main. La cité que dessine ce projet est une ville d’échanges et de verdure dont le concept central pourrait être : le bien-être durable.

Ils sont plus d’une centaine ce matin-là à défier la pluie et une fraicheur inaccoutumée afin d’aller arpenter les rues de Montpellier. Le parcours urbain qui traverse la ville, fait partie des différents ateliers que les architectes Paola Vigano et Bernardo Secchi ont imaginé pour le projet Montpellier 2040. Les deux urbanistes veulent échanger avec les habitants pour bâtir la ville de demain. Ils ont articulé leur réflexion autour de trois axes forts : Montpellier « ville de la belle vie », Montpellier « the place to be » et Montpellier « ville humaniste ».

50 000 arbres

Montpellier « ville de la belle vie », c’est la ville du sud repensée pour le XXIème siècle. La cité s’est toujours affirmée par le passé comme une ville hédoniste. On est au cœur de la civilisation méditerranéenne, avec son soleil, ses couleurs, ses odeurs. On y aime rien tant que de prendre le temps de vivre. La ville de la belle vie prolonge cette philosophie. C’est une ville-espace où l’on aime se promener, vagabonder et pratiquer le sport en plein air. Il s’agit de penser la ville comme un lieu de bien-être et de santé. Les urbanistes ont ainsi imaginé de bâtir une ville parc. Notamment en plantant plus de 50 000 arbres et en créant de nouvelles zones de verdure, comme l’aménagement des berges du Verdanson. Un ruisseau aujourd’hui peu exploité où Paola Vigano prévoit la création d’une promenade le long des lignes d’eau.

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Marche, vélo, tramway

« The place to be » est une réponse au slogan qui fut longtemps la signature de la vile « Montpellier la surdouée ». A l’époque il s’agissait de mettre en évidence les points d’excellence de la ville, ses universités, la densité de sa vie culturelle. « The place to be » veut poursuivre cette ambition en faisant de Montpellier la première ville à « énergie positive ». Les architectes envisagent de bâtir un futur qui prenne pleinement en compte des grands enjeux de l’époque : raréfaction de l’espace et de l’énergie, pollution urbaine. Pour Paola Vigano, Montpellier qui s’était pensée jusque là comme une cité en conquête, doit maintenant s’imaginer comme une ressource renouvelable.

Montpellier 2040 met l’accent sur l’utilisation de l’énergie en insistant sur le développement durable. Les nouveaux aménagements doivent favoriser les mobilités douces, marche, vélo, tramway. Pour Nicolas Roubieu, directeur du projet urbain de la ville, il ne s’agit pas de bâtir une ville sans voiture, mais de privilégier les modes de transport alternatifs. Le projet de reconversion de l’ancien site militaire de l’École d’application de l’infanterie (EAI) s’inscrit déjà dans cette ambition. Ce réaménagement prévoit une faible densité de constructions, 3000 logements. Un parc de 16Ha, avec des promenades ombragées, des terrains de sport, formera au centre du nouvel espace, une vaste esplanade. L’activité sera partagée entre les commerces de proximité et l’aménagement d’un pôle centré sur les métiers de l’art. Enfin, l’ensemble des constructions sera bâti sous le modèle BBC (Bâtiment Basse Consommation). On retrouvera dans la métropole méditerranéenne l’esprit écologique qui est souvent la marque des villes de l’Europe du Nord.

De nouvelles passerelles entre les quartiers

« Une ville ce n’est pas des quartiers les uns à coté des autres, mais un ensemble à vivre en commun », déclare Hélène Mandroux maire de Montpellier. C’est sur ce constat que le Montpellier humaniste veut mettre l’accent. A la fin du 20ème siècle, la ville s’est construite en conquérant toujours de nouveaux territoires. Ce fut le cas, notamment avec la création du quartier « Antigone », dessiné par l’architecte Ricardo Bofill sur les bords du Lez. Selon Bernardo Secchi, la ville a grandi trop vide. Aujourd’hui elle pourrait faire penser à un puzzle avec un centre historique, l’Ecusson, et des quartiers qui communiquent peu entre eux. Montpellier 2040 se donne pour ambition de décloisonner cet ensemble.

Le projet urbain imagine ainsi de nouvelles passerelles entre les quartiers. Il prévoit par exemple l’aménagement d’espaces verts sur les boulevards qui font la frontière entre la Paillade et Alco. Bernardo Secchi et Paola Vigano ont déjà expérimenté ce type de passerelle, notamment à Anvers où ils ont bâti le parc Spoor Noord qui établit une connexion entre deux quartiers qui s’excluaient mutuellement. Dans le même esprit d’échanges, le projet prévoit d’ouvrir les édifices publics sur la ville. Cela sera le cas du campus universitaire aujourd’hui enclavé à l’intérieur d’une enceinte qui devrait être détruite. Pour Bernardo Secchi, l’université retrouvera sa place au cœur de la ville, un peu à l’image des campus américains.

Avec Montpellier 2040, Montpellier se construit un futur respectueux des équilibres écologique et humain de demain. Cette démarche prospective est peu habituelle en France, en ce sens elle perpétue la tradition novatrice de la métropole du Sud.