Masdar une ville écologique modèle
MASDAR city, des pétrodollars pour un monde plus écologique
Au beau milieu du désert d’Abou Dhabi, une oasis écologique d’un nouveau genre est en train d’éclore. MASDAR city, (la source en arabe) a l’ambition de devenir la première ville au monde à zéro émission carbone et surtout une pépinière d’innovations dans le secteur des technologies propres.
Pourtant, lorsqu’on évoque les Emirats, c’est l’image d’une démesure parfois pharaonique qui nous vient à l’esprit : îles artificielles, grattes ciels gigantesques, golfs verdoyants au milieu du désert, gâchis énergétique illimité. Cette vision n’est pas fausse: les E.A.U détiennent la troisième empreinte écologique par tête au monde.
Pourquoi ce passage du pétrole à l’économie verte ?
Le projet voit le jour en 2006. Le gouvernement D’Abou Dhabi pense déjà à l’après pétrole. La stratégie est simple : investir les pétro dollars dans le développement d’une société post pétrole et devenir un leader du « green business ». La Chine s’est déjà positionnée sur ce secteur, actuellement première productrice mondiale d’équipement solaire. Il est donc temps d’agir.
Un jeune Sultan part alors en voyage autour de la planète, à la découverte des projets d’énergie renouvelable les plus ambitieux. Il en revient avec une conclusion : Il existe de nombreuses innovations, mais peu de coordination et d’échanges entre les projets, ce qui les amène souvent à disparaitre avant même d’être testés. De plus, le domaine des technologies propres est déjà mûr et représente donc un vrai levier de développement économique. De là est né le projet de MASDAR.
Une « utopie écologique » de 6 km2 au milieu du désert…
Les images du projet parlent d’elles-mêmes. MASDAR city semble s’inspirer de Star Wars. La ville est un mélange d’architecture et d’urbanisme traditionnels du Moyen Orient (notamment la ville de Shibam au Yémen) et de technologies nouvelles. Ici, pas de voitures. Un système de transport urbain avec des véhicules électriques sans chauffeur devait desservir toute la ville, mais le projet a été fortement réduit, restrictions budgétaires obligeant.
La majorité des déplacements se feront à pieds dans des ruelles à l’orientation optimisée, ombragées et donnant sur des patios. Des tours à vent permettront d’aérer les rues.
Tous les déchets seront recyclés et la ville devrait consommer jusqu’à 60% d’eau en moins que les villes de la région.
La ville devrait accueillir 40 habitants, 90 000 travailleurs d’ici à 2025.
Une initiative écologique économique intégrant des solutions écologiques innovantes !
L’objectif de MASDAR est sans ambiguïté : créer une cité des technologies propres (cleantech), proposant un environnement attractif pour toute organisation et entreprise s’investissant dans ce secteur. Tout ce qui concerne la sécurité énergétique, le changement climatique, le développement d’une expertise en développement durable intéresse la cité.
L’objectif de viabilité commerciale de la ville est la clé du projet. Avec un investissement de 18 milliards USD on comprend cette priorité ! La ville prévoit ainsi d’attirer 1500 entreprises.
Pour que les innovations sortant de cet incubateur intéressent le monde extérieur, il est en effet nécessaire de prouver aux investisseurs qu’outre la beauté et la nécessité de ces innovations, celles-ci sont également économiquement viables.
Un géant aux pieds verts !
La ville est la vitrine de l’entreprise MASDAR composée de 5 entités : Masdar city pour la gestion de la ville, Masdar Power pour la production d’énergie, Masdar Carbon pour la réduction des émissions carbone, MASDAR Capital pour le financement du projet, et Masdar Institute , Institut de recherche mis en place avec la collaboration du Massachussetts Institute of Technology (MIT), qui sera la ruche d’idées de la cité.
Une première phase de projet déjà écologique
Le MASDAR Institute est déjà opérationnel et Siemens est en train de terminer la construction de son siège régional.
Bien qu’il soit trop tôt pour arriver à des conclusions définitives sur le projet, les résultats énergétiques et environnementaux sont encourageants: 96% des déchets utilisés pour la construction de la ville ont été recyclés et d’autres entreprises de la région ont répliqué les normes environnementales du chantier ; la mise en place d’une smart grid et l’architecture ingénieuse (système de gestion de l’électricité intelligent) ont permis de réduire de 50% l’utilisation d’énergie ; la consommation d’eau est 54% inférieure à la moyenne de la région. Enfin MASDAR est auto-suffisante en énergie grâce à la plus grande centrale solaire du Moyen Orient.
Les innovations commencent également à sortir des laboratoires : le lab de bio-énergie développe des cellules microbiennes qui pourraient fournir de l’énergie tout en ingurgitant des déchets ; un autre laboratoire développe une tour permettant de produire une énergie solaire thermale. Bref, beaucoup d’innovations intéressantes qui pourraient éventuellement nous servir un jour.
Un Disneyland de l’écologie trop couteux ?
Les projets novateurs de grande ampleur font toujours face aux détracteurs : ce projet coûte trop cher, ce n’est qu’un Disneyland de l’environnement qui ne sert qu’aux relations publiques d’Abou Dhabi etc.
En attendant le projet avance et s’il devient un Disneyland des technologies propres, ce sera une excellente nouvelle ! Cela prouvera que ce lieu d’innovation et d’échange d’idées aura réussi à devenir une source d’inspiration pour la mise en œuvre de projets positifs pour notre jolie planète actuellement quelque peu essoufflée.
Le seul bémol subsiste peut-être dans le manque apparent d’implication de la société civile dans la structuration du projet et un risque de non acceptation des solutions proposées par les populations.
Masdar : une source d’inspiration pour l’éclosion de nouvelles idées ?
Comme le résume Yasmine Abbas dans son article sur cette éco-ville : « MASDAR City est une expérimentation nécessaire, qui montre qu’une ville durable est le résultat d’une co-création et que, plus que jamais, c’est la gestion et l’organisation qui sont au cœur d’un projet de ville durable ».
Chaque projet de ville écologiquement-responsable restera unique, mais MASDAR peut cependant apporter une démonstration de ce qui est faisable dans un environnement extrême et des erreurs à ne pas commettre. Elle peut devenir une référence pour l’amélioration et la vulgarisation de technologies et de modèles urbains respectant notre environnement tout en offrant une qualité de vie agréable.
En attendant le résultat final, souhaitons à MASDAR qu’elle soit une source intarissable d’idées pour ne plus dominer la nature, mais mieux collaborer avec elle