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Malmö, un prototype de ville durable made in Suède

En 2020, l’énergie développée par le soleil, le vent, la mer, la biomasse remplacera en totalité les énergies fossiles consommées par la ville de Malmö. La ville démontre ainsi que croissance économique et développement durable ne sont pas incompatibles. C’est en prenant le pari du respect de l’environnement que cette cité a su se forger une nouvelle identité et se construire un nouvel avenir.

Au sortir des années 90, Malmö est une ville à bout de souffle. Touchée de plein fouet par la désindustrialisation, la troisième agglomération suédoise s’enfonce dans la crise. Avec le démantèlement des chantiers navals, la cité perd sa ressource principale. Elle connait alors un taux de chômage record pour le pays.

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Lorsqu’en 2000, un pont avec Copenhague la relie au continent, la ville voit s’ouvrir de nouveaux débouchés. La municipalité décide de se tourner résolument vers le développement durable: les politiques énergétiques, les transports, la construction, mais aussi le dialogue social vont se trouver radicalement redéfinis par cette ambition.

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Chauffage à l’eau de mer

Le principal objectif du développement durable est la réduction des émissions de carbones dues à l’utilisation des énergies fossiles (pétrole, gaz naturel, charbon). Dans cette optique la municipalité opère un choix radical en optant pour le couple éolien / solaire. Au large de Malmö, 45 éoliennes off-shore couvrent près de 40% de la consommation énergétique totale de la ville. A cela s’ajoute la densité d’un parc d’éoliennes individuelles.

Toutes les constructions nouvelles ainsi que toutes celles qui sont réhabilitées sont munies de panneaux solaires. Pour le seul quartier Bo01, quartier modèle construit à partir de 2001 sur les décombres des anciens chantiers navals, plus de 1400 m2 de capteurs solaires sont installés. Malmö profite aussi de la proximité de la mer en développant une technologie d’avant-garde qui permet à l’eau de mer stockée en sous-sol de chauffer les bâtiments.

Le retour des toits végétaux

En parallèle, la ville fait appel aux technologies de pointe pour réduire très fortement sa consommation d’énergie. L’objectif est de voir cette consommation baisser d’au moins 20% par personne en 2020, et encore de 20% en 2030. Dans ce but, toutes les constructions neuves et réhabilitées intègrent de nouveaux matériaux et des conceptions architecturales innovantes afin de limiter les déperditions de chaleur.

On n’hésite pas non plus à moderniser d’anciennes traditions comme par exemple les toits végétaux, meilleur isolant que l’ardoise. Ils présentent de plus l’avantage d’absorber les eaux de pluie et de parer ainsi aux risques d’inondations.

Dans les transports, la ville soutient des politiques volontaristes pour faire décroitre l’utilisation d’énergie fossile. Tout est mis en œuvre pour décourager l’utilisation de la voiture (restriction de trafic, diminution du nombre de voies de circulation et de places de parking). Dans le même temps, la priorité est donnée aux pistes cyclables et aux transports en commun. L’ensemble des bus de la ville utilise des biogaz. D’ici 2050, Malmö veut avoir réduit de 90% par rapport à 1990 ses émissions de gaz.

Le développement durable réduit la fracture sociale

Si les réponses technologiques représentent la partie la plus spectaculaire de cette politique, la ville innove aussi par les méthodes. Consciente que le développement durable ne peut réussir sans l’adhésion des habitants, la municipalité implique la population dans ses décisions. Quand il s’agit de rénover la voirie, les usagers se voient mis à contribution pour apporter leurs réflexions sur le tracé des pistes cyclables, l’itinéraire de nouvelles lignes de bus.

Parfois le dialogue permet de panser d’anciennes plaies. Lorsque fut décidée la réhabilitation d’Augustenborg, ce quartier populaire était l’un des plus problématiques de Suède: il connaissait des taux record de violence, de trafic de stupéfiants et de pauvreté. Les débats avec les habitants vont permettre de restaurer le lien avec la communauté. Le développement durable aide ainsi à réduire la fracture sociale. A ce titre, chaque nouveau quartier réserve une part importante de l’habitat à des revenus modestes.

Aujourd’hui Malmö a d’ores et déjà réussi son pari, à tel point que le développement durable est devenu l’une de ses nouvelles richesses. La ville commence en effet à exporter son expertise par-delà les frontières. Reste à savoir si le modèle peut être transférer ailleurs. C’est à espérer !