Le bowl de Marseille, portrait d’un lieu mythique du skateboard
Grâce à un skatepark construit au début des années 1990, Marseille est devenu une place forte du skate mondial et réunit chaque année les meilleurs mondiaux. Portrait du « bowl du Prado ».
Saviez-vous que Marseille était la capitale européenne du skateboard ? Une position phare qu’elle doit à son fameux bowl, ou bowl du Prado, un skate-park érigé en 1991 qui est devenu depuis une institution de la planche à roulettes à travers le monde.
L’histoire démarre donc au début des années 1990 grâce à Jean-Pierre Collinet, l’architecte aujourd’hui reconverti dans les assurances, qui imagine très vite un skate-park basé sur le modèle californien, où la discipline a explosé dans les années 1970. Inspiré par la pratique du skate outre-Atlantique, Jean-Pierre Collinet parvient à offrir les mêmes courbes à son site marseillais pour un coût estimé à l’époque à un million de franc, soit environ 220.000 euros.
Le succès des lieux se bâtit rapidement et les Z-Boys, références absolues du skate originaires de Venice en Californie, valident totalement l’architecture, l’esprit et le style du bowl lorsqu’ils se rendent à Marseille dans les années 1990, se surprenant même de voir que les jeunes locaux rident aussi bien que leurs compatriotes californiens.
Le bowl doit son nom à la révolution du skate issue de la terrible sécheresse qui frappe la Californie en 1976 : les piscines vidées sont alors utilisées par les skateurs qui développent la discipline. Une piscine vide ayant un air de bol ou de bassine, le mot anglais « bowl » est attribué au site sur lequel est pratiqué le skate.
Dans la foulée de l’émergence de son succès, le bowl du Prado attire alors la jeunesse insouciante de l’Europe entière déchainée par le passage de tous les skateurs à succès sur le site. Le plus célèbre d’entre eux, Tony Hawk, ancre même le bowl du Prado dans l’histoire en l’incorporant parmi les sites sélectionnés dans son jeu vidéo éponyme.
Un lieu qui n’a aucun égal en France
A Marseille, le lieu, gratuit et éclairé la nuit, n’a aucun égal et certainement pas le « Palais de glisse », le palais omnisport de Marseille Grand Est, payant, qui regroupe BMX, trottinettes et skates. Car l’esprit skate se résume en « kiffer sa liberté », ne répondre à aucun autre code sociétal que ceux de la discipline et s’émanciper des règles. Le skate reste une pratique gratuite où le port du casque appartient à chacun.
C’est ainsi que le bowl devient un lieu de mixité sociale et de rendez-vous qui attire plusieurs fois par an les meilleurs mondiaux. Entre le Quiksilver Bowlrider, l’Orange Massilia Freestyle Cup ou le Red Bull Bowl Rippers, les compétitions se succèdent sur des rampes du Prado et réunissent des spectateurs éblouis et des professionnels ravis.
Un modèle pour le légendaire bowl éphémère d’Huntington Beach
De l’aveu même des Marseillais, le succès du skate sur ce site et plus particulièrement dans la région est loin d’être anodin : à l’image de la Californie, Marseille est un territoire ensoleillé où les gens aiment la plage et les barbecues. Pas étonnant alors que les connexions fonctionnent bien entre les deux régions : si Marseille s’est inspiré des précurseurs californiens de la discipline pour la création et le développement de son bowl, le légendaire bowl éphémère d’Huntington Beach, en Californie, est directement inspiré du site marseillais. Difficile de rendre un plus bel hommage à cet endroit qui est devenu une institution.
Sources des photos : redbull.com/