L’Arbre Blanc : la « folie » douce de Fujimoto
L’Arbre Blanc de Fujimoto sera la deuxième « Folie » du XXIème siècle à voir le jour à Montpellier. La tour de l’architecte japonais se dressera comme un immense arbre au cœur de la ville, une sorte « d’utopie vraie » comme symbole de modernité.
C’est en pensant à Albert Einstein, qu’il rêvait d’imiter, que Sou Fujimoto a découvert l’architecture. De la physique pure à la physique de l’espace, il n’y a qu’un pas, que le jeune homme a franchi en arpentant les campagnes de son ile natale d’Hokkaido. La lecture d’une monographie en japonais consacrée à Antonio Gaudi a fini de transformer ses méditations en une aspiration à devenir architecte. De cette origine scientifique, Sou Fujimoto a gardé une conviction, l’architecture est un mouvement. Une énergie qui selon lui s’exprime par couples d’oppositions. Opposition entre la naturel et l’artificiel, entre l’extérieur et l’intérieur, entre le primitif et le sophistiqué.
Un arbre symbole de la modernité
Ce sont ces oppositions que l’ont retrouve à l’œuvre dans son dernier projet, « l’Arbre Blanc », sélectionné par la ville de Montpellier comme l’une des 12 folies architecturales que la métropole se propose d’édifier au XXIème siècle.
L’édifice de ce projet est conçu comme une tour incurvée dont la forme rappelle celui d’un arbre. Les grandes terrasses des 120 logements qui le constituent apparaissent comme d’immenses feuilles cherchant le soleil. La forme en arbre rappelle la nature, l’ouverture sur la lumière, la vie au grand air, si chères à Fujimoto. Mais l’ensemble s’inscrit dans le paysage urbain moderne, sous la forme d’une tour de 17 étages appelée à devenir le symbole de la modernité de Montpellier.
Le jeu entre l’intime et le public
Le jeu entre l’intérieur et l’extérieur est au fondement du projet. Les terrasses qui s’ouvrent au dehors et s’offrent à la vue de tous sont l’élément le plus marquant de l’édifice. De, dimensions inhabituelles, moitié aussi grandes que les appartements, ces terrasses sont comme une avancée de l’espace intime dans la sphère publique. Placées tout autour du bâtiment ; orientées dans toutes les directions de manière à pouvoir capter la lumière de chaque heure de la journée ; elles ne se cachent pas l’une l’autre. Au contraire, elles semblent se disposer, telles des feuilles, de manière à ce que chacune bénéficie d’une lumière vitale. Comme dans nombre de constructions de Fujimoto, l’espace commun et l’espace privé semblent se mêler sans jamais s’agresser.
Ces jeux d’’oppositions entre l’intime et le public se retrouvent dans les différentes fonctions assignées au bâtiment. Espace privé avec des logements d’habitation, espace social avec des bureaux, et espace public avec un bar panoramique installé au sommet de la tour.
Au final, on retrouve dans l’Arbre Blanc toute l’originalité de Fujimoto qui se joue des contrastes et des oppositions pour créer un univers intime et poétique, y compris dans ses constructions monumentales. Avant de les édifier en trois dimensions, Fujimoto conçoit ses œuvres en rêvant longuement seul devant une feuille blanche, écoutant Bach ou Toro Takemitsu, compositeur japonais de musique contemporaine. Son Arbre Blanc ressemble à un de ces rêves, une « utopie vraie », une douce « folie » en quelque sorte.
Revivifier la tradition architecturale
Pour réaliser ce projet, Sou Fujimoto s’est associé avec les cabinets Nicolas Laisné Associés et Manal Rachdi OXO Architectes. Les travaux devraient débuter fin 2015, pour être achevés courant 2017. L’Arbre Blanc sera ainsi la deuxième « Folie » architecturale du XXIème siècle à voir le jour, après la tour des Jardins de la Lironde, édifiée par l’architecte britannique d’origine iranienne Farshid Moussavi.
Les « Folies » désignaient au XVIIIème siècle, une maison de plaisance que de riches nobles ou grands bourgeois se faisaient construire à la périphérie de la ville. Ces grandes demeurent, à vocation citadines et rurales, ont peu à peu développé un style propre qui a fait la renommée de Montpellier. C’est pour revivifier cette tradition que la ville a lancé le projet d’une construction de 12 nouvelles « Folies » au XXIème siècle.