L’aménagement des anciens terrains Renault ne fait pas l’unanimité !
Conçue pour être l’île de la mixité, le projet de reconversion du site de l’ancienne usine Renault de Boulogne Billancourt ne fait pourtant pas l’unanimité. Mais pourquoi donc ce projet audacieux n’arrive pas à mettre tout le monde d’accord ?
La métamorphose d’un site industriel historique
Plus de vingt ans après la fermeture, le terrain qui aura abrité l’usine Renault pendant plus de soixante ans (de 1929 à 1992) est promis à un tout autre avenir. Véritable symbole de la ville de Boulogne Billancourt, l’usine faisait tant partie du paysage que personne ne croyait à sa démolition il y a à peine quelques années. Depuis la décision de fermeture de l’usine en 1992, le site a connu d’importants travaux de désamiantage et de nombreux projets de réhabilitation ont été proposés.
Le début du mouvement de réhabilitation prend un tournant décisif en 2003 quand la « Zone d’Aménagement Concerté » et la SAEM Val de Seine Aménagement sont créées et lancent alors véritablement le projet.
Un projet ambitieux
L’aménagement des anciens terrains de l’usine Renault plus connu sous le nom de l’opération « île Seguin Rive de Seine », projet dessiné par l’architecte Jean Novel, se veut le futur haut lieu culturel du grand Paris. Réparti en plusieurs zones, le projet réalisera plusieurs édifices dont la construction s’échelonne jusqu’en 2018, le projet représente une superficie totale de 74 hectares.
Précurseur en termes de développement durable, il a pour ambition d’accueillir tous les types de publics venant sur le site pour travailler, pour les loisirs, se détendre ou encore profiter des commerces. Pas moins de 382 300 m2 seront consacrés à la construction de logements, dont un tiers de logements sociaux, 281 000 m2 de bureaux et 186 000m2 dédiés aux commerces et équipements collectifs. Ce nouveau quartier devrait accueillir 12 000 habitants et permettre la création de plus de 10 000 emplois.
L’idée est également de rendre le site attractif pour les entrepreneurs. Il y a une volonté forte de créer un pôle d’affaire, afin de profiter du potentiel prometteur de la ville de Boulogne Billancourt, territoire déjà dynamique, particulièrement bien desservi et qui jouit d’une situation géographique stratégique.
Une opération récompensée par le label éco-quartier
Aménagement primé en 2007 au 11ème Grand prix de l’Environnement des villes d’Ile de France, le projet « île Seguin Rive de Seine » affiche une démarche environnementale innovante. Le label a récompensé un projet favorisant la mixité en terme de logement, une gestion économe et innovante de l’eau, des bâtiments peu friands en énergie privilégiant les énergies renouvelables.
Les points forts du projet récompensés sont la présence d’espaces verts et de promenades, jardins et plantations qui représentent la moitié de la surface de la zone à aménager, ainsi que la construction de toitures végétalisées.
Le projet se veut créatif et innovant avec des aménagements conformes aux normes de développement durable. L’architecture prend en considération l’ensoleillement afin de réduire la consommation de chauffage et les équipements, quant à eux, tiennent compte d’une charte acoustique qui limite la pollution sonore.
Un projet contesté par le collectif « sauvons l’île Seguin »
« L’île Seguin rive de Seine », un projet d’envergure non contestable, d’intérêt régional voire international mais qui ne prend en compte ni les remarques des riverains, ni les habitants limitrophes, c’est à dire les villes de la communauté d’agglomération « Grand Paris Seine Ouest » (le GPSO) regroupant les sept communes que sont Meudon, Boulogne-Billancourt, Chaville, Vanves, Issy-les-Moulineaux, Sèvres et Ville-d’Avray.
Dès le départ le projet fait l’objet de vives oppositions des riverains. L’attention particulière portée à la communication des informations relatives au projet auprès des habitants n’aura pas eu l’effet escompté. Il faut dire qu’entre consultation et concertation il y a un grand pas, qui n’a vraisemblablement pas été franchi par les initiateurs de l’opération. Projet qualifié de « Babylone moderne », ruineux, et « Cité de béton » par les opposants dont les suggestions n’ont pas été prises en compte.
Pas moins de 320 millions d’Euros s’avèrent nécessaire à la construction du projet. Aménagement des berges, construction de parkings et jardins sous verrière (qui à elle seule coûte 75 millions d’euros). Ce projet qui prend des dimensions pharaoniques inquiète les riverains. Pour atteindre l’équilibre financier, les porteurs du projet sont en effet résolus à vendre les parcelles constructibles à des prix astronomiques. Le collectif entend quant à lui limiter la constructibilité du lieu et proposer un projet moins dense avec encore plus d’espaces verts.
L’ambition affichée de la ville de Boulogne Billancourt est de proposer un projet innovant qui s’inspire du mode de vie du 21ème siècle. Territoire attractif, accessible, logements pour tous et cadre de vie de qualité ne semblent pourtant pas avoir mis tout le monde d’accord.
C’est que l’opération « île Seguin rive de Seine » semble fermer les yeux sur quelques points cruciaux : nuisances, coûts de construction et d’entretien exorbitants, on comprend que les riverains se fassent du souci et tentent de protéger le site en proposant un projet à dimension plus décente et à un prix plus raisonnable.