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Kengo Kuma : architecture au naturel

A 62 ans, l’architecte japonais Kengo Kuma jouit d’une réputation internationale et multiplie les projets dans le monde entier. Ses bâtiments jouent avec le bois et la lumière. Ils ne sont pas conçus pour servir l’ego de leur créateur mais pour le bien-être de ses usagers grâce à leur intégration au plus près de la nature. « Avec le béton, les villes du XXe ont été trop éloignées de la nature », exprimait Kengo Kuma à l’AFP, lors d’un récent passage à Paris où il venait présenter son projet pour la future gare Saint-Denis Pleyel.

Kengo Kuma a été très marqué par le tsunami de mars 2011, qui a changé sa vision de l’architecture : « le critère pour l’architecture après le tsunami est l’humilité ».

Une colline pour la station Saint-Denis Pleyel

Pour la future station Saint-Denis Pleyel du Grand-Paris Express qui devrait entrer en fonction en 2023, Kengo Kuma a dessiné une colline, des terrasses en pente douce et beaucoup de verdure. La construction de ce futur nœud ferroviaire d’Ile de France est conçue comme un origami, explique l’architecte, avec des pliures reliant le sol à la gare. La lumière naturelle sera diffusée jusqu’au troisième sous-sol grâce à un atrium central de 25 mètres de profondeur, dont la façade sera habillée de poutres verticales en bois. Un espace pensé pour créer « une atmosphère pour faciliter la rencontre ».

Kengo Kuma est âgé de 10 ans quand il découvre sa vocation. La visite au stade olympique de Tokyo, construit en 1964 par l’architecte japonais Kenzo Tange, est pour lui une révélation. Il étudie l’architecture à l’université de Tokyo où il obtient son diplôme en 1979, et poursuit à l’université Columbia de New York. En 198,7 il fonde le studio Special Design, puis en 1990 son agence Kengo Kuma & Associates.

En France, Kengo Kuma signe sa première réalisation en 2013 avec la Cité des Arts et de la Culture de Besançon. Il enchaîne sur le FRAC de Marseille et le Conservatoire de musique et de danse d’Aix-en-Provence à la façade en panneaux d’aluminium anodisé disposés en origami.

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Le nouveau stade olympique de Tokyo

Le dernier projet en date de l’architecte japonais ouvrira bientôt à Paris, sur la rive gauche de la Seine. Il s’agit d’un « Eco-Luxury Hôtel », un bâtiment en forme de U aux façades revêtues de bois et couvertes de plantes, lui-même s’insérant dans un vaste jardin.

Si Kengo Kuma a un profond respect pour la tradition architecturale japonaise, il utilise aussi des nouveaux matériaux comme les fibres de carbone dans ses bâtiments. « J’ai toujours voulu faire de l’architecture qui respecte la tradition de la culture japonaise et adapter ses principes aux caractéristiques du XXIe siècle: la vitesse, la circulation et le besoin d’espace », explique-t-il.

Mais le nouveau défi de Kengo Kuma, c’est le stade olympique de Tokyo. Ce stade, qui devra accueillir 80.000 personnes en 2020, est son plus important projet à ce jour. Lui qui avait été tant inspiré en 1964 par le stade de son compatriote Kenzo Tange, il veut créer un lieu qui donne un « immense espoir » aux enfants.

Montrer la beauté du bois

Kengo Kuma veut créer un stade qui montre la beauté du bois. Il se dit serein pour ce projet, dont il a hérité suite à l’éviction de l’architecte britannique d’origine irakienne Zaha Hadid, décédée depuis. Le coût du projet de Mme Hadid (près de deux milliards d’euros) avait fait scandale auprès des autorités japonaises.

Kengo Kuma a dessiné un stade d’arbres et de verdure avec des jardins suspendus sur les parois de l’enceinte faite de bois et d’acier. L’architecte, une fois encore, veut créer un lieu qui s’harmonise avec la nature environnante.

Evoquant l’ancien stade qui avait éveillé sa vocation, Kenzo Kuma voit un hommage au succès et à la puissance économique du siècle dernier avec ses lignes verticales, et sa structure de béton et d’acier. « Le mien reflète une époque et des besoins différents. » Sa silhouette est horizontale, la plus basse possible, et les structures-clés sont faites de bois. « Du bois qui vient en particulier des zones dévastées par le tsunami de 2011 » évoque l’architecte qui confirme à la fois son amour pour la nature et sa préoccupation écologique.