Shigeru Ban, un architecte humaniste en Hexagone
Shigeru Ban, Architecte et humaniste, le prix Pritzker d’architecture 2014 s’installe en France.
Connu en France pour avoir collaboré à la construction du centre Pompidou-Metz, le japonais Shigeru Ban s’est vu décerné le prix Pritzker d’architecture 2014. Portrait d’un architecte humaniste qui, selon ses propres mots, doit continuer à écouter les gens pour apprendre.
Le Japon et ses architectes ne cessent de faire parler d’eux car, depuis la création du prix Pritzker en 1979, c’est la sixième fois que le « Nobel » de l’architecture honore l’un de ses ressortissants. Shigeru Ban succède à son compatriote Toyo Ito, lauréat de l’année précédente.
Un architecte japonais en Hexagone
Né à Tokyo en 1957, Shigeru Ban suit des études d’architecture aux États-Unis, plus précisément au Southern California Institute of Architecture à Los Angeles. Elève brillant, il obtient son diplôme en 1984 dans l’une des écoles les plus sélectives du pays : la prestigieuse Cooper Union School of Architecture de New-York.
En collaboration avec Jean de Gastines, il est l’auteur du centre Pompidou-Metz connu pour son célèbre toit en forme de maison de Schtroumpfs. Il est actuellement en train de concevoir la future cité musicale, un projet qui doit voir le jour dans les Hauts-de-Seine, sur l’île Seguin à Boulogne Billancourt.
Le pays du Soleil-Levant l’ignore
« Au Japon, les architectes sont totalement libres. Mais en France, il faut tout le temps se battre. » a récemment confié Shigeru Ban au journal Le Monde. Après avoir installé un bureau éphémère sur le toit du centre Pompidou à Paris, il décide d’ouvrir sa propre agence dans la capitale afin de suivre au mieux le nouveau chantier de la cité musicale.
Dorénavant installé en France, Shigeru Ban ne cache pas manquer de popularité dans son propre pays. Contrairement à lui, des architectes comme Arata Isozaki ou Tadao Ando ont construit beaucoup de choses. Le Japon le boude encore et le centre suisse Nicolas G. Hayek a été l’un des rares projets internationaux dont il s’est occupé pour le moment.
Une récompense inattendue
« J’ai pensé que cette distinction arrivait trop tôt pour moi. » avoue Shigeru, qui a appris la nouvelle fin janvier alors qu’il participait à un concours. « Contrairement à ceux qui ont déjà obtenu ce prix, je l’ai non pas perçu comme la reconnaissance d’un accomplissement professionnel, mais davantage comme une façon de m’encourager. » commente l’architecte japonais.
Si celui-ci sait se montrer modeste dans ses déclarations, son œuvre parfois extravagante est loin de passer inaperçue dans le paysage architectural mondial. Il a en effet signé plusieurs projets qui détonnent, notamment une imposante structure de béton géométrique uniquement fermée par un gigantesque rideau fait de toile.
Le rôle social de l’architecte
Fatigué de construire uniquement pour « des gens heureux », Shigeru Ban s’intéresse de près aux projets visant à aider les personnes nécessiteuses. Et l’architecte ne mâche pas ses mots : « ces personnes-là nous sollicitent pour que l’on mette en valeur leur richesse et leur pouvoir » commente-t-il. « Ils veulent que nous fassions pour eux des monuments. ».
Shigeru Ban s’est déjà investis dans plusieurs projets sociaux, dont la reconstruction de la ville de Kobe détruite par un tremblement de terre en 1995. De plus, il a été de 1995 à 1999 architecte-conseiller auprès du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, notamment en Haïti, au Rwanda ainsi qu’en Turquie. Selon son propre avis, son activité dans les espaces de désastre a été « très largement prise en compte » par le jury du prix Pritzker.
En homme simple et humble, Shigeru Ban explique que devenir célèbre peut être dangereux. Avant de conclure par ces mots « Je dois continuer d’écouter les gens. Et continuer à apprendre. »