Mobilité urbaine : comment les Européens se déplacent-ils ?
Quelles sont les habitudes de transport adoptées par les Européens ? Comment ces derniers se déplacent-ils, quels sont les problèmes rencontrés et quelles solutions envisagent-ils pour y remédier ? A la demande de la Commission européenne, une étude sur la mobilité urbaine a été réalisée par l’institut TNS et permet de décrypter les comportements des citoyens membres des 28 Etats de l’Union Européenne.
Pour un Etat, la mobilité de ses citoyens est la clé d’un développement social et économique réussi. De plus, le secteur des transports représente plus de 9 millions d’emplois à travers l’Europe. Et comme 68% des citoyens européens vivent en ville, le transport urbain constitue une préoccupation majeure.
Prépondérance de la voiture
La moitié des européens utilisent une voiture quotidiennement, soit plus que l’usage des transports en commun (16%) et du vélo (12%) réunis. Ces résultats méritent bien sûr d’être nuancés selon les pays. Ainsi 85% des Chypriotes font un usage journalier de ce type de véhicule, alors qu’en Hongrie le chiffre passe à 24%, soit moins d’un quart de la population. En France, la proportion s’élève à 59%. En moyenne, les hommes sont plus nombreux que les femmes à privilégier ce moyen de transport (57% contre 42%). Les automobilistes au quotidien occupent le plus souvent des emplois de cadres ou de professions libérales, et habitent à la campagne ou dans une petite agglomération. Enfin, les familles nombreuses sont plus enclines, pour des raisons pratiques, à se déplacer en voiture. En revanche, les étudiants, les ouvriers, les chômeurs et les retraités n’utilisent que rarement ce moyen de transport.
Les transports en commun
16% des européens empruntent quotidiennement les transports publics. Parmi eux, les étudiants sont les plus nombreux, puisque 49% d’entre eux privilégient ce moyen de locomotion pratique et peu onéreux. Les Hongrois (28%) et les Tchèques (27%) figurent en haut du classement, alors que les Chypriotes, avec seulement 3% d’usagers quotidiens, ferment la marche. Les Français, eux, sont 15% à emprunter train, bus, tramway ou métro chaque jour. La tranche d’âge des utilisateurs réguliers se situe entre 15 et 24 ans.
Forte disparité des cyclistes
Aux Pays-Bas, pratiquement un quart de la population utilise le vélo comme mode de transport. Suivent le Danemark (30%) et la Finlande (28%). A contrario, les habitants de Malte (1%) et de Chypre (2%) semblent bouder la bicyclette, et seulement 5% des Français en font un usage quotidien. Toutes les classes d’âge sont représentées et aucune ne prédomine sur une autre. En revanche, certaines catégories sociales ou professionnels se révèlent moins enclines à la pratique du cyclisme : les cadres, les étudiants, les retraités, les chômeurs ainsi que les femmes au foyer.
Les usagers de deux-roues motorisés et les piétons
C’est en Grèce que les deux-roues de type moto ou scooter sont le plus utilisés (11%). Viennent ensuite l’Italie et Chypre. Mais aucune des personnes interrogées en Suède et en République Tchèque n’utilise ce moyen de locomotion. Quant aux Français, ils occupent la 6ème place, avec 3% d’utilisateurs quotidiens. Concernant les piétons, plus de la moitié des personnes interrogées affirment marcher tous les jours. 90% en Lettonie, 86% en Slovaquie et 85% en Pologne. Si les Français se situent dans la moyenne, en revanche, un tiers des Chypriotes ne pratiquent pas la marche.
Difficultés et préoccupations
4 Européens sur 10 reconnaissent subir des désagréments générés par les moyens de transport, et 7 sur 10 considèrent que la pollution atmosphérique, la pollution sonore, les embouteillages, les accidents, mais aussi les couts des déplacements constituent des problèmes majeurs. La moyenne européenne place la pollution atmosphérique comme première préoccupation (81%), suivie par les embouteillages (76%), les coûts (74%) et les accidents (73%). La Finlande se singularise avec seulement 36% des sondés se déclarant préoccupés par la qualité de l’air. En France, 83% des personnes interrogées considèrent ce sujet comme important, suivi par les embouteillages à 80%.
Comment répondre aux problématiques des transports ?
Quelles sont les solutions envisagées par les Européens afin d’améliorer la mobilité et d’atténuer les problèmes qui lui sont liés ? Pour la majorité d’entre eux, la solution la plus pertinente serait de développer l’usage des transports en commun, tout en réduisant les tarifs pratiqués. Un tiers des sondés pensent qu’une plus grande utilisation du vélo devrait être encouragée, de même que les déplacements à pied. Restreindre l’accès urbain à certains types de véhicules, tels que les camions, ou encore développer le covoiturage apparaissent aussi dans les réponses les plus fréquentes. En revanche, beaucoup s’avèrent hostiles aux péages urbains ou à la diminution des places de parking.
Des usagers peu enclins au changement
En détaillant les réponses pays par pays, les solutions suggérées par les sondés ne visent qu’à renforcer le mode de transport le plus utilisé. Les Européens seraient donc plus enclins à vouloir améliorer leur mode de déplacement habituel plutôt que de modifier leurs habitudes. Pourtant, la plupart d’entre eux sont assez pessimistes quant à l’avenir des transports. Pour les trois quarts des sondés, les conditions ne s’amélioreront pas dans les prochaines années. Pour une grande majorité, les autorités municipales sont les mieux placées pour initier et déployer les efforts afin d’améliorer la mobilité urbaine.
S’adapter aux disparités
Il est frappant de constater la diversité des situations dans les différents pays. La Finlande, par exemple, se situe à une extrémité du panel, avec beaucoup moins de problèmes liés à la mobilité que d’autre pays tels que Malte ou Chypre. Cette étude démontre donc que si des politiques visant à faciliter les transports doivent être prises par l’Union européenne, ces dernières devront être adaptées aux circonstances locales. Il est à noter que ce sondage effectué à grande échelle fait suite à la parution, en 2011, d’un livre blanc consacré à la problématique des transports. Y étaient préconisés l’élimination progressive des véhicules utilisant des énergies fossiles dans les aires urbaines, ainsi qu’une réduction drastique des émissions de CO2 dans les centres villes. Des objectifs qui seront plus difficiles à atteindre dans certains pays plutôt que d’autres.