Une ville verticale au milieu du désert ?
Une tour d’un genre nouveau abritant une ville entière pourrait voir le jour au beau milieu du désert marocain. Un projet brillant, mais qui pose de nombreux défis.
L’homme n’est décidément jamais lassé dans sa conquête continuelle pour apprivoiser et investir les territoires qui lui sont hostiles. Après le pari du tourisme spatial tenu par le géant Virgin, après le magasin Sony sous les eaux de Dubaï, après les hôtels faits de glace, les cabinets d’architectes français OXO et Nicolas Laisné Associés se lancent dans un nouveau défi d’envergure, créer de toutes pièces une ville dans le désert du Sahara.
La tour des Sables, c’est le nom donné à ce projet novateur, fruit de la collaboration entre deux cabinets d’architectes 100% français. Prévue pour être située au Maroc, en plein cœur du désert saharien, la tour d’une hauteur de 450 mètres (soit deux fois la tour Montparnasse) abritera une ville entière. Habitations, bureaux, hôtels, commerces, station météo, lieux de cultes, salles de sport, une piscine, plusieurs héliports, des jardins et même un musée du désert occuperont les quelques 780.000 mètres carrés que comptera la tour.
Le projet n’est pas seulement ambitieux au niveau structurel, il est également un réel défi artistique. Les premières images de synthèse montrent un jeu audacieux entre modernité et utilisation de matériaux traditionnels tel que le bois. Les architectes semblent vouloir jouer avec les couleurs et les lumières de manière extrême aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur de la tour, transformant les lieux de prière, les coins de détente ou encore les jardins totalement artificiels en espaces oniriques originaux. Imaginez-vous nager vers un vide illuminé, prier au beau milieu des cieux, ou encore vous ressourcer auprès d’une cascade aux mille couleurs dans un parc perché sur des pylônes invisibles. L’expérience semble pour le moins inhabituelle.
Un défi logistique inouï
Construire une ville dans le désert n’est pas sans poser certains problèmes d’ordre logistique. La tour des Sables a pour vocation d’être une ville autonome, et non un lieu de passage comme pourrait l’être un complexe hôtelier par exemple. Tous les aspects de la vie des citoyens de cette ville nouvelle sont donc à prendre en compte, à commencer par leurs besoins en eau et en énergie. Les températures extrêmes de la zone, avoisinant les 50 degrés, devront être compensées par des systèmes de refroidissement gourmands en énergie, même si la structure est pensée pour éviter au maximum les fortes chaleurs.
Si l’électricité sera produite par énergie solaire, utilisable en abondance dans cette région, la question de l’eau reste toujours une problématique majeure dans le désert. Car même si Israël a prouvé au monde (non sans quelques dégâts collatéraux) qu’il était techniquement possible de faire parvenir de manière démesurée de l’eau en zone aride, la situation hydrique du Maroc a récemment été pointée du doigt par l’ONU. Les réserves d’eaux contenues dans les nappes phréatiques du Royaume pourraient en effet atteindre un seuil critique, alors même que la consommation des ménages marocains ne cesse d’augmenter. Alimenter le désert du Sahara en eau pourrait donc s’avérer complexe, au delà des simples questions techniques.
Connecter le désert
Le projet ambitionnant l’installation d’entreprises dans ses bureaux, la tour devra être pourvue de moyens de télécommunication efficaces (Internet, téléphonie) si elle espère accueillir des entrepreneurs performants.
L’accès physique à la ville sera également un défi de taille. Les quelques héliports qui la surplomberont ne suffiront certainement pas à acheminer les matériaux nécessaires à sa construction, puis dans un deuxième temps les ressources nécessaires à la survie de ses habitants et des ses travailleurs, les denrées alimentaires qui seront servies dans les restaurants panoramiques, ainsi que les produits manufacturés qui garniront les nombreux commerces. Un réseau routier menant au cœur du désert accompagnera donc certainement ce projet de ville nouvelle qui ne peut se couper du reste du monde. L’apport en carburant sera également un défi majeur, pour alimenter les moyens de transports aériens et routiers nécessaires à la logistique de la ville. Bref à suivre…