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Traitement des déchets en Ile-de-France : modernisation et adaptabilité

Bonne nouvelle. La quantité de déchets ménagers et assimilés produits par les franciliens a diminué de 45 kg par habitant entre 2000 et 2015. Une tendance à la baisse encourageante, mais un peu ternie par les faibles performances du recyclage dans la région. Le tri du verre stagne, tout comme celui des emballages-papiers graphiques. L’Ile-de-France passe encore à côté de deux millions de tonnes de recyclage potentiel. Il reste encore beaucoup à faire pour rejoindre les objectifs fixés pour 2019 et rattraper nos voisins européens.

Entre encouragements et désillusions

Les chiffres publiés par l’Observatoire régional de déchets d’Ile-de-France sont formels : on jette moins, on réutilise, on recycle plus et mieux. Trier est devenu un acte normal pour beaucoup d’entre nous. Les comportements changent, les acteurs du recyclage se diversifient et se multiplient. « Traditionnellement, les foyers des zones rurales créent plus de déchets que ceux des zones urbaines », souligne Helder de Oliveira, directeur de L’ORDIF. Mais la tendance est entrain de changer. Paris stagne alors que la Seine-et-Marne et l’Essonne diminuent de 5 % leur ratio déchet par habitant.

Des disparités indéniables persistent entre les zones urbaines plus denses de Paris et de la Petite Couronne, où l’on compte une déchèterie pour 150.000 habitants, et les départements plus ruraux de la Grande Couronne où le chiffre s’élève à une déchèterie pour 40000 franciliens.

Paris et ses immeubles anciens souffrent d’un manque de place. 15 % des immeubles de la capitale ne possèdent toujours pas de poubelles de tri pour le papier et les emballages, 34 % sont dépourvus de bac pour le verre. Les performances de traitement des ordures ménagères restent ainsi en décalage avec les moyennes nationales et les autres métropoles européennes.

L’Ile-de-France à la traîne

Dans un rapport publié début 2018, la Cour des comptes pointait la région francilienne du doigt et ses « performance insuffisantes ». L’organisation et la coordination des organismes qui se partagent le traitement des ordures, laisse à désirer. En cause également, les collectes séparées (verres, papier, emballages) peu performantes. Les déchets sont encore majoritairement incinéré (60 %) ou enfouis (9 %), selon les chiffres de 2013. S’ils étaient correctement triés, le recyclage du papier-carton pourrait être multiplié par trois et celui des emballages plastiques par quatre,.

En 2013, seuls 26 % des ordures ménagères de l’Ile-de-France ont été recyclées, alors que la moyenne nationale est de 39 % (l’Allemagne affiche fièrement 64% et la moyenne européenne s’élève à 44 %). La région francilienne est bien loin de l’objectif de 45 % de déchets recyclés de la loi de 2009 et plus loin encore des 55 % prévue par la loi sur la transition énergétique de 2020. A Paris seul, se taux ne dépasse pas les 14% en 2015. La route est encore longue.

Des solutions existent pour le recyclage en Ile-de-France

La Cour préconise notamment de favoriser l’apport volontaire qui consiste à déposer soi-même ses ordures dans des bacs ou des déchèteries de quartier. Le développement d’une collecte séparée pour quatre types de matériaux (verre, emballages légers, papier/carton, biodéchets) et la modernisation des centres de tri pourraient également aider à améliorer les performances de tri de la région francilienne. Il faut agir sur le système de traitement mais aussi sur la population, par l’intermédiaire de campagne de sensibilisation et d’information.

Contrairement à des villes comme Montpellier, Lorient, Milan ou Barcelone, aucune filière de collecte des déchets organiques n’est organisée en Ile-de-France. Ces déchets, récoltés auprès des particuliers et des professionnels (restaurants, collectivités) représentent un quart des poubelles et pourraient être transformés en engrais naturel (compost) ou en gaz naturel (usine de méthanisation). Un enjeu de taille donc. La loi sur la transition énergétique prévoit la généralisation de ces collectes pour 2025.

Modernisation et l’adaptabilité du système de collecte et de traitement des ordures

La réduction des déchets ménagers en Ile-de-France passe indéniablement par la modernisation et l’adaptabilité du système de collecte et de traitement des ordures. Le changement des mentalités et des comportements des franciliens est lui nécessaire à un tri efficace en amont de la chaîne de traitement. Et si nous considérions nos déchets comme la matière première du XXIe siècle ? Nul doute qu’on en parlera le 18 mars, lors de la journée mondiale du recyclage.