Toyo Ito, architecte japonais atypique et inspiré
Il est des hommes qui façonnent nos villes, pensent notre futur. Toyo Ito, poète-architecte, en est un de cela. Récemment couronné du prix Prizker, ce révolté s’insurge contre le développement des villes actuelles.
Né en 1941 en Corée (Japonaise), il poursuivra des études d’architectures à l’Université de Tokyo et en sortira diplômé en 1965.
Toyo Ito, est un aventurier, son œuvre est inclassable. Il adopte des formes informelles du raide au rond. Il impose à ses structures des parties fixes ou modulables, suspendues ou accrochées, en métal ou tout autre matériel qu’il ne s’interdit absolument pas. Pour lui nos villes actuelles ne sont qu’enchevêtrements d’infrastructures massives et bétonnées délaissant ses habitants sans lieux de vie et d’échanges.
Décoré de nombreux prix internationaux, c’est en 2013 qu’on lui attribuera le prix Pritzker considéré comme le Prix Nobel d’architecture. Le jury a choisi de de récompenser ce créateur suite à un constat simple : il a été capable de produire un corpus d’ouvrages qui mêle innovation conceptuelle et bâtiments superbement exécutés. Comme disait un membre du jury : « c’est un créateur de bâtiments intemporels, qui sait imprégner ses conceptions d’une dimension spirituelle et dont la poésie transcende toutes les œuvres ».
De quoi prendre la grosse tête ? Toyo Ito déclara, à l’annonce de son prix, qu’il ne sera « jamais satisfait » par ses œuvres et c’est pourquoi, il ne figera jamais son style architectural.
Son Idée de l’Architecture
Suite au Tsunami de 2011, révolté et écœuré par les politiques de reconstructions mises en place, il s’insurge et essaye d’y apporter un peu d’humanité. Combattant infatigable, il affine chaque jour sa vision de l’architecture en y mettant l’homme au centre.
Architecte de l’essentiel à l’âme d’enfant qui apprécie Gaudi, sa vision est en totale opposition avec l’idéologie moderne appliquée à l’architecture urbaine contemporaine.
Des villes trop peu focalisées sur l’Homme et ses besoins, mettant en avant des espaces modélisés uniques et retranscrits à l’infini dans les villes du monde entier ou isolement et hyper-sécurité sont de mise. Pour Toyo ito, l’Homme a besoin de vivre proche de la nature et de ses semblables.
Il rêve d’une architecture où l’Homme est au centre des villes. L’idée d’une architecture libre s’inspirant des engins de l’espace ou du Japon ancestral, des composants électroniques ou des cérémonies traditionnelles, de ce qui est actuel comme de ce qui est naturel, en imaginant des procédés techniques parfois peu communs.
L’Architecture et la métaphore
Il pense son architecture comme un jardin sonore : « Au lieu de scènes clairement articulées comme les espaces d’un bâtiment, j’essaie de créer des scènes qui glissent les unes vers les autres. Cet espace est proche d’un environnement de sons ».
Selon Toyo Ito « L’architecture qui reflète seulement la réalité n’est pas ce que j’appelle architecture ». « Lorsque l’on regarde un fleuve on s’aperçoit qu’il est traversé par des courants contraires qui n’ont pas la force de s’opposer à lui mais qui existent » explique l’architecte. « Cela engendre des tourbillons, des zones distinctes et mobiles qui se déplacent dans le sens de la rivière sans cesser d’être elle-même. La ville est la matière même du fleuve. L’architecture consiste alors à créer des tourbillons éphémères qui n’ont de forme que par le mouvement ».
On comprendra maintenant son surnom de « Poète des Vents et de la Lumière ». C’est sûr ! Avec Toyo Ito, un peu de folie souffle sur les mégalopoles modernes !