Tour M6B2 : Paris biodiversifiée, Paris libérée
Meurtries par la pollution, les villes sont tenues d’innover pour favoriser la biodiversité et préserver la qualité de vie de leurs habitants. Ainsi à Paris, une agence d’architecture française a créé la tour de la biodiversité M6B2 : une « tour semencière » innovatrice conçue pour diffuser des semences à travers la capitale. Elle fait partie de ces nouveaux projets destinés à améliorer la qualité de vie des citadins.
Des villes de plus en plus impliquées dans le développement durable
Face à l’inertie des Etats, à la montée du climato-scepticisme et au nombre de décès toujours plus élevé (plus de 48.000 morts par an en France à cause de la pollution selon l’agence Santé publique France), certaines villes se mobilisent.
Ainsi en 2005 plusieurs métropoles, dont Paris, ont créé le C40 : un réseau de villes qui a pour objectif de lutter contre le dérèglement climatique. En 2016, Anne Hidalgo a été élue présidente de ce réseau. Sa ville, Paris, fait figure de pionnière dans les projets d’innovations dans le développement durable avec la mise en place de projets tels que la récente piétonisation des berges de Seine, la multiplication des stations Autolib et Vélib ainsi que le lancement de bateaux-taxis sur la Seine à l’horizon 2017.
Ces divers projets témoignent de la volonté de la maire de Paris de diminuer la pollution dans une capitale très touchée par la dégradation de la qualité de l’air, avec très récemment un pic de pollution d’une semaine ayant atteint une pointe à près de 146 microgrammes/m3 le 1er décembre 2016 (le seuil d’alerte étant fixé à 80 microgrammes/m3).
Une innovation au service de la biodiversité
L’agence d’architecture parisienne Maison Edouard François a récemment créé une « tour de la biodiversité » en plein Paris. Ce projet, prévu rue Albert Einstein dans le XIIIe arrondissement, vise à concilier accroissement du parc immobilier urbain et développement de la biodiversité.
Le concept est simple : intégrer, dans les 50 mètres de la façade de la tour, des graines collectées dans la région parisienne pour permettre la diffusion de celles-ci dans la métropole. En fleurissant et en se développant, ces plantes pourront à leur tour diffuser des grains avec l’aide du vent et ainsi permettre d’augmenter la biodiversité dans la capitale.
Considérée comme extrêmement innovante, cette tour est en réalité une transposition en ville de ce qui peut être trouvé à l’état naturel. Le bâtiment est recouvert de tubes permettant de reproduire des failles rocheuses qui permettent aux plantes de se développer en y fixant leurs racines. L’objectif principal de cette « tour semencière » est d’incarner l’expression du désir de nature en ville. Elle permettra de favoriser l’accroissement urbain tout en respectant l’environnement.
Après le plan anti-pollution de la ville de Paris qui comprend notamment la circulation alternée en cas de pic de pollution, la maire cherche à faire de Paris une « ville exemple » dans le domaine de l’environnement. Ainsi d’autres villes très polluées, en particulier en Chine et en Inde (régions les plus touchées au monde par la pollution aux particules fines), pourraient être tentées à l’avenir de s’inspirer de ces divers projets Parisiens pour diminuer leur pollution.
Tour de la biodiversité M6B2 : une architecture peu esthétique
Cependant, ce projet de « tour verte » se heurte à la réticence de certaines personnes concernant son intégration dans l’architecture parisienne. En effet, le style traditionnel haussmannien ne se marie pas nécessairement avec un tel « géant vert ». De plus le projet bénéficie d’une dérogation exceptionnelle lui autorisant à dépasser le plafond des 37 mètres de hauteur.
La nécessité de préserver l’environnement et la qualité de vie des résidents urbains conduit forcément à s’interroger sur les priorités à mettre en œuvre. Anne Hidalgo devra faire le choix entre favoriser l’écologie au détriment du style parisien ou préserver le style parisien au détriment de la qualité de vie.