Des téléphériques urbains en Ile de France d’ici cinq ans
Le transport en milieu urbain est un véritable casse-tête pour les élus. Il est aussi un cauchemar pour les usagers et soulève de nombreuses problématiques d’environnement et de pollution. Le téléphérique urbain pourrait-il être une solution d’avenir ?
C’est en tout cas l’opinion de Valérie Pécresse, présidente de la Région et du Syndicat des transports d’Ile de France (Stif). « Je veux me faire l’avocate des téléphériques urbains! » déclarait-elle début septembre au JDD. Dans cette interview, la présidente confirme sa nouvelle stratégie de développement du câble pour la région parisienne.
Jusqu’à présent le Stif, à l’instar de nombreuses régions françaises, avait tout misé sur le tramway, mode de transport intéressant mais présentant certains points faibles, explique la présidente. Il coûte cher, est long à construire et ne peut pas passer n’importe où. Quant aux bus, ils sont tributaires du trafic et restent souvent bloqués dans les bouchons, d’où des temps de transport peu fiables pour l’usager. « C’est pourquoi, il faut innover, inventer de nouvelles solutions. »
Un premier téléphérique en 2021
Selon Valérie Pécresse, le téléphérique est une alternative pleine d’avantages. Deux fois plus rapide à installer, il franchit les obstacles et permet de transporter 5.000 personnes par heure dans chaque sens, sans attente et avec un temps de parcours défini. Les arguments avancés par la présidente sont en effet prometteurs. Qui plus est, en matière d’environnement, le transport par câble est silencieux, régulier et propre.
Le premier projet entériné par le Stif est un téléphérique qui devrait être mis en service en 2021 dans le Val-de Marne. Il reliera Créteil-Pointe-du-Lac et Villeneuve-Saint-Georges, soit 4,5 km, en dix-sept minutes, contre quarante-cinq en transports en commun à ce jour. Sur le parcours, il fera escale à Limeil-Brévannes ainsi qu’à Valenton.
Quatorze-mille voyageurs par jour
Ce téléphérique précédemment nommé Téléval a été rebaptisé Cable A. Chaque cabine pourra accueillir dix passagers et, à raison d’une cabine toutes les trente secondes, il pourra transporter jusqu’à 1.800 passagers à l’heure à une vitesse de 22 km/h. Sa fréquentation potentielle est évaluée par le Stif à 14.000 voyageurs par jour.
Le Stif étudie actuellement une douzaine d’autres projets en Ile de France parmi lesquels la liaison Pont-de-Sèvres – Vélizy. Comme l’explique l’ex-ministre, la N118 est totalement paralysée aux heures de pointes. Or il est impossible d’agrandir la route ni de créer un tramway. Le téléphérique permettrait de délester la route et de résoudre ces contraintes.
La présidente du Stif prévoit de sélectionner trois nouveaux projets d’ici fin 2017. Ce qui laisse une bonne année pour faire baisser les coûts, calculer la rentabilité de chacun des projets et vérifier qu’ils englobent les infrastructures nécessaires tels les parkings et interconnexions avec les autres moyens de transport.
Un premier téléphérique urbain à Brest
Pour permettre à ce projet de voir le jour, il reste juste quelques aspects juridiques à résoudre quant au survol de zones classées sensibles. Mais selon Valérie Pécresse ils sont en passe d’être réglés. En cela, la loi de transition énergétique votée en février dernier par Ségolène Royal est arrivée à point nommé. Cette nouvelle loi instaure en effet des servitudes d’utilité publique pour le câble urbain, faisant disparaître du coup les menaces d’expropriation des habitants survolés.
Si l’idée est nouvelle en France, où le téléphérique a jusqu’ici été cantonné aux stations de sport d’hiver, le transport par câble est déjà utilisé dans de nombreuses grosses métropoles comme Londres, Barcelone, ou encore New York. Le Metrocable de Medellin (Colombie), l’un des pionniers du téléphérique urbain, transporte 3.000 passagers par heure et par sens à une vitesse de 16 km/h depuis 2004.
Le premier téléphérique urbain français devrait être inauguré à l’automne 2016 à Brest, où il permettra de traverser la rade. En attendant 2021 pour en expérimenter ses bienfaits dans la région parisienne.