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Singapour, cité de la Renaissance asiatique

Singapour, cité-Etat multiculturelle et cosmopolite, devient en quelques années la nouvelle plaque tournante de l’art en Asie.

Depuis son indépendance en 1965, Singapour connaît un développement impressionnant. Misant d’abord sur l’économie, le logement et la finance pour développer sa croissance, c’est désormais vers le marché de l’art que la petite Suisse de l’Asie du Sud-Est s’oriente. Multiculturelle et cosmopolite, sa position stratégique et son fulgurant essor font d’elle un emplacement de premier ordre pour accueillir des événements artistiques de grande ampleur. Héritière d’une Renaissance en terres asiatiques, la cité-Etat devient la nouvelle plaque tournante de l’art, jonglant entre politiques culturelles, enseignements artistiques et événements mondiaux. Singapour l’avant-gardiste, Singapour l’audacieuse, Singapour capitale des arts, la cité-Etat ne cesse pas de faire parler d’elle.

Depuis 30 ans environ, la politique culturelle singapourienne se développe exponentiellement. Depuis les années 80, la sphère artistique est un enjeu déterminant pour cette petite Suisse de l’Asie du Sud-Est, multiculturelle et multiethnique. En effet, Chinois, Malais et Indiens peuplent majoritairement Singapour, ne possédant pas moins de quatre langues officielles : le mandarin, l’anglais, le tamoul et le malais. La politique culturelle déployée vise alors à créer une harmonie culturelle entre ces différentes ethnies. C’est la récession de 1985 qui va régenter le secteur de l’art, l’intégrant à celui du tourisme.

Sa croissance économique redevenue prospère, la cité-Etat accroît ses infrastructures culturelles et ses activités artistiques de 150% entre 1989 et 1998. Ainsi, de nombreux musées fleurissent au sein de la ville, tels que le SAM (Singapore Art Museum) en 1996 ou l’ACM (Asian Civilisations Museum) l’année d’après. Quelques expositions ont également pu asseoir la notoriété de la scène artistique singapourienne, à l’instar du vernissage d’ « Eternal Egypt, Treasures from the Britih Museum » en 1999. Il s’agit d’un véritable boom artistique ouvrant la voie à l’art en Asie. Même si la Chine a été la première à le faire, son manque d’infrastructures lui fut fatal. C’est Singapour qui prend alors le relais, devenant la nouvelle plaque tournante de l’art en Asie.

Singapour : une Renaissance asiatique

Grâce aux politiques culturelles de la cité-Etat et de ses nombreux investissements, Singapour prétend dès le début des années 2000 au rang des villes mondiales de l’art, notamment de l’art contemporain. Un rapport du ministère de l’Information, de la Communication et des Arts (MICA) est édité sous le nom de « Renaissance City Report : Culture and the Arts in Renaissance Singapore », insistant sur le fait que Singapour pourrait devenir ni plus ni moins la ville d’une Renaissance sud-asiatique. S’exportant à l’étranger pour exposer dans des biennales européennes, c’est finalement en 2006 que la cité-Etat crée la sienne.

Aucunement intimidée par ses consœurs occidentales, Singapour va inaugurer cette année même sa National Art Gallery, qui exposera de nombreuses œuvres asiatiques du XIXème siècle. Sa position avantageuse en Asie du Sud-Est permet à Singapour d’offrir l’opportunité aux pays voisins, en manque certain d’infrastructures adéquates, de pouvoir exposer et de se faire connaitre. Enfin, grâce à sa diplomatie culturelle, Singapour encourage les scènes locales à s’exporter vers l’international, lui offrant une notoriété certaine à l’étranger.

L’enseignement artistique, point d’honneur de la politique culturelle singapourienne

Si l’éducation à Singapour a longtemps mis en avant les sciences et la finance, c’est désormais vers le milieu artistique qu’elle tâche de s’orienter. Les étudiants, premières cibles de cette politique culturelle, sont visés afin de développer une sensibilité artistique nécessaire au développement d’infrastructures culturelles. Tout est mis en œuvre pour séduire les jeunes gens et leurs apporter l’un des meilleurs enseignements qu’il soit. Ainsi, de nombreux établissement proposent des enseignements artistiques de qualité, plus ou moins renforcés selon le cursus académique choisi. Parmi les plus connus, citons le SOTA, collège spécialisé équipé d’infrastructures modernes ou encore le National Arts Council, organisation gouvernementale promouvant l’art à Singapour. De nombreuses subventions de l’Etat sont également attribuées aux établissements afin de développer l’enseignement des arts dans toute la ville.

Encore quelques défis de taille

Même si, à l’instar de ses homologues Beyrouth, Lagos, New Delhi ou encore Bogota, Singapour apparaît comme une scène culturelle avant-gardiste du XXIème siècle, quelques obstacles pourraient obstruer son ascension vers le statut de capitale de l’art. En effet, une concurrente de taille lui fait de l’ombre, sa rivale asiatique Hong Kong, qui aspire aux mêmes développements considérables en termes d’événements et d’infrastructures. D’ailleurs, la foire internationale d’art contemporain de cette-dernière attirait l’an passé plus d’exposants que la petite Suisse asiatique. Ajoutons également que les dates de la foire d’Hong Kong vont se voir être déplacées antérieurement à celles de Singapour. Cette concurrence pourra lui être considérablement défavorable, les collectionneurs étant forcés de choisir entre l’une ou l’autre.

Pour finir, un autre problème de taille pourrait handicaper Singapour quant à ses ambitions artistiques mondiales, celui de la censure. En 1993, la cité-Etat a banni une performance controversée de l’artiste Joseph Ng, en prohibant par la suite toute subvention octroyée aux performances et en votant une loi obligeant les artistes à obtenir une autorisation officielle de diffusion. Cette règle tend (difficilement) à disparaître depuis une dizaine d’années.

Singapour, par son audace, sa politique culturelle et ses ambitions, tend à devenir la nouvelle plaque tournante de l’art en Asie. Après New-York, Londres, Paris ou encore Tokyo, la cité-Etat propose un large panel artistique visant à promouvoir la culture asiatique et devient, de ce fait, précurseur dans ce domaine. Reste à savoir si ce dragon asiatique ne se brûlera pas les ailes dans cette ruée vers l’art !