Le réseau de bus de la couronne parisienne s’ouvre à la concurrence en 2021
À compter de 2021, les réseaux de bus en Île-de-France vont devoir effectuer une refonte de leur système économique. Cela se traduira par une ouverture à la concurrence. Et déjà certains candidats dénoncent un favoritisme envers les grands acteurs qui ont actuellement la mainmise sur la grande couronne parisienne.
Diviser pour mieux régner
Aujourd’hui, la région francilienne dépense quelques 2,3 milliards d’euros chaque année pour que son réseau de bus fonctionne efficacement. Un réseau divisé en deux sections: celui de la RATP, à Paris et en proche banlieue, et celui de l’association Optile pour la grande couronne. Ce réseau regroupe en fait près de 140 contrats pour un total de 900 millions d’euros de chiffre d’affaires. Jusqu’en 2018, environ la moitié de ces contrats étaient attribués à Transdev, suivis de Keolis et de la RATP.
Mais dans moins d’un an, ce réseau Optile va être divisé en 39 lots par le syndicat Île-de-France Mobilités (IDFM). Ces 39 lots sont censés correspondre à des «bassins de vie», de tailles différentes, pour permettre à des PME de transports d’avoir leur chance face aux grands groupes. Le premier appel d’offres date de 2018, et devra être opérationnel dès le 1er janvier 2021. IDFM a depuis enchaîné les appels d’offres, et continuera jusqu’en 2021.
On prend les mêmes et on recommence?
Pourtant, même si de plus petites entreprises pourront effectivement enchérir sur les lots, il est fort probable que ce soit encore les grands groupes qui en profitent le plus. Que ce soit Thierry Mallet, PDG de Transdev ou celui de Keolis, Jean-Pierre Farandou, tous deux ont déjà annoncé qu’ils se positionneraient sur plusieurs lots. Et bien sûr, la RATP sera également en lice via de nouvelles filiales. On imagine même qu’elle est d’autant plus motivée depuis qu’elle sait qu’elle perdra son monopole à Paris dans quelques années avec une ouverture à la concurrence pour les lignes de bus prévue au 31 décembre 2024.
Pour simplifier les éventuels transferts des travailleurs a été promulguée la loi d’orientation des mobilités (LOM) en décembre dernier. Un détail d’importance dans ce texte de loi traite du maintien de la plupart des avantages accordés aux employés de la RATP. Un maintien tout à fait naturel pour Catherine Guillouard, actuelle PDG de la Régie des transports parisiens. «C’est justifié par des conditions d’exploitation tout à fait spécifiques à Paris et à la petite couronne», avait-elle déclarée l’an dernier.
Cependant, ce qui fait grincer les dents de la future concurrence, c’est qu’en cas de refus du transfert d’un employé de la RATP, cette personne serait licenciée aux frais de son «nouvel ex-employeur» pour ensuite être de nouveau employé, vu le manque flagrant de chauffeurs dans la grande comme dans la petite couronne. Un traitement de faveur qui, pour certains, « frôle l’injustice » et uniquement valable pour les chauffeurs de la RATP, « alors qu’un chauffeur travaillant pour Optile fait exactement le même métier, et pas nécessairement dans les quartiers les plus faciles ». La bataille pour les réseaux de bus en Île-de-France risque donc d’être mouvementée !
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