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« Réinventer Paris 2 » : sous les pavés, l’avenir

Les 20 projets lauréats du concours « Réinventer Paris 2 », lancé par la Mairie de Paris, ont été dévoilés le mardi 15 janvier par Anne Hidalgo et Jean-Louis Missika, adjoint au maire chargé de l’urbanisme. Intitulé « les Dessous de Paris », il fait appel à la créativité d’équipes venues du monde entier pour repenser un espace immobilier original et exploiter les sous-sols de la capitale. Après avoir été délaissés pendant des années, stations de métro, tunnels ou parkings désaffectés deviennent des lieux hybrides offrant activités originales ou projets sociaux innovants aux Parisiens.

Inventer le Paris de demain…

217 projets ont été présentés pour cette seconde édition du concours qui a suscité l’engouement. « Réinventer Paris 2 » constitue une « étape–clé pour Paris » selon Anne Hidalgo. 34 sites patrimoniaux insolites, dont 26 sont souterrains, ont été proposés pour créer des lieux hybrides, mutualistes et respectueux de l’environnement réhabilités à travers des projets à dominante culturelle, événementielle ou productive.

Ces projets urbains innovants sont le fruit d’équipes pluridisciplinaires venues du monde entier. Architectes, urbanistes, promoteurs, designers, artistes, sportifs ou encore collectifs de citoyens ont travaillé à la réhabilitation de 200.000 m2 d’espaces abandonnés, afin de les réintégrer dans le paysage urbain. Ils explorent des facettes encore sous-estimées de la ville et font face à de véritables défis architecturaux : apporter de la lumière naturelle, créer une synergie et assurer une continuité entre la surface et le sous-sol.

Paris envie Montréal, l’exemple type de la ville qui a investi ses sous-sols avec succès. « Accueillant une grande diversité d’activités (commerces, théâtre, bureaux…), les espaces souterrains n’ont pas été conçus comme une ville à part. On peut aisément passer de la surface au sous-sol », souligne Michaël Doyle, chercheur américain au Laboratoire d’économie urbaine et de l’environnement, qui a étudié la connectivité entre les deux espaces.

… En réhabilitant le Paris d’hier

« Les sous-sols ont longtemps été des endroits que l’on cachait, ayant une fonction strictement de service. Mais cette vision est en train de changer » assure Jean-Louis Missika. Anne Hidalgo insiste et affirme que ces projets « requièrent des modèles économiques et des programmes d’un nouveau genre ». L’Hôtel de Fourcy dans le 4e arrondissement, abriterait ainsi un projet de résidence sociale et de gîte solidaire, et le viaduc de la ligne 6 du métro aérien, dans le 13e arrondissement, deviendrait le premier site d’escalade en extérieur de Paris.

La municipalité, qui met à disposition les sites mais ne finance pas les projets, compte révéler le potentiel inexploité de la capitale et faire de Paris, tout comme Montréal, une référence dans l’aménagement des sous-sols. Les Réservoirs de Passy, dans le 16e arrondissement, abriterait des halles dédiées à l’alimentaire ainsi qu’une fosse de plongée. « Ces projets sont particulièrement originaux dans la mesure où la plupart des sites ne sont pas des terrains immobiliers classiques », explique Anne Hidalgo.

La lumière : la clé du succès

« Une vraie réflexion sur les sous-sols est d’autant plus nécessaire qu’à Paris, ils ne sont pas reliés entre eux et n’ont que peu d’accès à la surface », souligne l’adjoint au maire. Le plan local d’urbanisme de Paris (PLU) a été modifié en juillet 2016 pour pouvoir creuser le sol afin d’amener la lumière en souterrain. Associés dans l’inconscient collectif à l’obscur et à l’inconfort, il faut en effet aux équipes de ces vingt projets, les moyens d’en faire des espaces lumineux et accueillants.

Michaël Doyle, quant à lui, en est persuadé : la mise en valeur des sous-sols est une des solutions pour assurer un développement durable de la ville. On évite ainsi de densifier en surface, en rognant sur les terres environnantes (dont celles de nature agricole) ou en construisant en hauteur.

Les projets de « Réinventer Paris 2 » vont donc, on l’espère, certainement permettre de gérer un inéluctable développement de Paris tout en préservant son aspect extérieur et son architecture patrimoniale.