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Quelle place pour la surveillance numérique en France ?

En 2013, le lanceur d’alerte Edward Snowden expose au monde les abus de la surveillance numérique aux Etats-Unis au péril de sa propre vie. L’opinion publique s’inquiète alors des dérives de ce procédé. La surveillance numérique devient un véritable sujet à débat. Prévention contre la délinquance pour certains, atteinte à la vie privée pour d’autres, les avis sont partagés.

La surveillance numérique dissimule un ensemble de procédés divers. Ce simple terme englobe une multitude de pratiques pas toujours bien comprises, gonflant les polémiques et les fantasmes sur ce que certains nommeraient le « Big Brother ». Mais qu’est-ce qui se cache vraiment derrière ce terme?

La surveillance de masse dans la sphère publique se développe depuis une quinzaine d’année en France. En effet, un certain nombre de communes a déjà fait le choix d’installer un dispositif de vidéosurveillance dont le but est de prévenir la délinquance. Ainsi en 2015, plus de 2.000 communes possédaient ce système, Nice étant en tête avec une caméra pour 343 habitants.

Les limites d’un procédé contesté

De nombreuses petites communes sans véritable problème de délinquance s’arment désormais de cet outil. Le but recherché ? Rassurer la population plus que de véritablement prévenir la délinquance. La limite rencontrée par ce système est la délocalisation des lieux dits à problème (à l’instar des zones de trafic de drogue) à l’extérieur des zones surveillées. Écarter le problème plutôt que le résoudre, voilà l’argument de ses détracteurs.

Mais une percée technologique pourrait en améliorer l’impact. La vidéosurveillance intelligente est en passe de changer la donne. En effet, plus qu’une simple surveillance par caméra, elle permet la reconnaissance faciale, les mouvements de foule inhabituels ou encore la présence d’un colis suspect. Le département des Yvelines (78) en est un précurseur, mais a dû débourser plus de 13 millions d’euros pour installer cette nouvelle technologie. Reste à en connaître l’efficacité.

La surveillance numérique : ennemie de la vie privée ?

La France, à peine sortie de l’état d’urgence qu’elle a instauré entre 2015 et 2017, défend de nouveaux modes de surveillance numérique, relativement contestés. Le but est avant tout de prévenir de nouveaux attentats dans un pays traumatisé par diverses attaques terroristes. Ainsi, la mise sous surveillance d’un individu est désormais facilitée, ainsi que le suivi (si besoin) de ses proches. En effet, tout individu suspecté de recherches ou d’approches vers des groupuscules considérés comme dangereux (islamistes radicaux, anarchistes, hooligans…) ou faisant l’apologie du terrorisme pourra être suivi, voire fiché S. De nombreux détracteurs à cette loi antiterroriste, dénoncent le caractère trop « subjectif » et flou des appréciations menant à la surveillance de tel ou tel individu.

La boîte noire, nouvel enjeu de la surveillance numérique

Algorithme rassemblant les données considérées comme « menace terroriste », le système des boîtes noires est officiellement mis en place en France depuis la fin de l’année 2017. Regroupant les métadonnées de tous les citoyens français, elles sont considérées comme le moyen de surveillance le plus important déployé par les services de renseignement. Elles établissent les informations relatives au renseignement (horaire, adresse) sans jamais en déballer le contenu. Leur mise en service récente ne permet pas pour le moment d’avoir de résultats concrets mais cette méthode fait déjà l’objet de polémiques. En effet, les défenseurs des libertés individuelles y voient une atteinte à la vie privée. D’autant plus qu’il est difficile de savoir qui du fournisseur ou de l’hébergeurs d’Internet a mis en place ces boîtes noires.

La surveillance numérique promet aux citoyens la sécurité du territoire, mais qu’en est-il vraiment ? Maryse Artiguelong, vice-présidente de la Ligue des droits de l’homme, affirme qu’il n’y a pas de véritable efficacité dans la surveillance numérique qui, de surcroît, est extrêmement coûteuse. La solution serait, selon elle, « plus de policiers sur le terrain », en infiltration. Cela permettrait également d’avoir moins d’impact dans la vie privée des individus.