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Quel projet pour un nouveau Roland-Garros ?

Roland-Garros est au centre d’une polémique. A cause de la fréquentation toujours plus importante dans les stades et des contraintes imposées par l’organisation de ce tournoi du Grand Chelem, le site doit s’étendre. Oui ! Mais comment ? Le débat a été long, deux camps se sont opposés et cette fois-ci, contrairement à un match de tennis, la fin de partie a été sifflée par l’arbitre. Retour sur des années d’atermoiements.

Un feuilleton dans le dossier de l’extension du stade de Roland-Garros vient de s’achever. En effet, le Premier ministre, Manuel Valls vient de signer la fin de la partie, en accordant les permis de construire tant attendus par la Fédération française de tennis (FFT). Roland-Garros, tournoi du Grand Chelem de tennis depuis 1928, a déjà vécu de nombreuses extensions, la dernière datant de 1991. Le résultat : le site s’agrandit vers l’ouest. C’était Philippe Chatrier qui était président de la fédération à ce moment-là. En 2006, les autorités du tennis français évoquent la possibilité du développement du site dans le cadre de l’organisation des Jeux Olympiques de 2012 à Paris. A cette époque, l’idée retenue et défendue par le président Christian Bîmes, est la couverture partielle de l’autoroute A13, qui longe le nord du site. Paris n’a pas été retenu, le dossier de l’extension est oublié. Mais seulement pour cinq ans. En effet, c’est en 2011 qu’il est acté que pour rester un tournoi du circuit du Grand Chelem, Roland-Garros doit se développer, et pour la Mairie de Paris, il est indispensable que le tournoi reste dans la capitale.

Les forces en présence

Quelles sont les options possibles ? Comment développer le site ? Roland-Garros est situé à l’ouest de Paris, au sud du bois de Boulogne, au niveau de la porte d’Auteuil. Il est délimité au nord par le boulevard périphérique puis l’autoroute A13, à l’est par les Jardins des Serres d’Auteuil et le boulevard d’Auteuil au sud. La FFT, après avoir défendu le projet de recouvrement de l’autoroute en 2006, opte, avec son nouveau président Jean Gachassin, pour une extension au niveau des Serres d’Auteuil. Cette option est soutenue par la Mairie de Paris, propriétaire des lieux. En face, les opposants, composés d’associations de riverains, soutenus par le groupe Europe-Ecologie Les Verts et la ministre du Développement durable Ségolène Royal, considèrent qu’il faut éviter à tout prix d’endommager le site des Jardins des Serres d’Auteuil et son jardin botanique et ainsi proposent d’étendre le site au-dessus de l’autoroute. La situation devient de plus en plus tendue, d’autant qu’en 2014 Paris dépose sa candidature pour les Jeux Olympiques de 2024. L’agrandissement du site de Roland-Garros devient indispensable. Par ailleurs, la fréquentation est de plus en plus importante. En 2015, à la fin du tournoi, on compte 463 328 spectateurs, contre 428 561 cinq ans plus tôt.

Jeu, set et match

Les choses s’accélèrent en 2015. En février, Ségolène Royal commande un rapport au Conseil général de l’environnement et du développement durable. Trois mois plus tard, le cabinet Egis, choisi et financé par la FFT, rend ses conclusions à la Mairie de Paris. Le 28 mai, le Conseil de Paris, assemblée délibérante du département parisien, demande, sous l’impulsion du groupe écologiste, un complément d’un cabinet indépendant. Gilbert Ysern, le directeur général du tournoi, s’impatiente et prévoit, très inquiet, la mort imminente du tournoi si les choses n’avancent pas rapidement. C’est dans ce contexte que le 3 juin, Manuel Valls annonce que l’Etat va très prochainement donner son accord au projet soutenu par la FFT, en délivrant des permis de construire. Deux camps sont donc restés face à face et l’extension du site de Roland-Garros se retrouve au centre d’un match éminemment politique, opposant notamment le Premier ministre et la ministre du Développement durable.

Le projet en détails

La proposition de la FFT est la suivante : passer de 20 courts à 18, augmenter les espaces de circulation en détruisant le court n°1 et en installant une zone de passage sur l’avenue Gordon-Bennett et construire un court semi-enterré de 5000 places dans la partie sud des Jardins des Serres d’Auteuil. Ce projet a donc l’ambition d’étendre la superficie totale du site de 5 hectares : passant de 8,5 à 13,5. Le projet prévoit également un autre court supplémentaire, au niveau du Fonds des Princes, situé à l’extrémité ouest du site. Les travaux permettront également de construire un toit rétractable sur le court Philippe-Chatrier, qui pourra accueillir jusqu’à 15000 spectateurs. Les travaux, estimés à 340 millions d’euros, doivent commencer en fin d’année 2015 et s’achever en 2019. Les fans de tennis peuvent se rassurer : tout est expliqué en images et vidéos sur le site web mis en ligne par la FFT : nouveaurolandgarros.com. Un nouveau Roland-Garros mais toujours sur terre battue !