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Panorama des jardins urbains les plus improbables

C’est désormais un grand classique de la végétalisation urbaine : les jardins sur toit, qu’ils soient décoratifs ou potagers, constituent la canopée de nombre d’immeubles. Leurs avantages sont certains : aux vertus dépolluantes s’ajoute la création ainsi que le maintien d’un véritable écosystème au sein de nos agglomérations. 

Il en va ainsi du toit des célèbres Galeries Lafayette, dont les 1000 m² accueillent depuis 2015 fraisiers, framboisiers et plantes aromatiques en plein cœur du IXe arrondissement parisien. En Haute-Garonne, entre Toulouse et Montauban, ce sont des ruches qui ont fleuri sur le toit d’un supermarché de Bouloc. 80.000 abeilles y produisent un miel paraît-il onctueux et vendu sur place. 

Des toits pas comme les autres

A Cambridge, dans le Massachussets, c’est une étonnante installation qui surplombe l’immeuble du Whitehead Institute : un superbe jardin mélangeant influences zen et Renaissance, entièrement constitué de plantes… en plastique. Les chercheurs en biologie médicale y travaillant ont ainsi tenu à avertir le public des dangers liés aux manipulations génétiques. A Tokyo, le jardin situé au sommet de l’hôpital St. Luke fait partie intégrante de la thérapie destinée aux patients. Il convient aussi de ne pas omettre les toits des habitations de nos animaux préférés : dans le Maine, c’est sur une niche qu’un mini-jardin a été installé. 

Rien ne s’oppose non plus à la création d’espaces verts mobiles, comme c’est le cas à Madrid où les plantations ont envahi les toits des bus et abribus de la ville. Si l’intérêt esthétique de ces jardins placés en hauteur est assez minime, son intérêt écologique, lui, s’avère immense. Les 1900 bus madrilènes constituant un espace de 20.000 m², peuvent absorber pas moins de 400 tonnes de CO2 chaque année.

Du sol au plafond

Mais les jardins urbains les plus insolites ne se situent pas que sur les toits. Ils peuvent aussi partir à la conquête des façades, comme sur celle du musée du quai Branly. Le bâtiment parisien accueille sur ses murs plus de 15.000 plantes, dont les 150 variétés viennent du monde entier. Conçus pour absorber chaleur et CO2, ces murs végétaux fleurissent sur des constructions aussi variées que des gratte-ciels, des centres commerciaux ou des habitations particulières. Et même des aéroports, comme c’est le cas à Singapour. 

Les caves ne sont pas en reste, alimentées par la lumière d’ampoules reproduisant le spectre solaire. C’est ainsi que les 300 m² de sous-sols abandonnés d’une ancienne banque tokyoïte ont été transformés en ferme urbaine produisant laitues, haricots et riz. 

D’autres lieux encore plus inattendus

A Eureka en Californie, ce sont 35 espèces hautement toxiques et vénéneuses qui ont été plantées, amoureusement entretenues par un couple de libraires retraités. L’exact contraire de ce qui se pratique à l’hôpital Bethlehem de Pennsylvanie, dans le jardin duquel poussent les traitements phytothérapeutiques des patients. 

En Angleterre, la cathédrale de York s’est parée, pour le jubilé de la reine, d’une pelouse d’un vert éclatant recouvrant les 1400 m² de son intérieur. Enfin, terminons ce tour d’horizon des jardins urbains les plus improbables par celui de Bilin, petit village palestinien proche de Ramallah, où une femme a à elle seule récupéré des centaines de grenades lacrymogènes pour y planter des fleurs. De l’autre côté de la frontière, un artiste israélien sculpte quant à lui des roses en métal dans les roquettes qu’il récolte. Preuve que les jardins urbains, même les plus improbables, ne sont jamais dénués de signification.