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Modes de transports collaboratifs, attention aux dérives !

L’affaire opposant la société de voitures avec chauffeur Uber et les taxis français n’est qu’un signe de la remise en question généralisée de nos modes de transport. Les systèmes de transport collaboratifs sont divers et variés : co-voiturage, location de voiture entre particuliers, ou encore UberPOP qui, avant d’être déclaré illégal, permettait à n’importe quel citoyen de devenir taxi le temps d’un trajet. Entre concurrence déloyale, écologie et travail dissimulé, les législateurs sont désorientés.

La location de voitures privées, principes et intérêts

Le principe est simple, vous possédez une voiture, mais vous ne vous en servez pas tous les jours. Vous payez donc une assurance et peut être un crédit pour un véhicule qui reste au garage. De l’autre coté, l’un de vos voisins aurait bien besoin d’une voiture pour partir en week-end de temps en temps ou déménager des objets encombrants. Certains sites Internet peuvent vous mettre en relation afin de louer directement votre véhicule. Ils se chargent de toute la partie administrative et légale (paiements, assurances, contraventions, pertes de points).

Cela permet à chacun de faire des économies, et donne un moyen de pression sur les grands groupes de location de voiture, épinglés à plusieurs reprises, notamment par la Commission européenne, pour des pratiques abusives.

Mais louer sa voiture peut en fait s’avérer très rentable. Le site drivy.com, leader du secteur, parle d’un revenu moyen de 150 euros par semaine de location, c’est à dire 600 euros par mois, bien plus que ce que votre auto vous coûtera en assurance. D’ailleurs, le temps de la location, une assurance est souscrite par le site et comprise dans les frais de réservation. Inutile donc de vous ruiner dans une assurance tout-risques.

Gagner 600 euros par mois en louant sa voiture, le tout sans payer de charges, ne serait-ce pas faire de la concurrence déloyale aux loueurs agréés qui eux paient TVA et charges sociales ?

Le covoiturage, geste civique ou véritable business ?

Selon les observateurs, la principale raison qui pousse les adeptes du covoiturage à pratiquer ce mode de transport n’est ni l’aspect écologique, ni la convivialité du trajet, mais bien les économies réalisées.

Et si l’on se penche de plus près sur les prix pratiqués et le nombre de places proposées par véhicules, on se rend compte que pour certains trajets, remplir sa voiture de « covoitureurs » non seulement allège les frais, mais peut même vous faire gagner de l’argent. Certains l’ont très bien compris et optimisent au maximum ce business florissant, bien qu’illégal.

Prenez par exemple un trajet Paris Marseille. En proposant 4 places à 50 euros, le prix moyen constaté, vous faites un bénéfice de 50 euros, soit 100 euros sur un aller retour. Bien entendu, rouler autant, en considérant l’usure de votre véhicule, ce n’est sans doute pas l’activité la plus rentable. Mais certains adeptes du covoiturage ont fait de véritables études de marché, repérant les trajets les plus lucratifs, et optimisant au maximum chaque déplacement.

Attention aux arnaques

Un voyage très rentable par exemple est le Paris – Bruxelles. Pour concurrencer les prix exorbitants du Thalys, certains conducteurs peu scrupuleux prennent jusqu’à 8 passagers dans des minibus et enchainent les allers-retours, parfois trois ou quatre par jour. Les sites gérant les réservations de covoiturage tentent de faire la chasse à ce type de conducteurs et mettent en garde sur l’interdiction de faire du profit via ce mode de transport. Mais leurs techniques sont bien rodées. De nombreux profils fictifs proposant 3 ou 4 places seulement permettent de dissiper les doutes sur le nombre de passagers et la fréquence des trajets.

Au delà du transport illégal, on frise parfois l’arnaque pure. Certains conducteurs travaillent en réseaux, se répartissant les horaires de la semaine. D’autres même, se permettent d’annuler des trajets peu remplis et peu rentables sans prévenir leurs « clients ». Ils laissant alors les passagers bloqués se diriger, pour un prix parfois largement supérieur à celui de départ vers les places vacantes de leurs « collègues ». Ceux-ci auront choisi comme par hasard le même lieu et la même heure de rendez-vous. On est bien loin des valeurs d’écologie et de décroissance prônées par la majorité des « covoitureurs ».

Ce que dit la Loi

La consommation collaborative concerne toutes les facettes de notre vie. La problématique est la même si l’on loue temporairement son appartement via Air Bnb, si l’on prend des voyageurs en covoiturage, si l’on loue sa voiture ou sa tondeuse le week-end.

La consommation collaborative est autorisée, à condition qu’elle se contente de réduire, voire d’éliminer vos frais. Faire des bénéfices dans ce contexte, cela revient à du travail illégal, car vous ne payez ni TVA ni charges sociales. Une situation reste limite, celle des personnes profitant de déplacements professionnels défrayés pour faire du covoiturage. Certes les frais sont remboursés et le conducteur fait des bénéfices, mais le trajet en lui-même n’a pas pour but d’être rentable. Pourquoi se priver de cette optimisation qui arrangerait tout le monde ?

L’utilisation d’Internet met en lumière et généralise des pratiques qui existaient déjà et pour lesquelles la loi a toujours été claire. Partir en vacances avec ses amis et partager les frais d’essence, cela n’a jamais été interdit. Exercer une activité de chauffeur ou de taxi sans la déclarer et en tirer profit, cela a toujours été illégal.

Enfin, dans notre Monde où tout ou presque est économique, il serait naïf de penser que ce type de consommations collaboratives ne soient motivées que par des idéaux. Le concept est rentable pour les conducteurs, les loueurs, les locataires, les passagers et les sites Internet. Il est donc dans l’intérêt des utilisateurs, mais aussi des sites eux-mêmes de faire la chasse aux abus afin de maintenir ces systèmes légaux et opérationnels.