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Mobilisation des étudiants en architecture pour des pratiques durables : vers un avenir sans béton

Dans les écoles d’architecture françaises, une nouvelle génération d’étudiants se lève contre l’usage intensif du béton, symbole d’une construction énergivore et peu durable. Portée par des convictions écologiques profondes, cette mobilisation remet en question les pratiques traditionnelles du secteur et pousse les institutions à réviser leurs contenus pédagogiques pour intégrer la transition écologique.

Le béton, matériau incontournable de l’architecture moderne, est aussi l’un des plus polluants. Sa production représente près de 8 % des émissions mondiales de CO₂, en grande partie à cause du ciment. Face à ce constat alarmant, de nombreux étudiants militent pour une réduction significative de son utilisation et la promotion d’alternatives plus respectueuses de l’environnement, telles que le bois, la terre crue ou les briques en matériaux recyclés. « Nous ne pouvons plus fermer les yeux sur l’impact écologique de nos choix constructifs », affirme Clara Dupuis, étudiante en troisième année à l’École nationale supérieure d’architecture de Paris-La Villette. « Concevoir l’architecture de demain, c’est aussi repenser les matériaux que nous utilisons aujourd’hui. »

Une formation trop axée sur des matériaux classiques comme le béton

Cette prise de conscience collective s’est notamment traduite par des manifestations et des pétitions adressées aux directions des écoles, réclamant des programmes d’enseignement davantage tournés vers la durabilité. Selon une enquête menée par l’Union nationale des étudiants en architecture (UNEA), plus de 60 % des étudiants estiment que leur formation reste trop axée sur des matériaux classiques comme le béton et l’acier, au détriment des techniques écoresponsables. En réponse, certaines institutions ont amorcé un virage vers des cursus plus verts. L’École nationale supérieure d’architecture de Grenoble, par exemple, propose désormais un module obligatoire sur les matériaux biosourcés et les techniques de construction bas-carbone.

Cependant, cette transition vers des pratiques plus durables se heurte à plusieurs obstacles. Le manque de ressources pédagogiques adaptées et de formateurs spécialisés freine l’évolution des contenus. De plus, le secteur du bâtiment, largement dominé par des acteurs industriels historiques, peine à réformer ses habitudes. « Les écoles font face à une double pression : d’un côté, l’urgence climatique pousse à repenser l’enseignement, de l’autre, les entreprises réclament encore des compétences traditionnelles », explique Julien Moreau, enseignant en architecture durable.

Les étudiants, eux, ne baissent pas les bras.

Au-delà des revendications académiques, ils multiplient les initiatives pratiques : projets collectifs autour des habitats légers, chantiers participatifs utilisant des matériaux locaux et recyclés, et concours d’architecture mettant en avant l’éco-conception. Ces actions concrètes visent à démontrer que des alternatives crédibles et viables existent au béton.

Le mouvement pour une architecture durable semble donc bien parti pour s’ancrer durablement dans le paysage académique. En réinventant leur formation et leurs pratiques, les étudiants dessinent les contours d’une architecture plus sobre et plus respectueuse de l’environnement. Si les écoles suivent le pas, c’est tout le secteur du bâtiment qui pourrait en être transformé.

photos : lemde.fr – architecturedurable.fr