Lille Saint-Sauveur : réhabilitation en suspens
C’est en novembre 2013 que l’aménagement du quartier de la gare Saint-Sauveur de Lille a été confié au cabinet Gehl Architects. Le Danois Jan Gehl est un architecte de renom qui a contribué au développement de nombreuses villes dans le monde comme Copenhague, New York, Melbourne, Londres ou encore Amman.
La gare Saint-Sauveur est une ancienne gare de marchandises aujourd’hui désaffectée, située au cœur de la ville. Le projet confié à Jan Gehl concerne une friche de 23 hectares qui occupe une place stratégique dans l’articulation future de la ville. En effet elle se situe entre deux pôles de la ville : le nord et le sud. Le nord abrite le centre-ville, la vieille ville et les quartiers résidentiels plus aisés, alors que le sud compte les anciennes tours d’habitation et les ZUP (zones d’urbanisation prioritaires). L’enjeu de ce projet est donc de réparer les fractures et de reconnecter ces deux pôles urbains.
Pour Jan Gehl, il s’agit de réadapter la ville à l’échelle humaine pour en faire des « villes du bien-être. » Celle-ci doit être animée, sûre, durable et saine. L’une des clés de cette nouvelle ville est selon Jan Gehl de donner une large place aux déplacements piétons et aux cyclistes.
2400 logements dont 65 % à caractère social
Le plan-guide de Gehl Architects pour le quartier Saint-Sauveur prévoit trois zones dans un « équilibre entre habitat, nature et tout ce qui concourt à la vitalité urbaine« . Le nord sera un lieu d’accueil pour les visiteurs, flâneurs et travailleurs. La partie sud sera la partie résidentielle avec des îlots nordiques. Enfin à l’est est prévu un espace vert de 3,4 ha. Au total sont prévus 2.400 logements dont 65 % à caractère social, environ 35.000 m2 de bureaux, 20.000 m2 de commerces, ainsi qu’une piscine olympique. Entre les immeubles et les îlots, des espaces et services permettront les rencontres et échanges entre les habitants. La voiture sera quasiment exclue de l’espace résidentiel.
En attendant que ce nouveau quartier voit le jour, les Lillois ont déjà pu goûter à la Gehl urban-attitude. L’architecte a en effet été chargé de concevoir le plan de mobilité de la ville qui a été mis en place en août 2016 et qui avait pour objectif de limiter le trafic en ville.
Mais ce projet, qui tient à cœur à la maire Martine Aubry, est critiqué par ses opposants politiques. Ainsi plusieurs collectifs de défense de l’environnement, qui veulent en faire un grand poumon vert, ont saisi la Justice.
Ainsi, en octobre dernier, le tribunal administratif de Lille a annulé le projet d’aménagement porté par la Ville, notamment pour des questions de procédure. Mais Martine Aubry et Damien Castelain n’entendent pas pour autant stopper leur projet et sont déterminés à continuer à le défendre, en concertation avec les habitants.
Le devenir de l’immense terrain vague actuellement fermé au public est donc devenu un véritable terrain de bataille politique et stratégique, où le bien-être des Lillois semble ne pas être le principal enjeu.
Photos : La Voix du Nord – france3-regions.francetvinfo.fr/