Nager à Paris

Le plan « Nager à Paris »

Fin juin, la mairie de Paris a annoncé la mise en œuvre de son plan « Nager à Paris ». Cela tombe à pic, en cette période de canicule.

Confrontée à l’obsolescence de la majeure partie du parc aquatique de la capitale, la ville de Paris a entrepris, depuis près de quinze ans, d’ouvrir six nouvelles piscines, d’en rénover d’autres, et enfin, d’élargir leurs horaires d’ouverture.

Nager à Paris pour répondre à une demande croissante

Malgré ce rattrapage réussi, la demande continue de croître. Avec 7 millions d’entrées annuelles, environ 70 000 usagers très réguliers, et une moyenne de 190 000 visiteurs par an pour chaque établissement, la piscine est actuellement l’un des types d’équipements publics les plus sollicités et fréquentés par les Parisiens, que ce soit pour l’apprentissage de la natation, pour s’entraîner à la compétition, ou pour pratiquer la natation comme activité de loisir ou de détente.

Le plan « Nager à Paris » entrepris par la mairie de Paris se chiffre à plus de 150 millions d’euros. Fruit d’une concertation élargie à l’ensemble des partenaires du service public de la natation (clubs, associations, rectorat) et aux usagers parisiens (associations de nageurs, concertation proposée sur paris.fr), le plan « Nager à Paris » consiste en 104 mesures concrètes, lesquelles s’articulent autour de trois axes : 1) moderniser le parc aquatique existant, doté de 39 piscines et neuf bassins écoles ; 2) créer 11 nouvelles piscines et baignades ; 3) optimiser les bassins et améliorer le fonctionnement au plus près des usages.

10 % de surface de nage en plus à Paris

Concrètement, le plan « Nager à Paris » offrira aux Parisiens 10 % de surface de nage en plus, et le grand public bénéficiera de 20 % de créneaux horaires supplémentaires. Ce plan sera entièrement opérationnel en 2020.

Le bassin de La Villette accueillera un bassin flottant ; le lac Daumesnil (bois de Vincennes) sera ouvert à la baignade grâce à un système de filtres ; le parc André Citroën sera doté de deux nouveaux bassins donnant sur la Seine.

La France très en retard en matière de baignade urbaine

Alors que quelques frondeurs ont déjà fait depuis longtemps des fontaines et des canaux leur terrain de jeu, bravant l’interdit municipal jusqu’à présent en vigueur, la mobilisation pour la baignade urbaine n’a vu le jour que récemment. Le collectif Laboratoire des baignades urbaines expérimentales se réapproprie depuis trois ans les canaux et fontaines de la capitale, organisant une baignade en moyenne toutes les deux semaines, chaque événement étant relayé sur la page Facebook du collectif, suivie par plus de 2 000 personnes. A l’origine de ce collectif, un voyage à Amsterdam, où certains des futurs membres du Lab’ ont constaté que des zones aquatiques de la ville étaient libres à la baignade. Les baignades organisées par le collectif ont lieu plutôt en début de soirée, afin d’éviter que des gens ivres se jettent à l’eau et se noient.

La ville de Paris est très en retard en matière de baignade urbaine, par rapport à certaines de ses homologues européennes. A Copenhague, un bassin a été conçu dès 2002 non loin du port de la capitale danoise. Face à un succès retentissant, la municipalité danoise a ouvert deux autres piscines depuis. La piscine du quartier de Islands Brygge devient ainsi le lieu de détente favori des habitants de la ville dès l’arrivée des beaux jours. En Suisse, la ville de Bâle fait une arme touristique de la baignade urbaine et de la propreté de ses eaux. Londres vient d’inaugurer un bassin naturel à proximité de la gare de King’s Cross ; la piscine est filtrée par le biais d’un système composé d’algues. A Londres toujours, une campagne de crowdfunding a été récemment lancée afin de financer plusieurs nouveaux bassins sur la Tamise. 120 000 livres sterling ont déjà été récoltées en l’espace d’un mois.

La police est très stricte envers les baigneurs

A Paris, la baignade urbaine est encore passible d’une amende de 38 euros. La police est très stricte envers les baigneurs qui font trempette dans la Seine. En revanche, elle se contente d’inviter ceux de La Villette à sortir de l’eau, sans les verbaliser.

Pour justifier de telles interdictions, la mairie de Paris se retranchait jusqu’à alors derrière des analyses portant sur des indicateurs de contamination de l’eau. Mais face à l’engouement populaire pour la baignade urbaine, elle a dû se mettre au pas, à l’instar de ses homologues européennes. En attendant le déploiement intégral du plan « Nager à Paris », les têtes brulées ne manqueront pas de se rafraîchir dans les fontaines et canaux de la capitale, en cette période caniculaire. A vos marques, prêts, nagez !