Haussmanhattan : et si un projet artistique inspirait la réalité ?
Et si nous mélangions les villes ? C’est l’idée qu’a eu le photographe et architecte Luis Fernandes avec son projet Haussmanhattan, dans lequel il mélange les images d’archive de Paris et de Manhattan. Le travail de qualité effectué donne une ville hybride intéressante et surprenante. On y voit des monuments parisiens transformés en tours géantes, Central Park au beau milieu de Paris, et l’Opéra Garnier entouré de gratte-ciels. De quoi inspirer les concepteurs de tours géantes et une partie de la population parisienne qui souhaite garder une ville à l’architecture à taille humaine.
Une combinaison dans l’air du temps
L’urbanisation galopante de la planète (70% de la population mondiale habitera en ville en 2050) mélangée à la nécessité d’émettre de moins en moins de gaz à effets de serre font cependant que cette hybridation n’est pas qu’anecdotique. En effet beaucoup d’urbanistes, architectes et associations de protection de l’environnement s’accordent à dire qu’une des solutions durables est le développement de villes verticales, permettant de densifier la population plutôt que de l’éparpiller. Il n’est bien sûr pas question de créer de gigantesques cités dortoirs, mais de repenser la ville dans sa totalité.
Quand la nature inspire de plus en plus les villes
En regardant les photos de luis Fernandes on s’aperçoit qu’aujourd’hui Paris manque cruellement d’espaces verts naturels. L’ajout de Central Parc au milieu de Paris amène une bouffée d’air à la ville, malgré toutes les tours adjacentes.
Cette idée de nature dans la ville n’est pas nouvelle et avait déjà été pensée par Haussmann lors de la conception du Paris d’aujourd’hui mais avec l’idée d’une nature domestiquée par l’homme, au service de l’homme. Bref, une nature artificielle et néfaste vu l’usage important de produits phytosanitaires nécessaires à la survie des espèces plantées.
Depuis le début des années 90 le terme de ville-nature a une tout autre signification, comme le signale Olivier Gaudron, chargé de projet à la Direction générale de l’aménagement, du logement et de la nature : « la nature cesse d’être un simple « décorum » pour devenir une ressource capable de fournir des services éco-systémiques (par exemple gestion de l’eau) ou d’induire des dynamiques économiques autant que d’agrémenter la qualité de vie »
La préservation de la biodiversité devient un des objectifs majeurs de la nouvelle urbanisation. Dans ce cadre, on essaye de construire des bâtiments qui soient positif en énergie (consomment moins d’énergie qu’ils n’en produisent) et dans certaines villes (comme Berlin par exemple) on analyse l’impact positif de la construction ou de l’aménagement sur la biodiversité.
Ainsi, comme l’indique le CNRS dans son dossier sur les biovilles, un des enjeux principaux est d’intégrer plus de nature en ville pour favoriser la circulation des espèces et éviter la fragmentation des espaces naturels.
La végétalisation de l’espace urbain
Mais comment faire dans une ville comme Paris qui est l’une des plus denses au monde, après New York, et qui ne compte que 14m² d’espace vert par habitant contre 321 à Rome par exemple. Le choix fait par Paris dans son plan local d’urbanisation (PLU) et déjà largement implanté à Berlin et à New York, est la végétalisation de la ville.
Imaginez le paysage créé par Luis Fernandes agrémenté de toits verts et de murs végétalisés. Outre la beauté esthétique de la végétalisation celle-ci aurait plusieurs avantages : le bien-être de la population, l’accroissement de la biodiversité dans la ville (à condition bien sûr de choisir des espèces végétales écologiquement adaptées au lieu et permettant le développement de la biodiversité). Comme l’indique l’architecte Edouard François, concepteur de la Tower Flower de la porte d’Asnières, à Paris, les végétaux utilisés en façade, créent une distance avec l’extérieur, empêchent l’échauffement des bâtiments, captent le ruissellement des eaux de pluie, et absorbent le CO2. Quand on sait que 25% des émissions de gaz à effet de serre proviennent du chauffage et de la climatisation, cette solution parait bien intéressante!
Si l’on continue la comparaison avec New York, Paris intègre de plus en plus de jardins urbains, ceux-ci existants depuis de nombreuses années aux Etats-Unis, et notamment à dans la grande pomme où l’on en compte près de 600. Outre leur aspect écologique, ceux-ci sont de véritables poumons de socialisation.
Espérons donc que l’excellent travail de Luis Fernandes mixé au développement de la nature dans nos villes devienne source d’inspiration pour des villes respectueuses de cette belle petite planète et de ses habitants.