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Hala Warde, la discrète architecte qui monte

Elle n’aime pas la lumière mais elle sait magnifier les lieux. Hala Warde, 52 ans, gagne pourtant à être connue. Cette architecte née au Liban de parents commerçants, vit depuis ses 18 ans en France. Elle est la main armée de Jean Nouvel, qui a récemment été mis (encore) à l’honneur avec l’inauguration du Louvre d’Abou Dhabi, le 11 novembre dernier.

Si on retient surtout le nom de la star de l’architecture dans le cadre de ce projet dantesque, il ne faut pas négliger le travail de sa consœur. Hala Warde a en effet piloté de A à Z la construction du pharaonique chantier émirati. Cette responsabilité la contraint d’ailleurs à devoir se montrer un peu plus sous les projecteurs, sollicitée par une sphère médiatique désireuse d’en savoir plus sur cette femme discrète. D’autant plus que sa nomination parmi les cinquante Français les plus influents de la planète, d’après le site vanityfair.fr, suscite quelques curiosités.

Une humilité qui tranche dans un monde d’ego

Il faut dire que pendant longtemps, elle a refusé les demandes d’interview, avant de les accepter à la seule condition de ne rien livrer de personnel. Elle n’aime pas aller sur les réseaux sociaux et le site Internet de son agence n’existe que depuis peu. Ses pairs confessent volontiers être bluffés par le peu d’égo manifesté par cette petite brune dynamique qui ne dort pas beaucoup. Dans ce milieu où l’autosatisfaction domine, l’humilité d’Hala Warde détonne.

La discrétion de la quinquagénaire est au moins égale à son talent reconnu de tous. Devenir architecte n’était pourtant pas un rêve d’enfant et elle n’envisage cette orientation que vers ses dix-huit ans. Après quelques années d’études à l’ESA, l’Ecole supérieure d’architecture de Paris, sa carrière décolle avec son arrivée en 1989 dans le cabinet de celui qui était son professeur, Jean Nouvel.

HW architecture créé en 2008

D’abord à la tête de projets de petite envergure, elle obtient son premier gros chantier avec le One New Change, à Londres, en 2003. C’est elle qui pilote la construction de ce complexe important de bureaux, proche de la cathédrale Saint-Paul, dans la capitale anglaise.

Peu après, Jean Nouvel obtient la responsabilité de la construction du futur Louvre des Sables, l’immense musée d’Abou Dhabi. Elle crée sa propre agence indépendante en 2008, HW architecture, afin de constituer une équipe sous ses ordres. Elle n’est donc plus salariée par Jean Nouvel mais travaille en étroite collaboration avec lui puisqu’un partenariat est acté entre les deux sociétés.

La culture orientale comme atout

Hala Wardé parle l’arabe aussi bien que le français et l’anglais et cela lui facilite la tâche au cours des longues années de travaux du musée. Les négociations sont âpres avec les dirigeants de l’émirat et sa double-culture occidentale et orientale sont un atout de poids au moment d’effectuer des compromis.

Ses compétences n’étant plus à démontrer et il n’est pas surprenant de voir ensuite son nom associé au plus gros projet culturel du Liban, son pays. Elle doit en effet piloter la construction du futur musée d’art moderne et contemporain de Beyrouth, le BeMa. Une responsabilité glanée sans Jean Nouvel, cette fois-ci, puisqu’elle remporte le concours avec sa propre agence.

Cette nomination lui procure un honneur et une émotion qu’elle ne cache pas car malgré son départ de Beyrouth il y a déjà plus de trente-cinq ans, elle reste très attachée à sa ville d’origine. Le BeMa devrait ouvrir ses portes, si tout va bien, en 2020 et on imagine qu’Hala Warde mobilisera toute son énergie pour laisser une trace de son talent à sa ville. En toute discrétion, bien entendu.