A la reconquête des friches franciliennes
Le projet du Grand Paris qui vise à moderniser et réorganiser urbanistiquement la région parisienne dans son ensemble, doit impacter une zone parmi les plus densément peuplées au monde et allier efficacité financière, environnementale et fonctionnelle. La question du réaménagement des friches agricoles, industrielles ou autres, existant en Ile de France constitue l’un des points cruciaux de ce chantier d’une ampleur et d’une complexité formidables.
Les friches, un réservoir de foncier gâché
Souvent connotée très négativement selon l’époque et la région, la notion de friche s’apparente plus à une denrée particulièrement convoitée en Ile-de-France aujourd’hui, en raison de la rareté du foncier disponible. Il s’agit également pour les autorités en charge de l’aménagement du territoire et notamment de la mise en œuvre du projet de Grand Paris, Conseil Général en tête, d’un volant d’action crucial extrêmement moins coûteux à modeler que les zones occupées. Les enjeux sont multiples : urbanistiques, environnementaux, migratoires et politiques bien sûr.
La nature même de ces friches pose un certain nombre de problèmes. Il s’agit d’espaces souvent inesthétiques, pollués, parfois dangereux et sources de nuisances pour leurs riverains et leurs communes. La Région doit en outre faire face à une croissance démographique encore importante, et il lui faut trouver où loger les nouveaux arrivants, où les faire travailler et consommer, comment organiser leurs déplacements … Enfin, il est indispensable de concilier ces impératifs aux questions aujourd’hui incontournables que sont l’environnement, le développement durable et la qualité de vie.
Objectif “zéro artificialisation nette”
L’occupation irraisonnée des terres par les humains telle qu’elle s’est développée depuis la fin de la Seconde Guerre a été néfaste pour l’environnement. Cette vision était tout sauf évidente auparavant, et l’urgence de prendre en compte dans l’aménagement urbain des facteurs comme l’habitat disponible pour la faune et la flore, la subsistance d’espaces verts, la captation du carbone par la terre ou encore la capacité des zones naturelles à réguler et absorber l’écoulement de l’eau issue des précipitations est toute récente, et constitue l’un des enjeux majeurs de ce plan de reconquête des friches.
Il est évoqué ainsi un objectif de “zéro artificialisation nette”, à savoir le projet de n’aboutir globalement à aucune déperdition de zone naturelle malgré la croissance de population évoquée. L’étalement urbain consommait, dans les années 2000, 1800 hectares d’espaces naturels par an. Si ce chiffre est aujourd’hui tombé à 550 hectares, le but est donc d’arriver à zéro alors même que le besoin en infrastructures urbaines nouvelles augmente chaque jour. Il est aisé de comprendre le rôle primordial que les friches peuvent jouer dans ce défi.
Quels sont les moyens mis au service de cet objectif?
La première mesure constitue de toute évidence à recenser clairement ces zones inexploitées, ce qui est désormais engagé. Il s’agit ensuite pour le Conseil régional d’inciter et accompagner tous les acteurs du développement urbain afin de parvenir à ce résultat, et notamment donner aux maires et aux communautés de communes un cadre réglementaire et des aides de diverses natures en vue de mener à bien ces modifications de l’espace urbain.
Il lance pour cela un appel à manifestation d’intérêt auprès des collectivités locales doté de deux millions d’euros afin de leur fournir une assistance en matière d’ingénierie urbaine et d’acquisitions foncières. Des études de faisabilité pourront également être financées, de même que des crédits d’investissement propres au plan friches, en faisant intervenir un groupe projet constitué de plusieurs institutions régionales comme la Banque des Territoires, la SAFER ou l’institut Paris Région.
Photos : telerama.fr / parissecret.com / Paris-nord-est.imaginons.paris