Deux forêts verticales à Milan
7,2 milliards d’habitants sur terre dont la moitié vivant en zone urbaine, un constat qui exige des réponses environnementales et écologiques obligeant les villes à se réinventer, le projet milanais Bosco verticale apporte sa pierre à l’édifice
Après cinq années de travaux, l’inauguration du projet immobilier Bosco verticale a eu lieu en octobre dernier. L’architecte Stefano Boerie, milanais de souche, est à l’initiative de ce concept novateur. Il explique pourquoi l’architecture urbaine doit s’adapter aux défis écologiques : « la croissance des grands désastres environnementaux, imparable, l’urbanisation extensive de la planète, la destruction de vastes ressources naturelles (végétales et animales), en d’autres termes, un risque réel, nous pousse à nous occuper non seulement des principes, des valeurs, des besoins de notre espèce, mais aussi de les placer dans une plus large vision de l’avenir de notre planète. «
Deux tours hautes de 80 et 112 mètres et une première mondiale en termes d’écologie urbaine. Plus de 700 essences d’arbres et de buissons, soit l’équivalent d’un hectare de forêt contribueront à produire de l’oxygène et à épurer l’air en fixant les particules polluantes, en absorbant le dioxyde de carbone. Cet assemblage naturel autour des logements contribuera à réduire la facture énergétique de 30 %, une prouesse en ces temps de crise.
La biodiversité sur son balcon
Les arbres et les plantes sont installés sur des balcons et dans des bacs à terreau de 5 mètres cube. Un système d’irrigation est automatisé et alimenté par les eaux usagées de la climatisation. En outre, les énergies photovoltaïque et géothermique sont présentes.
Une forêt où l’espèce animale risque bien d’y trouver son compte, l’architecte assurant que les oiseaux, les chauve-souris, autre insectes et invertébrés devraient avoir de quoi se nourrir et se loger au milieu des 21000 plantes présentes. Et pour pallier aux parasites et autres pucerons, un lâchage de 1200 coccinelles et autres papillons a été réalisé.
Véritable poumon vert en Lombardie
Faire face à l’étalement urbain et à la pollution atmosphérique, le défi relevé par Stefano Boeri a tenu ses promesses. Car les 5 millions de milanais font partie des européens les plus touchés par la pollution. Avec un espace vert ne représentant que 4 % de sa superficie, Milan se dote d’un poumon vert qui atténuera la pollution urbaine. Cette forêt accrochée aux tours produira un microclimat et diminuera aussi les nuisances sonores.
Un surcoût minimum
Un projet évalué à 2 milliards d’euros dont le surcoût lié à l’intégration des arbres dans le bâti ne représente que 5 % de l’ensemble du prix de la construction. Le prix des appartements qui oscillent autour des 3000 euros le mètre carré, reste conforme aux tarifs du marché local. Une qualité de vie dans un cadre esthétique unique, autant d’atouts pour séduire une clientèle en quête d’authenticité.
Stefano Boeri rend hommage à sa ville natale et contribue ainsi à sa transition écologique. Bosco verticale a remporté, le 19 novembre dernier, le premier prix de l’International Highrise Award 2014 (prix du gratte-ciel le plus innovateur).
Aujourd’hui, l’architecte planche sur d’autres projets, un peu plus loin de chez lui, dans le désert du Qatar, à Doha.