reappropriation espace urbain

Des dispositifs créatifs pour se réapproprier l’espace urbain

La voiture et les aménagements urbains afférents prennent une place considérable dans les grandes agglomérations. Ces infrastructures ne sont bien sûr pas sans conséquence sur la qualité de vie en ville. Plusieurs mouvements appellent nos responsables politiques à une réflexion globale afin d’envisager des formes de réversibilité dans l’aménagement urbain tout en s’interrogeant sur la place faite à la nature, l’art et l’espace public.

Parking Day, un événement accessible à tous

Les mouvements de réappropriation de l’espace urbain par les piétons sont nés dans les années 2000 à San Francisco. Faisant le constat qu’à San Francisco, plus de 70 % des espaces urbains étaient dédiés aux véhicules privés, le collectif REBAR, composé d’artistes, urbanistes et designers, décide de détourner des places de parking en terrasses de café éphémères. Ainsi est né en 2005 le Parking Day (la journée du parking) qui, dans un esprit festif, invite chacun à imaginer la ville de demain. Organisé dans plus de 30 pays et 180 villes (dont 55 en France) le Parking Day est devenu un événement international chaque année le troisième week-end de septembre.

Pavements to Parks, transformer des stationnements en lieux de rencontre et de détente

Dans la foulée du succès du Parking Day, la ville de San Francisco a lancé en 2009 le programme Pavements to Parks (des trottoirs aux parcs) dont l’objectif est de détourner provisoirement ou durablement la fonction des places de parking et des trottoirs au profit des piétons. Depuis, une cinquantaine d’espaces à San Francisco ont été réinvestis. Toutefois, leur réalisation n’a souvent été rendue possible que grâce aux financements privés, et aujourd’hui, les marques se disputent pour y apposer leur logo, la frontière entre réappropriation citoyenne et investissement privé étant mince. Aux USA, plusieurs villes ont été séduites par le programme Pavement to Parks et ont fondé leur propre mouvement.

En 1995, la ville de Paris s’est engagée dans l’opération «Promenade et détente» : les lieux propices à la promenade sont fermés à la circulation le dimanche et certains jours fériés pendant la période estivale. Cette opération a rencontré un vif succès et, à partir de 2002, elle est rebaptisée «Paris Respire» où tous les week-ends et jours fériés, des espaces sont fermés à la circulation dans plusieurs quartiers de la capitale.

Mobîlot, pour que le piéton reprenne la place des voitures

En 2009, l’agence d’architecture parisienne Comceci propose à la mairie de développer le projet Mobîlot qui consiste à installer des terrasses mobiles sur une place de parking. Ces terrasses, constituées d’une structure métallique démontable, sont déplaçables dans le quartier selon les besoins, les saisons et les événements. Mobîlot a été primé au grand prix de l’Innovation et au concours «Mobilier urbain intelligent » organisés tous deux par la mairie de Paris.

I Park Art, exposer des œuvres d’art sur des places de parking

Dans le même esprit, d’autres projets incitent les citadins à se réapproprier l’espace public notamment à travers l’art. C’est l’exemple du projet I Park Art proposé en 2012 à l’initiative du plasticien italien Mattia Paco Rizzi qui propose d’occuper temporairement une place de parking (en payant la place à l’horodateur) pour y installer une exposition artistique. L’objectif étant de démocratiser l’art contemporain, il est recommandé de choisir des lieux éloignés des sites déjà investis dans la diffusion culturelle et artistique. Dans la mesure où la législation est imprécise quant à l’occupation des places de parking, chacun peut donc occuper ces espaces pour en faire des lieux d’exposition temporaire.

Les mouvements de réappropriation de l’espace urbain par les piétons cherchent à remettre en cause l’omniprésence de l’automobile en ville tout en redonnant une place centrale aux individus. Jusqu’à présent, ces manifestations se sont largement diffusées à travers une dimension évènementielle et festive. Toutefois, certains élus locaux se sont emparés de ces questions pour en faire des enjeux politiques majeurs.