Des femmes aux manettes du métro moscovite
Depuis son inauguration en 1935 et encore aujourd’hui, le métro de Moscou se targue d’être le plus beau du monde. Pour la première fois depuis 75 ans, les femmes vont de nouveau pouvoir contribuer à ce glorieux héritage en tant que conductrices de rames.
« Aujourd’hui, pour la première fois dans l’histoire moderne, des femmes conductrices de trains électriques ont commencé à travailler dans le métro moscovite. Il y a un an, est entré en vigueur le décret du Ministère du travail et de la protection sociale de la Fédération de Russie qui désormais, permet le recrutement de femmes au poste de conducteur de trains électriques », a déclaré l’adjoint au maire de Moscou Maksim Liksutov. En effet, c’est bel et bien une petite révolution à laquelle on assiste.
De l’effort de guerre à l’égalité des sexes
Durant la Seconde Guerre mondiale, en Russie comme ailleurs, les femmes participent à l’effort de guerre en comblant les emplois laissés vacants dans les usines ou dans les champs alors que les hommes sont partis au front ; c’est ainsi que certaines sont alors projetées conductrices de métro. Une fois l’armistice signé cependant, le métier de conducteur de rames redevient exclusivement réservé aux hommes.
Récemment, le ministère des Transports publics russe a fait valoir que, grâce à l’automatisation des systèmes d’aiguillage (en particulier sur les dernières rames Moskva et Moskva-2020 fabriquées par TMH), les trains sont désormais beaucoup plus faciles à manier et ne sont plus associés à de durs efforts physiques, devenant ainsi une activité accessible aux femmes. La profession a donc finalement été retirée de la liste des métiers dangereux pour la gent féminine ; une liste que l’Union soviétique a rédigée pour la première fois en 1974, et dont la dernière mise à jour avant 2019 datait de 2000.
Des femmes conduiront donc les trains de l’une des lignes les plus modernes du métro de Moscou : la ligne Filiovskaïa, une ligne récemment reconstruite. C’est sur cette dernière que circulent les rames modernes et confortables Moskva et Moskva-2020, fleurons fabriqués par l’entreprise Metrowagonmash qui fait partie de la SA Transmashholding, le principal fabricant de matériel ferroviaire en Russie, présidée par l’homme d’affaires Andrey Bokarev et dont Iskander Makhmudov est l’un des principaux actionnaires.
Encore une centaine de métiers interdits
Bien que plusieurs métiers restent réservés aux hommes, la liste continue d’évoluer. Ainsi, le ministère russe du Travail propose en août 2019 une ordonnance réduisant cette liste de 456 professions à 98, pour une mise en application au 1er janvier 2021. Celle-ci permet également de remettre sur la table la question des inégalités salariales en Russie où est constaté un écart moyen de 26 % entre les hommes et les femmes. Parmi les professions qui demeurent encore interdites, on retrouve celles qui requièrent de porter des charges lourdes, celles qui relèvent de la réparation d’avions ou encore la lutte anti-incendie. Nul doute cependant que les choses continueront d’évoluer pour permettre à terme une inclusivité totale.