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Christian de Portzamparc : l’architecture comme mouvement

Depuis près de quarante ans, Christian de Portzamparc bâtit aux quatre coins de la planète. On trouve ses réalisations à Rio, New-York, Casablanca, Paris. Elles ont toutes en commun d’être inspirées d’une vision de l’architecture comme art du mieux vivre ensemble. Une conception qui lui vaut d’être le seul architecte français à avoir reçu le Pfitzner Prize, la plus haute distinction en matière d’architecture.

Christian de PortzamparcLorsqu’on lui demande de définir son travail Christian de Portzamparc répond d’une simple phrase : « j’aime les projets bâtis pour que les gens se rencontrent ». Du premier édifice qui l’a rendu célèbre, le quartier des Hautes-formes à Paris, au Café Beaubourg, en passant par la Cité de la musique, il semble que Portzamparc n’ait suivi qu’une seule direction : ouvrir l’espace, favoriser l’échange et la circulation.

Horizontalité des montagnes, verticalité de la mer

Une de ses créations emblématiques, la « Cidade das Artes » à Rio, montre comment cette circulation s’inscrit dans la structure du bâtiment. L’édifice accueille une salle de concert philarmonique, convertible en opéra, ainsi que des studios de danse et des galeries d’exposition. Il se dresse dans la plaine Barra da Tijuca, une zone nouvellement urbanisée. Le bâtiment joue avec les reliefs typiques de la baie de Rio : l’horizontalité de la mer et la verticalité des montagnes. L’intérieur s’inspire des gravures de Piranèse. Au 18ème siècle, ce peintre italien dessinait des villes imaginaires où des foules circulaient sur des escaliers en labyrinthe. Dans la Cidade das Artes, passerelles, escaliers, plans, niveaux se multiplient et créent une infinité de trajectoires où l’on peut se croiser, se perdre et se retrouver.

Christian de Portzamparc a conceptualisé très tôt cette approche de l’architecture. Il l’a formalisée dans l’idée de « l’ilot ouvert ». L’ilot ouvert, c’est l’unité de vie de la ville, le quartier où l’on se déplace, travaille, commerce. Cet espace constitue pour Portzamparc la base de l’urbanisation. Cette vision tranche avec les conceptions traditionnelles qui veulent ordonner l’espace par l’uniformité des bâtiments, par l’opposition entre centre et périphérie, entre quartier d’affaires et lieux résidentiels.

Une façade inspirée des robes de Gustav Klimt

« L’ilot ouvert » n’est pas en soi une théorie, mais un outil qui soutient la réflexion de l’architecte. Lorsqu’il construit le quartier des Hautes-Formes, Christian de Portzamparc propose 7 bâtiments à la place des deux tours initialement prévues. Il fait ouvrir une impasse, pour intégrer le nouveau quartier à la ville. Entre les bâtiments, il trace des rues, une passerelle, une place.

CONTENU03-200505-ONE57_Night_View_cExtel-740x666Ce travail d’ouverture, Christian de Portzamparc le poursuit actuellement à New-York. Il y édifie la tour One 57 qui va être inaugurée cette année. Pour ce bâtiment haut de 300 mètres, il a imaginé une façade où s’inscrivent tous les mouvements de la lumière. Composée de 8400 panneaux de verres sombres et clairs, elle ressemble à une immense cascade s’inspirant des robes peintes par Gustav Klimt.

Du quartier HLM jusqu’à la tour pour milliardaires new-yorkais, Christian de Portzamparc aime aussi circuler dans une grande diversité de projets. Tandis qu’il prête la dernière main à la tour One 57 ; il assiste à la pose de la première pierre de la nouvelle Arena de Nanterre. Il s’agit d’une grande salle de spectacle située en limite du quartier de la Défense à Paris. L’édifice accueillera des concerts, mais pourra se transformer en stade, tout en vivant au rythme d’un centre d’affaires dont les bureaux seront intégrés à l’enceinte de « l’arène ».

Le plus grand théâtre d’Afrique

CONTENU06-200903-CasArts_2012-JUILLET-21-200911170694-1080x545Et s’il n’est pas à New-York ou à Nanterre, on retrouve Christian de Portzamparc à Casablanca, sa ville natale. Il y construit la « Casart », une salle de spectacle polyvalente qui sera le plus grand théâtre d’Afrique. Pour ce projet, Christian de Portzamparc a imaginé une façade blanche, monumentale, en hommage aux arts et à l’architecture arabe. Il y a ménagé des failles, des décrochés qui ouvrent sur l’ombre et la fraicheur. Un clin d’œil au bazar des villes orientales. Dans les recoins, les places, on passe, on se repose, on boit un café ou bien l’on attend simplement le prochain spectacle.

Christian de Portzamparc est le seul architecte français à avoir reçu, en 1994, le Pritzker Prize (l’équivalent du prix Nobel pour l’architecture). Une distinction qui récompense un engagement constant pour faire de la ville un lieu d’échanges et de vie. Invité à réfléchir sur le Grand Paris, il a d’ailleurs rappelé que le danger numéro de la ville était l’isolement. Sans une action réfléchie, l’espace urbain tend à s’organiser en petites cellules closes. L’architecte doit toujours veiller à décloisonner. Christian de Portzamparc le reconnait volontiers, l’architecture est un art, mais il précise aussitôt : « un art du mieux vivre ensemble ».