137.000 mégots sont jetés chaque seconde dans le monde, sur les trottoirs, caniveaux ou encore les plages ou le mégot est le premier déchet retrouvé selon la fondation Surfrider. Alors comment stopper cette pollution ? Amendes, campagnes de sensibilisation, distribution de cendriers… À Bordeaux la municipalité a opté pour le recyclage avec un objectif : instaurer le premier quartier zéro mégot de France.

3 cm de pollution toxique

Paris, Strasbourg, Bordeaux, Nantes… la liste des villes engagées dans la lutte contre les mégots est longue. À Paris l’amende s’élève à 68 euros pour tout fumeur pris en flagrant délit de jet de mégot. En 2017, 21.000 procès-verbaux ont ainsi été délivrés. Évidente pollution visuelle pour les trottoirs et les plages, le mégot est surtout porteur de près de 4000 composants chimiques et il est capable à lui tout seul de polluer jusqu’à 500 litres d’eau.

Trois petits centimètres qui, l’air de rien, peuvent mettre jusqu’à 12 ans pour se désintégrer dans la nature tout en relâchant de la nicotine, du goudron, des résidus de pesticides et du plastique sous forme d’acétate de cellulose. Et cela est évidemment valable pour les 200 millions de mégots jetés chaque année dans les rues de Bordeaux.

Bonne nouvelle : le mégot se recycle

Comment régler ce fléau ? Arrêter de fumer ? C’est en effet la meilleure solution, considérant que le meilleur déchet est celui qui n’existe pas. Mais en réalité il faut trouver le moyen de collecter et recycler ces déchets pour qu’ils ne finissent pas dans la nature, les rivières et les océans. Depuis 2012 la société américaine Terracycle, pionnière dans le recyclage de déchets spéciaux, collecte des mégots dans l’Hexagone via ses boîtes “zéro déchets” et les achemine dans son usine en Angleterre pour les recycler en plaque de plastique. Donc oui ! Un mégot ça se recycle.

Le seul hic : tout ce procédé coûte cher. Filière de recyclage assez peu rentable elle met donc du temps à se développer. Malgré tout en France, de nombreux projets similaires à Terracycle ont vu le jour et des constructions d’usines de recyclage du même type sont à l’étude.

La mairie de Bordeaux a fait appel à l’association ÉcoMégot

Mais avant de voir tous les mégots recyclés en mobilier urbain, il faut convaincre les fumeurs de changer leurs habitudes. Fini le jet façon western ! Fondée à Bordeaux en 2016, ÉcoMégot a déjà lancé des campagnes de sensibilisation, organisé des journées de nettoyage de rue, distribué et installé des bornes cendriers dans des villes, des campus et des hôtels, commencé la collecte en tricycles et initié un centre de stockage de mégots. Autant de déchets toxiques qui ne sont pas partis dans la nature, dans la Garonne ou l’océan Atlantique tout proche. C’est dans ce contexte que la municipalité de Bordeaux a fait appel à ÉcoMégot pour la mise en place d’un premier quartier zéro mégot.

Bastide sans mégot

Le 8 février 2018 est inauguré le projet pilote de quartier zéro mégot. L’objectif : ne plus voir un seul mégot sur la voie publique dans le quartier de la Bastide, aux abords de la Garonne. Le dispositif : 28 cendriers près des arrêts de tram et 19 sur la voie publique dans des lieux de passage assortis d’une campagne de sensibilisation. Toutes ces bornes cendriers de forme oblongue, fabriquées par un atelier d’insertion, sont gérées par la start-up bordelaise qui se charge de collecter les déchets chaque semaine afin de les stocker en vue de leur recyclage.

Ce n’est que le début. Bordeaux se veut en effet le fer de lance de cette bataille. Bataille que le gouvernement de son côté, via sa feuille de route sur l’économie circulaire publiée le 23 avril 2018, veut mener à l’échelle nationale contre les fabricants de cigarettes. La secrétaire d’État à la Transition écologique Brune Poirson, après avoir démenti la création d’une “taxe mégot”, a affirmé l’obligation pour les fabricants de s’organiser afin d’apporter leur soutien pour la sensibilisation des fumeurs, les incitant à écraser leurs cigarettes dans des cendriers.