Frieze London

La Frieze London transforme l’architecture vers plus de recyclabilité et de modularité

Chaque année, les grandes foires internationales d’art et de design rivalisent d’inventivité architecturale. Pavillons éphémères, structures temporaires, scénographies immersives : ces espaces conçus pour quelques jours deviennent de véritables laboratoires de l’architecture contemporaine. L’édition 2025 de Frieze London, l’un des plus grands rendez-vous mondiaux de l’art contemporain, en offre une illustration éclatante avec son pavillon d’entrée conçu selon les principes de modularité et d’économie circulaire.

Conçu pour être démonté, transporté et réutilisé, le pavillon imaginé pour Frieze 2025 illustre une tendance majeure de l’architecture événementielle : le passage d’une logique d’« effet » à une logique de durabilité. Autrefois considérées comme des œuvres temporaires à forte empreinte écologique, les architectures d’exposition deviennent aujourd’hui des démonstrateurs de sobriété. Cette évolution répond à un double impératif : réduire l’impact environnemental des événements culturels et repenser le rôle de l’architecture dans un monde où la rareté des ressources impose une nouvelle créativité.

Une structure modulaire et circulaire

Le pavillon londonien repose sur une structure modulaire en aluminium recyclé à plus de 70 %, assemblée comme un jeu de construction et pensée pour être reconfigurée à chaque édition. Aucun élément n’est figé : les volumes, les circulations, les façades et les espaces d’accueil peuvent être recomposés selon les besoins, réduisant ainsi la production de déchets. Ce choix architectural dépasse la simple prouesse technique : il exprime une nouvelle philosophie du bâtir temporaire, où chaque matériau possède une seconde vie et chaque espace, une flexibilité assumée.

Cette approche rejoint le mouvement plus large de l’architecture circulaire, qui promeut le réemploi, la démontabilité et la réversibilité des constructions. Loin des bâtiments permanents et figés, ces structures sont conçues comme des organismes vivants : elles apparaissent, s’adaptent, disparaissent, puis renaissent ailleurs. Dans le cadre d’événements comme Frieze, cette philosophie trouve un terrain d’expérimentation idéal. Le caractère éphémère devient alors un atout, permettant d’explorer des solutions inédites et de tester, à échelle réelle, les pratiques architecturales du futur.

Vers une nouvelle esthétique de l’éphémère

Au-delà de l’aspect écologique, cette modularité ouvre aussi de nouvelles perspectives esthétiques. Les architectes peuvent jouer sur la légèreté, la transparence, la répétition des modules ou la mise en scène de matériaux bruts. L’architecture devient un dispositif scénographique évolutif, qui accompagne la circulation du public et renforce le lien entre art, espace et environnement.

L’expérience de Frieze London 2025 s’inscrit ainsi dans un courant plus vaste : celui d’une architecture événementielle responsable, où la créativité ne s’oppose plus à la conscience écologique. Ce type de projet annonce un futur où les expositions, festivals et manifestations culturelles pourraient servir de modèles à la construction durable. L’éphémère, loin d’être un gaspillage, devient un terrain d’innovation – une manière de bâtir autrement, pour un monde qui change.

Photos : wallpaper.com et surfacemag.com