Apple Campus 2 : le dernier projet fou de Steve Jobs
C’est un incroyable projet qui est en passe de se concrétiser. Le dernier d’un visionnaire, connu pour ne laisser aucune place au hasard. Le rêve d’un perfectionniste qui, quelques mois avant son décès, était encore penché sur des plans d’une étonnante audace. Le nouveau campus d’Apple, imaginé par Steve Jobs et qui sera inauguré en 2017, cumule les superlatifs, force l’admiration, mais suscite aussi la controverse.
Un chantier très observé
Les curieux sont nombreux à se presser au 19111 Pruneridge Avenue, Cupertino, Californie. Certains, munis de drones, filment chaque mois l’avancée des travaux et les postent sur YouTube. C’est ainsi que se dévoilent peu à peu les constructions pharaoniques du nouveau siège d’Apple. Autour du bâtiment central en forme d’anneau, une myriade de véhicules de chantier s’active afin de parachever une construction qui a déjà pris beaucoup de retard. Prévus pour être livrés en 2015, c’est finalement en début d’année 2017 que les employés californiens d’Apple pourront enfin occuper les lieux.
Le « vaisseau spatial » d’Apple
Et quels lieux ! S’étendant sur une superficie de plus de 70 hectares, le campus d’Apple abritera un bâtiment principal de forme circulaire haut de quatre étages, et dont les 260 000 m² accueilleront 13 000 salariés de la marque. Les façades, entièrement recouvertes de verre, permettront aux occupants d’admirer la végétation environnante, composée de 7 000 arbres et sillonnée de sentiers pédestres et de pistes cyclables desservant les différents sites : un auditorium souterrain de 1 000 sièges, qui abritera les futures keynotes de la marque, un immense centre de recherche et développement, un restaurant de 4 000 places, un verger et un parking entièrement enterré pouvant accueillir 11 000 véhicules.
Une pomme très verte
L’accent a été mis sur la réduction maximale de l’impact environnemental, selon un cahier des charges très strict élaboré par Steve Jobs. Les 6,5 hectares de panneaux solaires recouvrant les toitures permettront au bâtiment d’être auto-suffisant en énergie. L’eau du campus sera quant à elle intégralement recyclée. Le terrain, racheté à Hewlett Packard, présentait avant les travaux un ratio de 80 % de bitume pour 20 % d’espaces verts. Les proportions ont été exactement inversées, la présence de structures souterraines facilitant l’aménagement de vastes espaces boisés. Une initiative saluée par la municipalité de Cupertino, qui a voté à l’unanimité en faveur d’un projet qui peut prétendre au titre de bâtiment le plus écologique du monde.
Créer les meilleurs bureaux possibles
Infinite Loop, l’actuel QG d’Apple qui se situe à quelques kilomètres du nouveau chantier, a très vite montré ses limites en matière de capacités d’accueil. Dès 2006, Steve Jobs songe à la création d’un nouveau campus, et fait appel au cabinet d’architectes Foster+Partners, responsable, entre autres, du stade de Wembley, du London’s Millenium Bridge et du viaduc de Millau. Selon Norman Foster, le défunt patron d’Apple s’est totalement impliqué dans la conception, demandant à être considéré comme un membre de l’équipe plutôt que comme un client.
Participant activement à l’élaboration des plans, c’est un Steve Jobs aminci et miné par la maladie qui a présenté en 2011 le projet final devant le conseil municipal de Cupertino, dans ce qui constitue sa dernière apparition publique avant son décès. Les premiers coups de pioche ne commencent pourtant qu’en 2013, suite à plusieurs retards. Le budget initial, fixé à 3 milliards de dollars, a été depuis largement revu à la hausse.
Un projet controversé
Apple est réputé pour sa constante recherche de la perfection et la grande importance accordée à la finition de ses produits. En cela, le nouveau campus ne déroge pas à la règle, chaque élément bénéficiant, selon les déclarations d’un membre du chantier, de la plus stricte attention. Vitres incurvées, métal poli avec le plus grand soin, boiseries en panneaux d’érable, toit en fibre de carbone… Mais l’emploi de tels matériaux a contribué à faire exploser la facture dont la somme atteint, selon les dernières révisions, les 5 milliards de dollars. Un montant colossal, qui dépasse le budget de la Freedom Tower, construite à Manhattan sur l’emplacement des tours jumelles détruites en 2001. Un dépassement de 2 milliards de dollars qui n’a pas manqué de susciter la colère de certains actionnaires, à l’heure où les parts de marché occupées par Apple accusent une sensible diminution. Pourtant, une telle somme ne représenterait que 1,46 % de la réserve de trésorerie de la firme, selon une estimation effectuée par Bloomberg.
Et après 2017 ?
Il était logique que la marque à la pomme choisisse, pour l’implantation de son nouveau siège social, la ville de Cupertino, où elle est présente depuis 1977. Un ensemble innovant, dont Steve Jobs entrevoyait déjà le concept en 1983. Le co-fondateur d’Apple avait alors visité un terrain à San José, dans le but d’y construire un bâtiment de verre entouré d’arbres. Un grand nom de l’architecture, Ieoh Ming Pei, célèbre pour avoir réalisé la Pyramide du Louvre, était pressenti. Mais les difficultés économiques et le départ de Steve Jobs en 1985 mirent fin au projet.
2017 verra donc enfin la concrétisation du dernier rêve de Steve Jobs, alors que des rumeurs font état d’un Apple Campus III qui serait déjà dans les cartons.