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A Nîmes, la romanité s’offre un musée

Concilier l’antique et le contemporain : tel est le défi qu’a dû relever Elizabeth de Portzamparc pour le nouveau musée de la romanité, qui fait face aux célèbres arènes de Nîmes. Livré fin aout 2017, en attente des derniers aménagements et du transfert des collections, le bâtiment a d’ores et déjà été salué par le prix du « Future Heritage Award ».

Un projet au long cours

Cela faisait plus de 30 ans que la ville de Nîmes attendait un tel musée. Sans cesse reporté, le projet, initialement prévu dès 1985, était resté au point mort, faute de budget suffisant et de volonté politique claire. Jusqu’à ce jour de 2006 où, tout à fait par hasard, des ouvriers mettent à jour une splendide mosaïque lors d’un chantier en plein centre-ville. L’intérêt suscité par cette découverte, tant auprès des scientifiques que du public, fait prendre conscience à la municipalité de l’attrait exercé par son patrimoine.

L’idée d’un musée de la romanité refait alors surface, et l’architecte Elizabeth de Portzamparc est retenue parmi les 103 dossiers reçus. Le budget alloué traduit les ambitions de la ville : 59,5 millions d’euros seront consacrés à l’édification d’un bâtiment de 9200 m², qui devrait attirer jusqu’à 200.000 visiteurs par an, contre 45.000 pour l’ancien musée. L’aboutissement du chantier consolidera la position de Nîmes comme pôle culturel et archéologique régional, aux coté de ses voisines Arles et Avignon. Une année faste pour la ville du Gard, puisque l’inauguration du musée coïncidera avec l’inscription de Nîmes sur la liste du Patrimoine mondial de l’UNESCO.

Une architecte chevronnée aux commandes

En sélectionnant le projet d’Elizabeth de Portzamparc, le jury a misé sur une architecte expérimentée et internationalement reconnue. Responsable de réalisations aussi variées que le musée de Bretagne à Rennes, des stations du tramway de Bordeaux, de la gare du Bourget, mais aussi du port de Qinhuangdao, en Chine, ou de l’aménagement du littoral de Buljarica, au Monténégro, Elizabeth de Portzamparc est l’une des rares femmes architecte à avoir remporté plusieurs grands concours internationaux.

Native de Rio de Janeiro, où elle y a élaboré le parc des expositions du Riocentro, cette globe-trotteuse découvre Nîmes dès les années 1980 et tombe amoureuse d’une ville qui a su concilier 2000 ans d’architecture. A ce titre, l’ouverture, en 1993, du musée Carré d’Art force son admiration. S’inscrivant dans une démarche de développement durable, de sobriété et de flexibilité, Elizabeth de Portzamparc a toujours été sensible au contexte dans lequel doivent s’intégrer ses réalisations.

Trait d’union entre deux millénaires

Contrastant avec l’aspect massif et tout en rondeur des arènes, le musée nîmois se veut empreint de légèreté, semblant, selon les termes de sa créatrice, comme en lévitation et se fondant dans le paysage urbain de la ville. Sa façade rappelant les fins drapés d’une toge, sa terrasse offrant une vue imprenable sur le patrimoine de la cité deux fois millénaire, ainsi que son jardin archéologique constitueront sans conteste les points forts du musée, qui abritera aussi une cafeteria, un restaurant, un auditorium et une salle de documentation.

Une rue piétonne traversant le bâtiment, accessible même lorsque le musée sera fermé, permettra d’admirer les vestiges du sanctuaire de la Fontaine, principal temple antique d’une ville qui était, au IIe siècle après J.C., l’une des plus importantes de Gaule. Bénéficiant d’une situation géographique favorable, traversée par la via Domitia reliant l’actuelle Espagne à l’Italie, la ville antique de Nemausus a laissé de nombreux vestiges témoignant d’une grandeur passée toujours bien visible. Les 5000 pièces archéologiques qui seront abritées par le musée de la romanité permettront de mieux appréhender l’intimité d’une civilisation qui a façonné l’Europe.

Musée de la romanité, 16 Boulevard des Arènes, 30900 Nîmes.

Ouverture le 2 juin 2018, avec, jusqu’au 25 septembre, l’exposition temporaire « Gladiateurs, héros du Colisée ».